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Critique de Alfr


Troisième volet des Mémoires de Simone de Beauvoir et toujours ce plaisir de découvrir cette femme sous toutes les coutures : son rapport au Monde, à l'histoire, à la politique, aux artistes de l'après-guerre et à Sartre bien évidemment. Elle prévient en préface des possibles longueurs de cette oeuvre et des raisons de l'écrire si tôt. Elle se rapproche de Montaigne ou de Rousseau, arguant que non, l'autobiographie n'est pas une oeuvre d'art, figée dans le temps ! C'est au contraire un texte en constante évolution. Et la plus belle évolution est finalement celle de l'artiste au fil du monde en marche.
Ce monde de l'après-guerre est une période très riche intellectuellement et politiquement parlant. Deux puissances s'affrontent et en France la peur des communistes est flagrante. Celle d'une invasion de l'URSS également. Ce conflit d'idéologie, on le découvre, prend énormément de place dans la vie du couple Beauvoir-Sartre. Ce dernier, conspué par les communistes, rêve d'une union de gauche socialiste, ni pro-américaine, ni prosoviétique. de nombreuses réflexions sont étayées grâce aux amis du couple (Vian, Camus, Merlau-Ponty...). Et parfois amitié et idéologie ne font décidément pas bon ménage. L'évolution de la revue des Temps Modernes donne aussi un aspect de la situation. Véritablement, ce tome est axé sur la place de la France dans le monde et la place de l'artiste.
Concernant le pôle "privé" de la vie De Beauvoir, nous avons le droit à un peu plus de transparence. Surtout sur les relations entre Algren et elle ou entre Sartre et M. . Ce regain d'honnêteté est finalement logique car dans ce tome, on comprend clairement que le couple est désormais public. Leurs faits et gestes, leurs écrits sont décortiqués. Ce nouveau statut a forcément un impact sur leur relation ; ainsi à force d'être au monde, ils s'échappent un peu plus.
L'élément intéressant de cette partie est la réception du Deuxième Sexe. Elle ne s'attarde pas exagérément mais on comprend qu'on la charge de bien des maux.
Elle n'hésite pas à développer largement son voyage en Afrique. D'autres sont évoqués plus brièvement, c'est le cas de l'Islande, de l'Ecosse, de la Norvège, du Mexique et de Chicago à travers sa relation avec Algren.
Ce tome est véritablement une "mise au monde" pour Beauvoir, c'est ainsi que je le perçois et c'est ainsi qu'elle le suggère dans son intermède, dévoilant l'importance de marcher avec ce monde, de le suivre docilement au fil des années. Ces bouleversements transforment forcément l'artiste et la femme.
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