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Critique de elea2020


Pour commencer, j'ai un peu de mal à évaluer ce roman, ne sachant si je l'ai vraiment apprécié ni jusqu'à quel point. Je l'ai pris comme un roman "pour Noël", l'ayant trouvé dans une boîte à livres cette année, c'était le moment ou jamais de le découvrir. Je ne connais pas l'auteur, je n'en ai même jamais entendu parler. J'ai donc abordé le roman, l'écriture, sans a priori, c'était vraiment une découverte.

J'ai un avis mitigé sur tout, à commencer par la situation, le propos essentiel de l'histoire : le surarmement et les dangers que font peser les bombes nucléaires sur nos têtes. Il est certain que l'auteur avertit bien, en des pages bien senties, des risques de dérapages et surtout, les engins de mort démesurés que constituent ces armes. C'est convaincant, et suffisamment sobre pour attirer l'attention sans effets de manche. L'idée-même de ramener ce danger global, mondial, à un seul enfant, innocent, est plutôt avisée, car cela permet de se projeter davantage, d'avoir de l'empathie. Mais la façon dont Pascal, le jeune fils de Laurent Ségur, est irradié alors qu'un avion explose au-dessus de leur tête et que le missile descend pile sur eux en parachute, est assez peu réaliste. On se dira : soit, le roman a un peu la teneur d'un conte, le père malheureux qui n'a plus que trois mois à vivre en présence de son fils, atteint d'une leucose, maladie de l'irradiation atomique (semblable à une leucémie), a les moyens d'emmener ce dernier dans son château d'Hérode, aux fins fonds de l'Auvergne, et ne recule pas devant un rapt de loups dans un zoo. Michel Bataille oscille entre des épisodes très réalistes et des temps quasi-légendaires - les péripéties ne manquent pas, et l'on suit avec intérêt les tribulations de ce père aimant pour assurer un dernier Noël féérique à son fils.

J'ai apprécié le cadre, qu'il s'agisse de la Corse ou de ces montagnes sévères et plutôt sauvages de l'Auvergne - on aimerait que les tours d'Hérode ou le lac Caucase existent. J'ai eu de la sympathie pour des personnages hauts en couleurs comme le vieux Pierre, patron de la plage della Morte en Corse, ou encore l'inénarrable Verdun, aux traits de Hun réservé et moqueur, mais d'une fidélité et loyauté à toute épreuve. J'ai adoré le couple de loups et leur rapport mystérieux avec l'enfant, leurs dialogues muets, la manière dont ils le sauvent lors d'un épisode à haut risque, qui ne sera pas encore la fin. Effectivement, des scènes m'ont marquée presque visuellement, l'écriture de Michel Bataille sublime certaines descriptions, et emporte l'adhésion, on ne peut que frissonner face à ce sort injuste.

Toutefois, certains traits m'ont paru datés, jusque dans l'écriture : plusieurs passages qui constituent des pamphlets contre certains aspects de la société m'ont agacée, voire rebutée. Ils m'ont paru manquer leur cible, d'autant plus que l'auteur fait souvent montre d'un certain sexisme, tout en prétendant aimer les femmes. Oui, il aime les corps des jeunes femmes, dix-huit ans étant l'âge parfait, celles qui tombent, d'un claquement de doigts, dans les bras d'hommes d'âge mûr, parce que bien sûr, quand on a gardé l'esprit jeune et la santé virile, on peut consommer de la chair fraîche, non ? Il existe bien une tentative d'amour fidèle avec Victoire, mais l'histoire avorte dès que Laurent apprend la maladie de son fils et part s'enfermer avec lui : on a quand même un peu autre chose à se préoccuper entre hommes. le tout à l'avenant : les corps dénudés exposés au soleil sur les littoraux, ce ne sont bien sûr que des femmes. Les hommes, eux, meurent dans l'action, au travail.

Même en-dehors de ce type de propos, il arrive qu'une écriture et la sensibilité qu'elle dessine, quoique présente et sincère, ne rencontre pas celle de certains lecteurs. C'est ainsi, il y a des rendez-vous manqués, et j'ai trouvé l'auteur complaisant envers son personnage de père, souvent grandiloquent ; le pessimisme dont il fait preuve envers la société et le fonctionnement des hommes ne m'est pas si étranger, mais sans ironie ni détachement, il ne m'a pas suffisamment touchée.

Si je conserve de la curiosité pour voir le film, je ne pense pas que j'irai plus loin dans la découverte d'autres romans de cet auteur. Je suis bel et bien passée à côté, mon intérêt s'étant émoussé au fil de ma lecture.
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