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Critique de ODP31


ODP31
12 décembre 2020
Les Dandys dandinent à la « Belle Epoque ».
Il est plutôt jouissif de vagabonder parmi les bons mots des mauvais esprits. Esprit, Esprit es-tu là ? Et où veux-tu que je sois, pas dans ta tête en tous les cas. Tourne ces pages pour renifler l'écume de notre érudite décadence.
Julian Barnes fait les présentations avec un beau panel de mauvaises fréquentations. Enchanté, Oscar. Désenchanté le monde. Vivote la III ème République.
L'Homme en rouge donne son titre à l'ouvrage et sa silhouette à John Sargent en 1881 qui le peint dans une sorte de robe de chambre écarlate du meilleur effet. Un vêtement qui n'irait pas à tout le monde et pas à moi en particulier.
Il s'appelle Samuel Pozzi, pionnier de la gynécologie, pas avare de travaux pratiques, sauveur et tombeur de ses dames, homme poli et politique, collectionneur d'art et d'aventures, meilleur amant que mari, savant brillant mais père médiocre. le tout en seul homme. Comme quoi, certains bonhommes arrivent à faire deux choses à la fois.
C'est son goût pour le gratin et sa popularité dans le beau monde qui font de lui l'ami des esthètes sapés comme Cedric Villani. Julian Barnes se détourne rapidement de son sujet, énervant de perfection, pour s'intéresser aux saillies de toute nature qui chroniquent l'époque. Agrémentés des portraits photographiques qui firent la renommée des tablettes de chocolat Félix Potin et de tableaux de l'époque, l'auteur fait l'inventaire des flamboyants : Oscar Wilde, Robert de Montesquiou, Jules Barbey d'Aurevilly, Jean Lorrain, le comte de Polignac, Leon Daudet. Sarah Bernhardt s'octroie le premier rôle féminin, patiente et impatiente du docteur Pozzi. Les duels s'enchainent, les réparties sont cinglantes, les jalousies et course à la renommée sont sans merci ni s'il vous plait.
Ce livre est un bel objet mais c'est plus un délicieux concentré de citations et d'anecdotes à relire pour étaler sa culture dans les diners qu'une histoire romancée, plus un essai carné de ce microcosme qui glorifiait ses excès que la biographie d'une figure aujourd'hui méconnue mais pourtant illustre à l'époque.
Au milieu de ces aimants à scandale, Pozzi aurait mérité de conserver le monopole du récit. Les passages où il entre en scène, ainsi que sa femme et sa fille sont les plus intéressants du roman, les plus profonds, ceux qui sonnent juste et je regrette qu'au terme de cette lecture, ce personnage reste pour moi un mystère. Il était bien plus pourtant que l'homme à la robe de chambre rouge.
Ceux qui veulent connaitre le tout Paris de l'époque, la mode des duels, les courants contraires du scientisme et le Who's who de sexualités affichées en auront pour leur sesterce.
Randonnée plaisante mais un peu trop futile, comme un bon mot glissé à l'oreille d'un sourd.
Julien Barnes n'a pas perdu son humour mais ce n'est pas son meilleur roman.
Une petite citation pour tirer le rideau de ce Paris fin de siècle :
« le dandy doit aspirer à être sublime sans interruption. Il doit vivre et dormir devant un miroir. » Baudelaire
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