Citations sur Agatha Raisin enquête, tome 12 : Crime et déluge (33)
[Son nouveau voisin décide de se présenter à Agatha et sonne chez elle]
[...]La sonnerie de la porte retentit.
Agatha descendit l’escalier et ouvrit la porte. Un grand et bel homme se tenait face à elle. Le visage légèrement bronzé, il avait les yeux verts et un menton carré. Il tenait une bible entre ses mains.
« Ah, ça, pas question ! » s’écria Agatha, et elle lui claqua la porte au nez.
Ces mormons, songea-t-elle en ramassant son sac à main. Il faut toujours qu’ils vous envoient les plus canon.
Elle appela alors Rosemary à l’institut Butterflies pour lui demander l’adresse de Kylie.
« Je ne peux pas faire ça, Agatha, répondit Rosemary. Vous voyez, votre adresse à vous, par exemple, jamais je ne la transmettrais à quiconque.
– Oui, mais moi c’est différent, je pète la forme, alors qu’elle, elle est raide morte.
C’était l’une de ces journées de grisaille où la bruine colle aux pare-brise et ou l’eau, comme autant de larmes versées sur l’été enfui, ruisselle tristement sur les branches des arbres dénudés par l’hiver pour finir en flaques sur la route.
Agatha Raison activa le désembuage de la vitre avant de sa voiture. Cette lugubre journée comptait un allié de poids : le gouffre noir qui emplissait son âme. Tandis qu’elle filait sur la route droit vers l’agence de voyage d’Evesham, une idée fixe tournoyait dans son esprit : ficher le camp… ficher le camp… ficher le camp.
À cet instant, le pasteur s’écria depuis son bureau :
« La mère Anstruther-Jones déboule dans l’allée. Cette furie d’Agatha a déjà levé le camp ?
– Un instant, je vous prie, s’excusa Mrs Bloxby en se précipitant vers le bureau, le visage soudain cramoisi.
– Le pasteur n’a pas l’air de te porter dans son cœur, constata Roy tandis que la sonnerie de la porte retentissait.
– Il ne peut saquer personne, répliqua Agatha, vexée. Si tu veux mon avis, il n’est pas fait pour ce boulot. »
« Ou étiez-vous hier soir ? la questionna Brudge.
- Pourquoi ?
- Contentez-vous de répondre.
- J’ai vu cette scène mille fois à la télé, et je n’en reviens pas que vous prononciez cette phrase en vrai, cingla Agatha. Je ne répondrai pas à votre question avant que vous m’expliquiez de quoi il s’agit. »
Mrs Anstruther-Jones surgit dans la pièce.
« Oh, Mrs Raisin, fit-elle d’une voix flûtée, et qui avons-nous ici, dites-moi ? Votre fils ?
- Non, intervint Roy, l’air impassible. Son amant.
- Fichons le camp d’ici, lâcha Agatha, en rassemblant les pièces de son déguisement.
- Eh bien, je suis tout bonnement outrée ! s’exclama Mrs Anstruther-Jones après que la porte se fut refermée derrière Agatha et Roy. Quelle honte ! Une femme de son âge ! J’ose espérer qu’en tant que représentante féminine de cette église, Mrs Bloxby, vous lui avez fait part de votre opinion sur cette liaison.
- Mrs Raisin n’a pas de liaison avec ce jeune homme.
- Mais pourtant…
- Sachez que devant une personne indignée en permanence, il est tentant de se montrer provocateur. Du reste, j’ai toujours constaté que les plus véhéments tenants de la moralité en matière de sexe sont ceux qui ne le pratiquent jamais. Prendrez-vous un thé ? »
Cette lugubre journée comptait un allié de poids: le gouffre noir qui emplissait son âme.
C'est incroyable à quel point la télévision par satellite nous fait facilement oublier que le monde n'est qu'une immense étendue sauvage, se dit Agatha.
- Sachez que devant une personne indignée en permanence, il est tentant de se montrer provocateur. Du reste, j'ai toujours constaté que les plus véhéments tenants de la moralité en matière de sexe sont ceux qui ne le pratiquent jamais. Prendrez-vous un thé?
Roy haussa les épaules, résigné. Parfois, il en avait fait l’amère expérience, Agatha faisait preuve d’autant de tact qu’un rhinocéros en pleine charge.