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Critique de BAudoye


Ce livre a été écrit en collaboration avec Eléonore Gurrey.

On m'a demandé d'animer une rencontre littéraire à Lisbonne, parce que je suis gay et écrivain. Comme lui, j'ai écrit un récit autobiographique, Namaste Sirji ! Un prof en Inde, et mon dernier livre, Comme il faut, traite notamment de l'homosexualité d'un Français issu d'une famille maghrébine.

J'ai mangé du Ouissem Belgacem pendant trois jours : le livre, interviews et le premier épisode d'une série télévisée sur Canal +.

Il existe des personnes qui ont des destins extraordinaires. Fils de parents tunisiens, Ouissem grandit dans une cité d'Aix-en-Provence. Une mère aimante et lettrée, un père complexe qui décède jeune. L'enfant Ouissem a tout pour lui : mignon, intelligent, sympathique, il aime son quartier et se retrouve choyé par ses 4 soeurs et sa mère. L'argent manque mais ni les valeurs ni l'amour. Doué à l'école, il l'est tout autant au football. Repéré, il intègre adolescent un centre de formation à Toulouse. Comme tout homosexuel qui se découvre, il subit l'homophobie, une homophobie exacerbée dans ce milieu. Il va tout faire pour ne pas céder à la tentation, comme si c'était un péché.

Comment s'épanouir en étant maghrébin, musulman, désargenté et homosexuel dans une France qui ne laisse pas de chance à tout le monde ? le football, à condition d'être hétérosexuel.

Ouissem Belgacem nous livre un témoignage remarquable, courageux, sensé, clair et percutant.
Ce fut un plaisir pour moi, né en 1982, de lire le témoignage d'un homme de ma génération qui a vécu comme moi à Toulouse. Steevy, Gérard des filles à côté, le Shanghai, Édouard Louis…
Ce livre est fluide, à chaque fois que je me posais une question, la page d'après y répondait. Ce livre est écrit justement comme dans une série et les épisodes s'enchaînent. La force de l'auteur est son intelligence qui le fait douter.

D'une manière surprenante, j'ai été davantage touché et même intéressé par… les chapitres de sa carrière de footballeur !
Pourquoi ? Parce qu'il y met plus d'émotion. Quand la thématique concerne son homosexualité, par pudeur, par souci de protéger les siens, Ouissem Belgacem se délivre moins. Lisez la page quand il quitte le centre de formation et vous verrez plus d'émotion. On m'a fait le même reproche pour mon premier livre, Namaste Sirji ! Un prof en Inde : un « manque d'émotion ». Pourtant, j'en ai raconté des moments intimes.

Vous allez vous moquer, mais j'ai pensé dès les premiers chapitres « L'auteur est Capricorne ». J'ai vérifié et bingo ! Un livre à l'image de son auteur : ambitieux, maîtrisé, sérieux, pudique et froid. Est-ce la meilleure stratégie pour transmettre son message ? Je ne sais pas. Ce qui m'a manqué, et je rejoins certains bémols : et l'amour dans tout cela ? Que l'auteur ne nous raconte pas ses ébats, cela peut se comprendre. Mais l'amour, une des plus belles aventures humaines ? C'est justement le moteur qui permet à bien des homosexuels de s'affirmer, quand ils ont quelqu'un. Que peut-on reprocher à deux êtres qui s'aiment ? le chapitre inédit aurait pu corriger ceci.

Je suis ravi d'avoir lu Adieu ma honte et encore plus de rencontrer l'auteur le 19 avril à l'Institut français de Lisbonne. J'ai beaucoup de questions à lui poser, sans complaisance : sur son rapport à la masculinité, sur sa vision des homosexuels, sur ses relations avec la fédération française de football, sur l'homophobie en général.

Un livre à mettre entre toutes les mains, qui permet d'ouvrir le débat dans d'infinies directions.

Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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