Citations sur Beaux Arts Magazine, Hors-série : Les chefs-d oeuvre de.. (25)
Jul fut longtemps caricaturiste de presse. Observateur attentif de l’actualité, il est passé maître dans l’art de transposer en bande dessinée des questions de société, de politique et d’écologie. Son modèle en la matière : Matt Groening, le créateur des Simpson.
La bande dessinée d’humour est par essence moins contraignante que la BD réaliste. Pour autant, ça n’empêche pas de tirer des plans sur la comète. Jul a situé son récit en 40 000 avant J.-C., dans une vallée qui résiste encore et toujours à l’envahisseur.
L’avantage, avec la bande dessinée, c’est qu’on peut tout se permettre. Ça tombe bien, le délire est une contingence des récits humoristiques. Bilan : on n’est pas près de voir Les Aventures de Jérôme Moucherot en flm live. Tant mieux.
René Pétillon n’a pas son pareil pour se fondre dans une corporation afin
de mieux s’en moquer. Ainsi des milieux de la mode, de la littérature ou de l’art contemporain.
Gaston, Moucherot, Palmer… La figure de l’antihéros est un refrain bien connu de la bande dessinée populaire. Avec son détective, Pétillon pousse le bouchon encore plus loin. Jack Palmer rate absolument tout ce qu’il entreprend.
À l’origine, la bande dessinée est pour moi un lieu d’imagination pure. Et Jack Palmer s’est d’abord tenu à distance de l’actualité proprement politique, même si des albums comme Les Disparus d’Apostrophes ! montrent que je m’inspirais aussi de phénomènes de société. Il faut distinguer les bandes dessinées d’inspiration journalistique de celles qui offrent un portrait plus personnel des hommes politiques, comme Quai d’Orsay dont je suis un très grand fan. Il me serait difficile de faire d’un homme politique existant un personnage. Je me sens plus libre avec des personnages purement fictifs, alors que l’univers politique, avec ses décors et ses contraintes, force à évoluer dans un certain cadre.
Jack Palmer est un des plus mauvais détectives privés de Paris, mais aussi un des moins chers. Il se retrouve donc régulièrement en charge d’affaires qui le dépassent complètement mais qu’il résout régulièrement par le plus grand des hasards. Traversant les récits sans comprendre ce qui lui arrive, il explore depuis quarante ans les méandres d’un monde qui évolue sans cesse, s’attachant aux sujets de société les plus prégnants sans s’en rendre compte. Avec son éternel imper, son énorme nez et son chapeau mou, il a suivi l’évolution stylistique de son auteur avec succès, ayant la médiocrité pour seule constance.
Claire Bretécher est une journaliste en image. Dessinatrice de presse, elle n’a cessé, depuis son entrée à L’Obs en 1973, de croquer en quelques traits les travers de ses contemporains. En marge de ses BD, elle a ainsi produit quantité de cartoons.
Le « running gag » est un procédé comique qui vise à répéter la même situation tout en développant ses ressorts narratifs. Avec Newton et sa découverte fortuite de l’attraction universelle, Gotlib a porté le procédé à un certain paroxysme.
Je déconnais vraiment, là où ça fait plaisir c’est que le fait de déconner a eu du répondant sur les lecteurs. Par exemple le fait que je m’adresse à eux, dans le texte : “Moi Gotlib je vous parle”. De là à me dessiner directement il n’y a qu’un simple glissement, ça fait qu’au bout d’un moment je me dessinais sans arrêt. [...] On peut remarquer qu’il y a très peu de décors dans ce que je fais, ça vient simplement du fait que je n’aime pas les dessiner et que je les fais très mal. J’étais un peu gêné de ne jamais faire de décors, je trouvais que c’était trop vide et j’avais l’impression un peu de voler le lecteur. Alors j’ai commencé à mettre la coccinelle, et ça faisait un gag dans le gag. »