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Critique de ATOS


Entre le Spleen et l'Idéal faut-il choisir?...Entre scythes et bacchanales quels cieux nous faudra-t-il bénir ou maudire ? Baudelaire choisit la belle sarmenteuse, la dite Vigne.
Au café des illustres, Théophraste et Platon de le contrediront pas.
" j'ai dit que le vin était assimilable à l'homme, et j'ai accordé que leurs crimes étaient égaux à leurs vertus". et d'ajouter : " N'est-il pas raisonnable de penser que les gens qui ne boivent jamais de vin, naïfs ou systématiques, sont des imbéciles ou des hypocrites; des imbéciles, c'est-à-dire des hommes ne connaissant ni l'humanité ni la nature, des artistes repoussant les moyens traditionnels de l'art; des ouvriers blasphémant la mécanique;-des hypocrites , c'est-à-dire des gourmands honteux, des fanfarons de sobriété, buvant en cachette et ayant quelque vin occulte? Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables;"... Voilà pas de demie mesure chez Baudelaire. Quant au haschisch, façon salon 19e siècle, le voilà étiqueté par le poète d'inutile et dangereux, dangereux pour l'élévation, inutile pour la création. C'est toujours un plaisir que de lire la prose baudelairienne. Qu'il s'agisse d'Art ou de pinard, on peut compter sur l'artiste !
Nous sourions souvent, rions parfois. Critique, évidement il le fut toute sa vie, mais expert, également.
Les 1001 nuits de chez Fayard nous donnent l'occasion, sous un format très abordable de retrouver l'esprit de l'un de nos plus grands "élégistes." Enivrez-vous ! Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Charles Baudelaire - le Spleen de Paris, XXXIII

Astrid Shriqui Garain - 08.2020

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