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Critique de ithaque


Un homme fait le point sur sa vie, entre apaisement et poids des dilemmes insolubles. On rentre souplement dans son récit, sur le mode d'un journal intime qu'il ouvrirait pour partager avec nous ses ultimes impressions sur l'existence et sur l'amour ; or, dans son cas, sa grande et seule histoire d'amour coïncide avec sa vie toute entière. Elle en a été l'embrasement brutal et la lente débâcle. La silhouette de sa bien-aimée, Susan, se superpose à la sienne tout au long d'une vie, des fusions les plus ardentes aux contours les plus fantomatiques, sans que jamais il ne puisse se délier de cette silhouette, même spectrale.
Leur amour, où il s'était totalement immergé, alors jeune homme de 19 ans, s'est heurté à l'hydre de l'alcoolisme qui a englouti la belle Susan, sans que Paul puisse l'arracher à ce monstre.
Le combat contre ce titan déverse sans répit son lot de questions pour Paul : qu'aurais-je pu faire, dû faire ? Suis-je resté par lâcheté ou par courage ? Où résidait le poison initial ?
Au fur et à mesure de l'évolution de Paul, il grandit en « lucidité émotionnelle » et sa culpabilité s'atténue : il prend conscience de la complexité inextricable des sentiments humains, et donc qu'il n'y a ni victime ni coupable. ( « Vous découvrez que de nombreux sentiments apparemment incompatibles peuvent prospérer, côte à côte, dans le même coeur humain »). de l'amour, on peut tout dire également, une chose et son contraire, sans écorcher la vérité.
La narration est habilement menée car le récit est scindé en 3 parties, suivant son évolution d'homme ; le narrateur change de pronom personnel : « je » pour la 1ére partie, puis « vous » (où il nous invite à partager ses sentiments), et enfin, « il », lorsque le détachement est parvenu à son terme.
C'est un livre qui se savoure, surtout la dernière partie, où nous sont offertes avec élégance, comme en passant, des réflexions magnifiques de finesse et de profondeur. On se cale aisément sur le personnage de Paul, partageant d'abord sa ferveur de jeune homme, puis ses interrogations d'amoureux troublé, et enfin ses réflexions universelles sur l'existence, puissantes et douces. Pas de fin mélodramatique à 2 sesterces, car le grandiose n'est pas de ce monde, « les humains sont trop imparfaits pour [le] mériter », et il faut l'accepter pour trouver la paix.
Vraiment un très beau livre.

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