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Critique de Ahoi242


Au détour d'une discussion familiale pendant le dîner d'hier, notre fille nous lance sur le trilemme d'Agrippa, également connu comme trilemme de Münchausen. Notre discussion glisse alors sur le syndrome de Münchausen, que les enfants ne connaissaient pas et d'autres sujets connexes avant que chacun de nous n'aille vaquer à ses occupations.

Ce matin, en continuant et achevant ma lecture de Hitchcock s'est trompé de Pierre Bayard, je tombe sur le chapitre IV intitulé le syndrome de Münchausen, qui joue un rôle dans la contre-enquête de Pierre Bayard sur le film d'Alfred Hitchcock, Fenêtre sur cour.

Comme Obélix tombé bébé dans la marmite de potion magique, je suis tombé, il y a quelques années de cela, dans l'univers littéraire Bayard [1] - mais contrairement à Obélix qui ne peut (presque) pas boire de la potion magique, je continue à lire les livres de Pierre Bayard, voire à boire ses thèses, ses interprétations et ses contre-enquêtes.

Dans ce dernier livre qu'il définit comme un « roman policier » (p. 11), Pierre Bayard explique son propos ainsi

« Contrairement aux autres livres que j'ai consacrés à la critique policière, celui-ci portera sur le cinéma, ce qui, sur bien des points, devrait changer la donne.
Alors que la littérature semble ouvrir à l'imagination du lecteur de larges espaces de liberté – en particulier en raison de ses descriptions souvent incomplètes –, le cinéma peut laisser le sentiment de tout offrir à la vue et de limiter de ce fait les interstices propres à favoriser la construction de lectures alternatives.
Cette capacité plus grande du cinéma à montrer la réalité présente en fait deux avantages. Sur le plan policier, tout d'abord, elle constitue un défi à l'intelligence, puisqu'il s'agira ici, non seulement d'établir l'innocence d'un homme injustement accusé, mais de prouver qu'un meurtre a été commis sous les yeux de tous, y compris du spectateur, dans l'indifférence générale.
Or – et tel est l'autre intérêt de ce déplacement de la littérature vers le cinéma – c'est bien cette question du voir qui se trouve ici en jeu, une question que le cinéma pose avec une plus grande acuité que la littérature. Que voyons-nous au juste dans le monde quand nous croyons l'observer et, dans le même temps, que nous arrive-t-il de manquer en lui, au point d'être par moments aveuglés par l'évidence de son spectacle ? » (p. 18-19)

Pierre Bayard s'attaque en effet ici à une contre-enquête au sujet d'un film, Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock. À son habitude, il déploie son appareil d'analyse et de critique policière à base de quelques concepts et théories (biais de confirmation, de cadrage, d'enquête, syndrome de Münchausen, autonomie des personnages, …) afin de montrer que les spectateurs et téléspectateurs et également l'auteur se sont trompés. Mobilisant les concepts et théories précédemment cités ainsi que la littérature sur le meurtre en chambre close, Pierre Bayard nous embarque dans un véritable roman policier où la victime du meurtre est assez étonnante et permet à l'auteur de traiter de thème d'actualité comme la manipulation collective.

Je ne sais pas où placer exactement Hitchcock s'est trompé dans l'univers littéraire Bayard - certains des livres m'ont moins convaincus pris indépendamment de l'univers littéraire Bayard. Cela n'est pas très important en fait. le plaisir de lecture est bien présent, l'incursion dans la littérature sur le meurtre en chambre close plaisante mais courte, la victime du véritable meurtre est étonnante, l'auteur esquisse [2] un projet pédagogique d'enseignement de la critique policière afin de former à l'esprit critique et de lutter contre différentes formes de manipulation collective.

[1] J'utilise ce terme en le calquant sur l'univers cinématographique Marvel dans la mesure où Pierre Bayard a créé un univers d'analyse de la critique policière dans ses différentes contre-enquête et qu'il mobilise les concepts développés ici ou là dans ses différents livres. Il y a comme un système ou un appareil chez Bayard dans lequel chacun de ses livres vient se placer en ajoutant une couche d'analyse.

[2] Pour être honnête, dans le dernier paragraphe de moins de dix lignes.
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