Il avait des choses merveilleuses à lui dire, mais il pouvait à peine respirer, tant le désir et la nervosité lui serraient la gorge – alors, parler !… Si l’embrasser lui avait paru facile, l’idée de faire vraiment l’amour avec elle le terrorisait jusqu’au vertige.
Maintenant qu’il avait la permission de déverser un torrent, son appareil urinaire était aussi bloqué que les pourparlers de paix au Moyen-Orient.
Il avait beau avoir souvent envie de l’embrasser, il se dégonflait toujours au dernier moment – même quand elle semblait attendre qu’il le fasse. Il était obsédé par l’idée de s’y prendre de travers ; il craignait de trop se pencher et de louper ses lèvres, ou de toucher sa bouche au moment où elle s’apprêtait à parler, ou encore d’avoir les lèvres trop sèches ou trop humides. Ce moment était beaucoup trop important pour être gâché.
Lorsque, d’aventure, on prenait sa voiture pour aller faire un tour dans les collines ou à la plage, on avait de grandes chances de se faire arrêter aux barrages de police puis intimer l’ordre d’ouvrir son coffre ; transats, coupe-vent, cerfs-volants et rouleaux de papier toilette s’amoncelaient alors au milieu de la route sans que la police ait pu trouver le moindre enfant porté disparu.
Ce qui aurait pu paraître un peu grandiloquent face à un auditoire de vingt personnes allait sans conteste prendre des accents churchilliens devant une foule qui en comptait presque cent. Et donc également à la télé !…
Certains étaient super doués pour le foot, le cross ou draguer les filles, mais lui était juste têtu comme une bourrique. Il détestait renoncer. Ce n’était pas un talent exceptionnel, mais c’était mieux que rien.
Une épouse, c'est pour la vie,pas seulement pour la lune de miel.
...si la police devait traiter chaque disparition d’adolescent comme un enlèvement, elle passerait sa vie à extirper des gamins maussades de dessous le lit de leur meilleur ami ou à jeter des filets géants aux arrêts de bus londoniens pour les capturer.
Quand des adolescents disparaissaient dans la nature, le mot « fugue » précédait toujours le mot « enlèvement » dans la liste des hypothèses.
Même si les rapts pour rançon étaient rares, excepté dans certaines communautés d’Europe de l’Est, mieux valait suivre la procédure habituelle pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas de cela.