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Critique de sylviedoc


Un livre pris un peu par hasard sur le chariot des retours à la bibliothèque, parce que son titre m'a interpellée, par les temps de pandémie que nous traversons. Mais ici, pas question de covid, le roman a été écrit avant l'apparition de celui-ci et nous fait remonter en décembre 1982, moment de l'apparition en France d'une autre maladie, qui a l'heure actuelle continue hélas de faire des victimes, même si des traitements efficaces existent (mais pas de vaccin-miracle ! qui n'a d'ailleurs pas marché sur moi, malgré mes trois injections, j'écris ce billet clouée à la maison avec un bon gros covid...)
Là nous parlons du Sida, jamais désigné par ce nom mais par le terme erroné et stigmatisant de "cancer homosexuel" , ou par l'acronyme LAV dans le milieu médical.
Le héros de l'histoire est bien sûr un médecin, le docteur Laurent Valensi, un vrai surhomme qui est partout à la fois sans jamais prendre de repos ni de repas, ou presque. Pendant les quelques jours sur lesquels se déroule le roman, on va le suivre à un rythme effréné qui m'a carrément épuisée, moi qui l'était déjà avec mon propre virus ! Appelé en urgence pour un autre cas difficile (diagnostiqué en un clin d'oeil, avant même les résultats de l'échographie), il tombe par hasard sur le dossier d'Ali Benyoussef, tunisien comme lui, et qui souffre de différents symptômes difficiles à relier entre eux, ainsi que d'une déficience immunitaire. Et ce patient, malgré son état catastrophique a été invité à rentrer chez lui par le chef de service, le sadique Docteur Willot, celui-là même qui prend un malin plaisir à humilier les médecins sous ses ordres. Ni une ni deux, Laurent va prendre le patient en charge et comprendre assez rapidement que le malade est sans doute atteint du LAV. Personne à ce moment-là ne connaît les modes de transmission ni même les caractéristiques permettant de poser un diagnostic. On croit savoir que le mal touche les homosexuels et se transmet par les relations sexuelles. Mais en France, officiellement aucun cas n'a encore été déclaré, juste avant Noël cela risquerait de provoquer la panique. Pas bon pour l'économie ! Laurent va donc agir clandestinement avec l'aide d'une jeune interne, Camille, fraîchement arrivée dans le service. Elle aussi m'a subjuguée par sa maîtrise ultra-rapide des gestes techniques et son sang-froid à toute épreuve, alors qu'elle tournait de l'oeil le jour d'avant lors d'une intervention. Soit, elle s'adapte vite...
Un autre personnage va apporter son expérience à Laurent, il s'agit du "Docteur David", médecin tunisien dont le diplôme n'est pas reconnu en France (???), et qui pour rester proche du milieu médical a ouvert une épicerie à l'entrée de l'hôpital. Comme il a des liens avec la famille de Laurent, celui-ci va se tourner vers lui à maintes reprises pour trouver des réponses à ses interrogations. Là aussi, certaines situations m'ont semblé vraiment limite, niveau crédibilité...
Rajoutons encore une journaliste au physique tellement époustouflant qu'elle va presque faire succomber Laurent à ses charmes alors qu'elle cherche à glaner des renseignements sur cette nouvelle maladie dont presque personne ne veut parler, et un collègue de Laurent, Marc, séducteur invétéré qui lui n'hésite pas à tromper sa femme avec toutes celles qui ont le malheur de se trouver sur son chemin. Vous avez dit caricature ? Moi aussi ! J'ai failli oublier la famille de Laurent : sa femme Nathalie, dont la grossesse ne se passe pas très bien, et sa fille Julia, quatre ans et demi, qui supporte difficilement les absences répétées de son papa. Mais lui aussi a failli les oublier, il n'a plus de place pour elles dans son emploi du temps de fou.
Si vous m'avez suivi jusqu'ici, vous aurez sans doute compris que je n'ai pas été très convaincue par les personnages de cette histoire, trop de gesticulations parfois vaines, et pas assez de crédibilité dans les actions. Je ne veux pas donner d'exemple trop précis pour ne pas divulgâcher, mais selon vous, est-il réellement possible d'aller opérer un patient dans n'importe quel hôpital sans y travailler et sans aucune autorisation ? Ou de bouleverser totalement un planning de service d'une heure à l'autre ? J'ai des doutes...
L'histoire en elle-même est intéressante : le côté effrayant de cette maladie inconnue qu'on ne sait pas comment aborder ni de quelle façon elle se transmet est très bien rendu. Pour avoir vécu cette époque (j'avais 20 ans quand le sida a débarqué en France), je me souviens très bien de toutes les idées fausses et des préjugés qui ont circulé à l'époque, et dont la communauté gay a fait les frais, et ensuite les toxicomanes. On avait peur de s'approcher des personnes potentiellement contaminées (ça ne vous rappelle rien ?), on croyait qu'une poignée de main pouvait contaminer...
Parfois je me dis que les mentalités n'ont finalement pas tellement évolué, mais je suis peut-être pessimiste ! Et il y a sans doute eu des manoeuvres gouvernementales pour empêcher certaines infos de circuler trop vite. Donc je n'ai rien à redire sur le scénario, il est tout-à-fait plausible, et intéressant. On a aussi un peu de suspense, des rebondissements à gogo, quelques patients auxquels on aurait pu s'attacher, bref de bons ingrédients, mais la mixture finale est quand même légèrement indigeste, peut-être qu'il aurait fallu laisser reposer un peu de temps en temps ?
Il s'agissait du second roman de l'auteure, et son premier "thriller médical". N'est pas Robin Cook qui veut, surtout en début de carrière ! J'en ai tenu compte dans ma note, et comme malgré mon état de délabrement intellectuel j'ai quand même pris plaisir à cette lecture, j'en suis reconnaissante à Sarah Barukh, dont je lirai peut-être un jour les autres écrits.
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