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Critique de Alzie


Deuxième volet, comme souligné dans le prologue, d'une réflexion fertile, entamée en 2007 avec "Comment parler des livres qu'on n'a pas lu" et interrogeant sans le dire les fondements de la culture. Même philosophie : inscrire toute forme de connaissance dans la compréhension d'un ensemble beaucoup plus vaste de choses, universel, et ne se limitant pas à leur possession précise et détaillée. En 2007, nous découvrions les délices de la « non-lecture », pratiquée par les plus grands auteurs eux-mêmes et dont l'éminent professeur de littérature et psychanalyste à ses heures venait nous donner les clés d'une pratique éclairée, afin d'élargir nos propres connaissances. Ce sont les agréments du « non voyage » et la compagnie des voyageurs casaniers qui attendent ici le lecteur. Démonstration, par la littérature encore, que prendre pied dans le monde et le comprendre, pour qui n'en serait pas déjà convaincu, est aussi et avant tout peut-être, affaire d'imagination ou d'inspiration. Prenant à rebrousse-poil l'idée selon laquelle les choses vues sont d'autant mieux connues, l'auteur s'emploie bien au contraire à démontrer que visiter le monde entier ne rend ni plus apte à le décrire, ni à le mieux connaître. On ne rencontre entre ces pages que des lieux inconnus, superficiellement parcourus, recréés, inventés ou oubliés de ceux qui disent les avoir visités ; ces voyages sont partiellement aboutis, fantasmés ou non accomplis et ont cependant donné lieu aux écrits les plus "sentis". Exemples littéraires, scientifiques, documentaires ou journalistiques, anciens ou plus récents, à l'appui : pérégrinations plus qu'hypothétiques de Marco Polo, mémoire oublieuse et romantique de Chateaubriand, voyage par procuration d'Edouard Glissant sur l'Ile de Pâques, ou train fantôme de Blaise Cendrars, etc. Vivant et revigorant essai où Bayard s'adonne avec talent aux bienfaits du paradoxe, qu'il semble affectionner particulièrement ; en mode bref et percutant, c'est sa marque de fabrique, et en y mêlant le plus grand sérieux de la logique, à l'humour parfois le plus hilarant, comme dans la relation du fameux voyage mathématique de Phileas Fogg. Excellent.
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