Les années 70... les jeunes voudraient bien balayer la société héritée de leurs parents. Ils veulent un monde plus juste et plus libre, un monde de paix. Certains pensent trouver cette liberté en empruntant les chemins de Katmandou. La route est longue et périlleuse et la destinée pas si idyllique qu'ils se l'étaient imaginé. Le Népal est pauvre, sale et surtout, les habitants sont ancrés dans des croyances qui leur sont étrangères. Ils ont beau croire participer à cette nouvelle vie, il n'en est rien. Ils ne font que transformer leurs espoirs en fumée. La liberté n'est pas l'oisiveté. La drogue est un fléau et non un paradis.
Dans ce roman, Barjavel nous emmène dans une réalité insoutenable, lamentable. Une jeunesse désorientée insouciante. Ils s'envolent et se brûlent les ailes en chantant un air de fausse liberté. Ils ont oublié le sol où ils sont nés.
L'écriture est à la fois légère, poétique et cruelle. Elle s'accorde avec la quête de ces jeunes venus chercher des réponses dans ce lointain pays. Faut-il fuir pour se trouver ? Mais là-bas, au Népal, pas plus qu'à Paris ou à Londres, "personne n'aide personne".
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Mais le démon habitait la poitrine d'Olivier. Était-ce cela l'amour ?
Cette fille, qu'il avait à peine connue, tenue dans ses bras une seule nuit, lui avait tout à coup, après son entrevue avec son père, semblé constituer la réponse à toutes ses questions, la solution à tous ses problèmes. Il avait marché vers elle pendant des jours et des jours, se souvenant de ses grands yeux qui le regardaient sans l'ombre d'un mensonge, de son sourire clair, de ses paroles et surtout de la plénitude, du calme qu'il éprouvait quand il était auprès d'elle, même sans parler, même sans la regarder. Elle était assise dans l'herbe, près de lui, ou à quelques pas, et autour de lui et en lui tout était bien, en équilibre, et en paix.
À mesure qu'il marchait vers Katmandou, sa joie et son impatience augmentaient. Il avait descendu la dernière montagne en courant, comme on dévale vers une source, un lac, une cascade, pour s'y jeter en riant, la boire, la brasser, s'y noyer de vie.
Il n'avait trouvé que la poussière.
Heure après heure, pendant qu'il cherchait en vain, il avait eu la révélation progressive de l'abîme d'absence qui s'était creusé en lui et autour de lui depuis la minute où il s'était séparé de Jane, presque légèrement, sans y attacher d'importance. Sa hâte à quitter son père, sa course vers Katmandou, c'était le besoin de redevenir vivant en la retrouvant, de combler ce vide insupportable, dont il n'avait pas eu conscience tant qu'il marchait sur le chemin dont il savait, si long qu'il fût, qu'il le conduisait vers elle.
Au bout du chemin, il n'y avait personne.
Tous les murs de la maison étaient courbes et irréguliers, comme les abris naturels des bêtes : nids, gîtes ou cavernes. Quand on y pénétrait pour la première fois, on s'étonnait de s'y trouver si extraordinairement bien, et on comprenait alors ce qu'il y a d'artificiel et de monstrueux dans la ligne droite, qui fait des maisons des hommes des machines à blesser. Pour dormir, pour se reposer, pour aimer, pour être heureux, l'homme a besoin de se blottir. Il ne peut pas se blottir dans un coin ou contre un plan vertical. Il lui faut un creux. Même s'il le trouve au fond d'un lit ou d'un fauteuil, son regard rebondit comme une balle d'une surface plane à une autre, s'écorche à tous les angles, se coupe aux arêtes, ne se repose jamais. Leurs maisons condamnent les hommes à rester tendus, hostiles, à s'agiter, à sortir. Ils ne peuvent en aucun lieu, en aucun temps, faire leur trou pour y être en paix.
Les types se couchent par terre et ils ne consomment plus parce qu'il n'y a rien à consommer. Et quand ils ont fini de ne pas consommer, c'est les asticots qui les consomment. Pendant ce temps, on fait des discours partout. Vous parlez, vous parlez, et les crevards crèvent. Ils n'ont même pas la consolation d'entendre qu'on se fait du souci pour eux et qu'on va un jour ou l'autre réinventer les bases de la société. Même si c'est la semaine prochaine, votre révolution, ça ne les concerne pas, ils seront déjà morts...
En marchant avec une peine de plus en plus frange, de toute sa volonté et de tous ses muscles, dans l'épaisseur de la pluie qui emplissait l'espace entre le ciel et la terre, il se demandait s'il allait trouver au bout de la piste noyée, sur la colline qui émergeait encore, où quelques êtres vivants luttaient pour continuer de vivre, la réponse à la question qu'il avait posée à son père :
- A quoi on sert ?....
L'aventure que nous raconte Barjavel dans ce nouveau roman est peut-être encore plus extraordinaire que celle de "la nuit des temps", car elle se passe parmi nous, et nous concerne tous.
C'est l'histoire de quelques garçons et quelques filles, et parmi eux, d'un couple, Olivier et Jane, en marche vers l'impossible...
(extrait de la quatrième de couverture de l'édition parue chez "Presses Pocket" en 1972)
Découvrez le nouveau roman de Maxime Chattam. Un roman au suspense saisissant, hommage lumineux à Barjavel et à la littérature qui divertit et qui interroge. Maxime Chattam comme vous ne l'avez jamais lu.
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