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Critique de lacerisaie


Qu'il est savoureux de retrouver la plume et l'univers plein de sensibilité de Jean-François Beauchemin. Dès la première phrase la respiration s'apaise et un sourire naît sur les lèvres.
"Un matin de l'été mille neuf cent soixante cinq, peu après le passage de la benne à ordure, la verroterie des dernières étoiles a cessé de scintiller, et la nuit noire du monde cédé sa place aux rayons poétiques et très anciens du soleil."

Ce matin là Zenon le sixième enfant de la famille Cresson vient de naître. Une famille vivant, à la campagne, une vie simple et ordinaire, ancrée dans le présent. Une famille étonnante où chacun est accepté et s'accepte, développe sa sensibilité et se construit grâce la force des liens familiaux. le père lit Nietzche et Baudelaire, fabrique des chaises et chante Bach à la chorale. La mère, "ses épaules poétiques, son sourire de littoral espagnol..." cultive l'amour de la vie, le sens de la solidarité, le goût de la liberté et l'émerveillement permanent.
C'est Léonard le second de la fratrie qui écrit cette histoire pour se rappeler "que nos esprits et nos coeurs quand ils s'unissaient négociaient mieux les courbes dans le tournant abrupt des choses, que ce qui nous importait était non seulement notre propre situation, mais également l'état de santé du vaste monde, la guêpe venue reposer sur ses épaules ses ailes inquiètes"
La vie de la famille, histoire dans la grande Histoire, fait partie du tout de l'univers. Lorsqu'en en mille neuf cent soixante et onze la mère est frappée par une leucémie la famille, soudée, fait face regardant courageusement la mort à l'oeuvre mais n'oubliant jamais de savourer l'instant présent. Léonard dit que la famille cultive une méthode, "une façon de vivre inexplicablement basée sur une théorie du bonheur, et que pour nous la
maladie, la souffrance, le malheur, la désolation, la fatigue la détresse ou la mort nous stimulaient, en un sens, ou en tout cas ne prenaient jamais complètement le pas sur la joie, la force, l'amour qui sauve, l'espoir, le rire et la vie."

Ce texte est une magnifique leçon de philosophie, d'humanité et de solidarité. Il place l'homme comme un élément au sein du grand monde, situe au même niveau L Histoire et les histoires des hommes, des animaux et de la nature. Il questionne la vie, la mort avec délicatesse et spiritualité, un "athéisme doux". L'écriture est simple et lumineuse, pleine de sérénité et de poésie.
Ce récit, de la plus belle des manières, apaise, charme et console.
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