Il a l’air de faire sombre…
Il a l’air de faire sombre
dans ce coin de forêt
À peine une lueur
entre les troncs impatients
semble nous y inviter
Il n’y a pas de nature
pas de vert, pas d’oiseaux
juste une peur terrible
Qui grouille, qui s’infiltre
qui dresse ses frontières
et veut nous y inclure
On n’irait pas, normalement
on s’enfuirait à toutes jambes
On courrait assez vite
pour que nos larmes sèchent
Mais là, non.
Là, on reste.
On avance.
On s’engouffre.
Pour terrasser les cris
pour faire sortir les bêtes
pour faire sonner le chant
Comme une déflagration
qui érige le lieu
de nouveaux ralliements
Une clairière
Une simple clairière.
Un genou sur le sol…
Un genou sur le sol
frôler l’herbe nouvelle
Au rayon de soleil
se relever sans bruit
Écouter ce silence
s’échappant des forêts.
Des champignons au pied de l’arbre…
Des champignons au pied de l’arbre
L’œuvre des fées
pour nous convaincre.
Une étendue de sable…
Une étendue de sable
La mer au loin. Du vent.
L’image se brouille
Tu te penches pour ramasser
un galet, puis deux
Tu récoltes avec soin
ces vieux témoins du monde
Comme s’ils pouvaient se fendre
et comme si ta chaleur
assurait leur survie
Tu me dis :
« C’est important, les galets »
Tu es belle.
Un jardin…
Un jardin
où chaque pierre
aurait sa place
Où le chaos
saurait se tenir.
Si d’aventure…
Si d’aventure
tu trouvais un passage
Partagerais-tu
ta découverte?