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Critique de mfgaultier


Le bec des corbeaux est une bande dessinée exigeante, difficile d'accès, différente, étonnante, qui m'a pas mal déroutée dès le début, impression qui ne s'est hélas pas estompée tout au long de ma lecture. le sujet est pourtant intéressant : la BD porte sur un épisode douloureux de l'histoire de l'Espagne : la mise à mort de deux jeunes militants antifranquistes, Francisco Granado et Joaquin Delgado, le 17 août 1963. le bec des corbeaux entend réhabiliter ces deux anarchistes, accusés à tort d'un attentat, torturés et condamnés à mort dans une parodie de procès.

Mikel Begoña, le scénariste et Iñaket, le dessinateur, ont déjà travaillé ensemble sur Tristes cendres, album ayant pour personnage principal le célèbre photographe Capa. Avec le bec des corbeaux, ils choisissent de découper leur histoire en cinq chapitres avec (heureusement !) un dossier à la fin de l'album qui permet d'approfondir les faits évoqués par la BD. Ici, le lecteur est immergé dans un récit complexe, aux multiples détails qui fourmillent. Au lecteur de les assembler, selon tel ou tel indice, pour se frayer un chemin vers la lumière. Tâche difficile.

Le premier chapitre, « escargots de sortie » présente plusieurs personnages, sans liens apparents entre eux : Francisco, Avelino, surveillant au musée du Prado, et surtout Mariano Medina, célèbre monsieur météo de la télévision de l'époque, celui qui sera en quelque sorte le narrateur, bien qu'il ne soit pas d'accord ! Dès le début, les péripéties sont présentées « à la connaissance de l'attentif lecteur » et attentif, il faut l'être ici, tant l'histoire n'est pas facile à comprendre... Surtout que des êtres surnaturels, rôdant autour de la statue de Goya, s'immiscent dans le récit : ce sont trois sorcières, « soeurs fatidiques » qui vont intervenir à plusieurs reprises dans le récit pour sauver les futurs condamnés. L'histoire mêle donc éléments réels, étayés par le solide dossier et d'autres éléments renvoyant à la culture de l'Espagne qui rendent le tout un peu confus.

Le lecteur, en poursuivant sa lecture, assiste aux divers évènements menant à l'arrestation des deux protagonistes. Il doit croiser les pistes que le narrateur météorologue présente en évoquant les différentes organisations politiques de l'époque, dont la fameuse DI, Défense Intérieure, à tendance anarchiste, auquel appartient Francisco Granado et Joaquin Delgado. Il assiste aussi au procès, tronqué, qui verra les corbeaux triompher et la sentence tomber : la peine de mort par garrotage...

Cette BD m'a demandée beaucoup d'efforts. Vraiment pas évident à lire, même si, en relisant certaines planches très travaillées, j'apprécie les dessins ainsi que les couleurs, différentes selon que l'on suit tel ou tel personnage. Ainsi, les deux activistes Francisco et Joaquin sont représentés avec des couleurs jaunes, tandis que leurs ennemis, les partisans de Franco sont systématiquement éclairés par du bleu et du gris, voire du noir lors du procès. Ces couleurs apportent de l'énergie à l'ensemble mais j'ai eu tout de même du mal à suivre le fil de l'histoire. L'entrée de multiples personnages au sein de l'intrigue perturbe quand même pas mal la narration et même s'ils sont présentés dans le dossier final, j'ai eu du mal à les reconnaître tant peu d'éléments viennent cadrer leur entrée dans le récit. Après une première lecture, fastidieuse, mes autres tentatives d'adhérer au propos ne m'ont pas permis d'inverser ce point de vue : BD intéressante mais exigeante et difficile d'accès.
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