Je me demande souvent ce qui fait qu'on lit ou pas.A quoi ça tient ... C'est comme la première cigarette.
Il y en a qui adore tout de suite et l'autre qui tousse et n'y touchera plus.
Il en va de la politique comme de la religion. Qu'on suive ou qu'on contredise, c'est une histoire de famille.
Elle avait cette capacité des grands rêveurs d'enjamber les faits comme les enfants une flaque d'eau avec aisance, souplesse et légèreté.
Avec les livres, un jour vous êtes à Prague en 1912 avec de jeunes intellectuels juifs, et le lendemain à Tokyo en 1823 et vous devisez dans une maison de thé avec des geishas, à Paris en 1930 dans les beaux quartiers où à New York en milles 1896 dans la tête d’un jeunes roturier ambitieux… Quel être humain pourrait me proposer de tels voyages, quelle vie me permettrait de faire autant de rencontres ?
Claire tournait les pages de la revue, concentrée. Ishida lui était reconnaissant d’accepter enfin d’être là et de ne rien dire. Avait-elle compris que le silence était ce qu’il y avait de plus japonais entre eux ?
Il se mit à pleuvoir. La Villa Bon Air sentit l'église et les cartes à jouer le moisi.
Claire avait une théorie : tout dans la vie était affaire de suggestion, la vérité n'étant qu'une anecdote, un simple élément dans un ensemble de probabilités d'égale importance.
Les mouvements et les gestes d'Ishida ressemblaient à des phrases. Ils s'arrêtaient à l'instant et à l'endroit précis où ils n'avaient plus d'utilité pratique. Alors, son corps s'immobilisaient, tout simplement, avec une grâce étourdissante.
Ishida attendait pourtant ce moment où Claire serait parcourue par ce frisson glacé qui finit par paralyser tout Occidental au contact du Japon comme une goutte d'eau froide glissant le long du dos.
Avait-elle compris que le silence était ce qu'il y avait de plus japonais entre eux?