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Critique de Lucho27


François Bégaudeau s'applique dans ce pamphlet à réabiliter le concept de bourgeoisie, terme qui tend à être consideré comme archaïque et ringard dans un contexte de "moyennisation de la société". Bégaudeau defend l'idée que si ce concept disparaît des imaginaires, c'est avant tout le fait d'une classe sociale qui refuse de dire son nom et qui refuse qu'on le prononce.


Evidemment pour Bégaudeau le bourgeois n'est pas seulement celui qui possède les moyens de production comme l'expliquait déjà Marx au XIXème siècle. Pour lui, la bourgeoisie est la conjonction d'un certain patrimoine économique, et du système de pensée qui légitime cette situation financière.


Ce livre s'articule en fait autour de la bêtise de la bourgeoisie contemporaine (plus particulièrement à celle du bourgeois de gauche) et aboutit au paradoxe suivant : Comment se fait-il que le bourgeois, alors qu'il dispose a priori d'un cerveau complètement fonctionnel, soit bête?


Selon l'auteur le bourgeois est bête car il ne pense pas, ou en tout cas pas au delà de ses intérêts. le bourgeois est celui, qui, possédant, à plus à perdre qu'à gagner au bousculement de l'ordre etabli. C'est donc la peur qui dicte son comportement et sa pensée, ou sa non-pensée en l'occurence, car ce sentiment l'empêche d'accéder à différents imaginaires théoriques et conceptuelles subversifs. le bourgeois ne remet par exemple pas en question la notion de mérite "Poignarder le mérite serait t'inerdire d'être fier de toi. N'y comptons pas!". Il ne remet pas en cause l'élection, la propriété privée ou l'école. Il ne s'intéressera jamais à la grande tradition littéraire anarchiste et marxiste. Il ne remet pas en question ce qui le légitime et c'est cette réduction volontaire du champ de la pensée qui fait la bêtise de la bourgeoisie.


Dans cet essai, Bégaudeau réussit parfaitement à mettre le bourgeois face à ses contradictions mais reste parfaitement lucide sur le fait que celui-ci niera cette charge remarquable en se désolidarisant du "tu" générique utilisé par l'auteur qui le dépeint pourtant si bien. "C'est ainsi qu'en te niant tu t'accuseras. Tu accuseras ton trait principal qui est de nier". Brillant.
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