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Critique de LIAZID


La vipère, Folcoche, une mère juste biologique.
Jean, un fils qui s'est construit dans l'entêtement et la rébellion.
Les deux se jugent et se jaugent mutuellement, s'observent, se décryptent. L'héritage du caractère tenace et opiniâtre de cette femme, transféré sur ce garçon permet à ce dernier de se mesurer à elle sur un pied d'égalité malgré la filiation. Son objectif étant de pouvoir enfin entraver sa domination, la rendre inoffensive et impuissante, comme l'évoque la métaphore de la vipère tenue prisonnière à bout de bras dans son poing, le regard fixe.
Le lieu du duel se passe à La Belle Angerie, une grande propriété bourgeoise aux revenus curieusement féodaux pour les années 20. Un père incapable d'affirmer son autorité d'époux et de père. Sa seule excuse dit-il, étant « d'obéir à des considérations qui méprisent l'immédiat pour sauver l'essentiel ». Deux autres frères complices de Jean mais psychologiquement moins forts, qui subissent l'autorité et l'éducation de Folcoche sans protester frontalement. Une série de prêtres précepteurs qui démissionnent successivement et une bonne soumise. Une éducation rythmée par des privations, confessions quotidiennes, mises en quarantaine et autres gifles régulières.
Jean, le narrateur exprime très bien sa colère et son refus de renoncement face aux souffrances que sa mère inflige de façon sadique et parfois humiliante. le style est extrêmement moderne avec un rythme rapide qui va à l'essentiel. Il présente très souvent les personnages ironiquement sous leur plus mauvais aspect. Jean ne manifeste jamais à juste titre sa peur et ses angoisses, préférant réagir intérieurement avec opiniâtreté sur un air de « un jour je t'aurai », droit dans les yeux. L'identification du lecteur à Jean se fait alors sans effort.
Au-delà de cette histoire marquante, j'ai adoré les descriptions sarcastiques de la petite bourgeoisie de cette époque, encore rivée à des principes et des croyances anciennes, que Jean observe avec mépris et qui n'ont plus cours aujourd'hui. Par exemple, on ne prend pas de bain de mer, toute viande dehors dans l'eau salée non bénite surtout sur des plages pleines de boutiquiers et de canailles des congés payés; le travail salarié n'apparaît pas comme tellement honorable, il n'y a que les petites gens qui sont obligées de travailler pour vivre ; on ne visite surtout pas le Panthéon parce qu'on y enterre des gens de gauche; à table les ronds de serviette en argent ou en ivoire puent le nouveau riche, les pochettes brodées sentent le petit bourgeois; impensable de lire l'Humanité.
J'encourage cette lecture vivement. La hache de guerre aura-t-elle été enterrée dans les 10 années qui suivent ? On a hâte de lire la suite…

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