Citations sur Le Pendu de Notre Dame de Nantes (29)
— Un lieutenant en robe, est-ce incongru ?
— Dans un monde de femmes, non. Mais je crains que les hommes ne soient pas encore prêts à être commandés par des jupons.
Elle passa mentalement en revue ses robes, se demandant laquelle était la plus appropriée, elle aurait dû lui demander la couleur qu’il préférait. Et puis non, elle se serait découverte (façon de parler en l’occurrence), il fallait qu’il la conquière, mot après mot, attention après attention. Elle alluma le couloir. Elle souriait toute seule en se dirigeant vers son appartement. Quand elle eut introduit la clef dans la serrure, et qu’elle l’eut tournée une fois, l’expression de son visage changea. Elle plongea la main sous son aisselle et dégagea son arme du holster. Son cœur s’emballa. Coralie Chevallier fermait toujours à double tour, et la porte avait cédé au premier claquement du pêne !
Si un ecclésiastique me donne une définition de la chasteté qui ne correspond pas à celle qui figure dans le Petit Larousse, je me dis aussi que cet homme peut mentir, en me refilant une définition bidon du mensonge. Et ne me répondez pas, s’il vous plaît, que ce qui est mensonge pour moi ne l’est pas pour lui !
Ce doit être dur de côtoyer un ami et de se rendre compte que tout lui réussit et qu’il vous est supérieur en tout !
On vit dans un autre monde, un monde indécent de perfection, parce qu’il n’y a plus de pauvres, et quasiment pas de limites. L’expansion de l’univers !
Moi, dit-il, j’appelle ces filles, des Sirènes. Elles vous appâtent, je reconnais qu’elles ont de quoi, mais tout en elles n’est que vernis. Une fois qu’on l’a usé à force de caresses, on découvre ce qu’il dissimulait : un néant total. Votre mari vous reviendra, vous verrez.
Apollinaire Salvyen avait le visage fermé. N’eussent été les rides accusées de son front, ses paupières plissées, son regard fixe qui ne voyait sûrement rien, Coralie eût tenu son comportement pour une bouderie de gosse. C’était plus sérieux. Elle se demandait s’il regrettait de s’être laissé emporter ou s’il était encore sous le choc de la violence de Freddy Davenport à l’égard de sa fiancée. Elle voulut détendre l’atmosphère en lui relatant les derniers mots de Pascale Revonsart, n’oubliant pas une fois de plus de rappeler qu’on n’avait aucun nouvel indice concernant le louis d’or.
Freddy avait une liaison. Je l’ai découverte. J’ai découvert qu’il avait connu plusieurs filles alors même que nous étions fiancés. Ça ne lui a pas plu que je le lui dise, ni que je décide de ne plus l’épouser.
Je n’aurais jamais imaginé qu’un prêtre pouvait recevoir tant de courrier et avoir un emploi du temps si chargé ! Entre les demandes pour les baptêmes, les mariages, les funérailles, les circulaires de l’évêché, les heures consacrées aux chapelles dans les écoles catholiques, les messes le week-end – jusqu’à quatre ! –, les réunions diocésaines, les confessions, les déclarations d’amour de mémés… Vous saviez que les mariages et les baptêmes peuvent être retransmis par webcam, pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer ou pour les parents qui habitent à l’autre bout du monde ? Et encore ! Apparemment, Darbin avait de la chance de ne devoir s’occuper que d’une paroisse. Je suis tombé sur la lettre d’un de ses collègues en campagne qui lui écrivait en se plaignant « trente clochers ! Trop, c’est trop ! ».
Il voulait savoir deux choses : où en était l’enquête et comment cela se passait avec monsieur Salvyen. Quand Coralie lui dit (mais il l’avait déjà appris par le lieutenant Fusarolle) que le prêtre ne s’était pas suicidé mais qu’il avait été assassiné, il marqua son mécontentement, non tant à cause de la mort d’un homme, fût-il un homme d’Église, mais parce qu’Apollinaire Salvyen s’attarderait davantage dans le commissariat, en tout cas plus longtemps que s’il s’était agi d’un suicide.