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Critique de Mouche307


En 1898, Morgan Robertson écrit le naufrage du Titan, roman dans lequel il raconte le naufrage du paquebot transatlantique prétendu insubmersible ayant heurté un iceberg. Ses canots de sauvetage étaient en nombre insuffisant et 3000 passagers sont morts dans cette catastrophe fictive. Quatorze ans plus tard, l'histoire déjà écrite s'accomplit.
C'est le point de départ de cet essai de Pierre Bayard dans lequel il se demande comment certaines oeuvres de fiction ont ainsi semblé précéder la réalité. L'auteur considère que des écrivains et des artistes ont pu, dans leur oeuvre de fiction, annoncer des événements n'ayant pas encore eu lieu. Pourquoi pas. Si le postulat de base est original et intéressant, cette affirmation ne coûte rien et je regrette que l'ouvrage repose en grande partie sur cette hypothèse invérifiable et ne la mette pas plus en débat. J'ai beaucoup aimé les autres textes que j'ai pu lire de l'auteur, notamment sur la littérature, le plagiat par anticipation et les réinterprétations de classiques. Mais là, je trouve que le psychanalyste prend trop le pas sur le professeur de lettres ; la preuve en est qu'il en appelle souvent à Freud pour justifier ses idées. Les analyses m'ont semblé excessivement tirées par les cheveux et l'ensemble moins amusant que ses autres essais, peut-être parce que moins novateur, ou peut-être parce que je n'y ai pas trouvé la distance critique et le décalage humoristique attendus. le filon, comme l'attrait de la nouveauté, commence peut-être aussi à s'épuiser. Les conclusions sont redondantes, chaque fin de chapitre martèle que les politiques devraient davantage s'inspirer des artistes et leur réserver une place de conseiller.
Si Jules Verne, Tom Clancy, Akira Kurosawa, entre autres, ont pu inventer des catastrophes qui ont ensuite réellement eu lieu, c'est aussi parce qu'ils ont réfléchi et envisagé des événements possibles, probables, à partir de leurs connaissances et capacités d'invention et de déduction. Mais n'est-ce pas aussi le propre de l'artiste que de réfléchir sur son époque, de se documenter scientifiquement sur un sujet et d'en tirer certaines hypothèses, si possibles effroyables, ou au moins, sensationnelles ? Leur but n'est-il pas toujours de susciter de l'émotion chez leur public, et quel meilleur moyen d'y parvenir que de jouer sur ses peurs ou ses espoirs ?
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