Avec «
C'est l'Inuit qui gardera le souvenir du Blanc »,
Lilian Bathelot livre un roman d'anticipation aux airs de thriller qui sonne comme un avertissement.
Son récit suit deux actions qui se déroulent simultanément au coeur d'un monde où la technologie règne en maître et où seuls les habitants des zones franches et des nations premières échappent à la surveillance aiguë de leur gouvernement. D'un côté nous faisons la connaissance de Kisimiipunga lors de sa Première Chasse rituelle. Inuit attachée aux traditions elle n'ignore rien du reste du monde puisqu'elle y a fait ses études et qu'elle utilise les dernières technologies pour ses recherches scientifiques dans le cadre de son travail de chercheuse ( dans lequel elle excelle ). D'autre part, au sein d'une équipe de la Sécurité Nationale française, nous découvrons La Gauffre et Damien Coste, lancés aux trousses de leur ancien collègue
Manuel Diaz dont la disparition semble être le signe que quelque chose d'important se prépare.
Au fil de l'histoire ces deux récits se mêlent pour finalement n'en faire qu'un et mettre en lumière les rouages d'un conflit géopolitique qui couve depuis longtemps et menace d'éclater.
Kisimiipunga et La Gauffre et Damien représentent deux aspects d'un même monde que tout oppose. Issue d'un peuple premier, la jeune femme a grandi au rythme des récits ancestraux; elle est particulièrement attachée à sa culture et à la liberté relative dont jouit sa communauté ( les Nations Premières se sont en effet battues pour conserver une certaine indépendance ). Les deux hommes sont quant à deux parfaitement intégrés au quotidien hypertechnologique qui est le leur et trouvent normal que tout un chacun doivent se soumettre à d'étroits contrôles dans tous les aspects de la vie ( personnelle ou professionnelle ). Ce sont deux visions de la vie qui s'opposent,
Manuel Diaz représentant un pont entre les deux.
Ce monde futuriste hyper connecté fait bien évidemment écho au notre et son évocation a le mérite de faire réfléchir aux possibles dérives du progrès et à ses limites. Les conditions de vie paraissent au premier regard grandement améliorées mais, de plus près, on se rend vite compte que cette évolution est synonyme pour l'Homme d'aliénation. La liberté individuelle a été sacrifiée au nom de la sécurité de tous.
Face à cette réalité au goût amer, on ne peut qu'être solidaire du besoin qu'ont les peuples premiers de préserver leur culture et leur mode de vie ( qui reposent sur le savoir des anciens et sa transmission ). Leur mise à l'écart choisie, et revendiquée, est bien évidemment légitime et salvatrice.
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