AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de domi_troizarsouilles


J'avais repéré ce livre il y a déjà un moment, tome 1 d'une saga qui en compte plusieurs désormais, attirée par des couvertures toujours originales, jolies et bien un peu chargées (ce qui ne me dérange pas) pour tous les livres de la série. Je suppose que je m'y suis intéressée plus avant lors de la sortie du 3e tome, car elle correspond à cette époque où j'avais (enfin !) recommencé à écumer les rayons – y compris jeunesse – des librairies, après une longue pause de lecture. En outre, un swap géographique l'an passé m'avait poussée à regarder les livres dont l'auteur est originaire de et/ou l'action se passe dans les pôles : une région relativement peu couverte en littérature (par rapport à d'autres, c'est même presque choquant !) ; dans ce contexte, un tel livre s'est très vite imposé !

Et voilà : ma PAL étant ce qu'elle est, il aura quand même fallu encore un certain temps, et un autre challenge à consignes auxquelles ce livre pouvait correspondre à fin juin (en débordant un peu sur ce mois de juillet), pour que je me décide enfin à l'entamer.
Je ne sais pas trop si je suis enchantée, complètement sous le charme, ou bien un peu dépitée… C'est que ce livre est très, très, très « jeunesse » : malgré sa taille (c'est quand même une petite briquette !) et les sujets pas toujours faciles qu'il aborde, il convient à mon sens à des enfants de moins de 10 ans sans aucun problème, éventuellement accompagnés pour une lecture plus fluide. Je me vois assez bien choisir ce livre pour des lectures du soir à mon « petit » de 9 ans sur une certaine durée : ça pourrait réellement le réjouir, et même plus jeune ça aurait convenu !
Ainsi donc, c'est mignon, c'est sympathique, mais ce n'est pas forcément (pas du tout) ce que j'ai envie de lire en ce moment, autant dire que j'aurais pu complètement passer à côté !

Et pourtant, j'ai fini par me laisser embarquer – pas passionnée, certes, pour une histoire dont je me suis d'emblée sentie détachée, mais charmée par tout ce que l'autrice a réussi à y glisser, et certainement un très beau message sur l'acceptation de la différence et l'amitié qui peut même en découler… sans oublier les (nombreuses) créatures improbables plus ou moins merveilleuses ou horrifiques, et les quelques magnifiques illustrations du compère de l'autrice, qui porte fièrement son nom sur la couverture lui aussi !

Je viens d'ailleurs de citer le maître-mot, à mes yeux, de ce livre : merveilleux.
On n'est pas dans un monde fantastique tel qu'on l'imagine pour adultes, ou même dans un style Harry Potter que de nombreux commentateurs citent pour comparaison : c'est absurde, car ça n'a rien à voir (et il ne me semble pas que l'autrice s'en réclame, mais ce n'est pas le sujet) ! On n'est pas non plus dans un monde fantasy plein de trouvailles originales (quoique…), ou alors c'est tellement orienté « jeunesse » (et même : petite jeunesse, si je puis dire) que ça en devient tout à fait particulier. On est bien davantage à l'orée d'un certain « esprit Disney », l'américanisme en moins, mais la « princesse des neiges » en partage – on la voit venir dès le tout début, ce n'est même pas vraiment du spoil, en revanche c'est exploité d'une manière qui m'a paru assez… glaçante et tout à fait réussie !

On rencontre ainsi la jeune Stella, le jour de ses 12 ans – un âge qui ne m'a pas tout à fait convaincue : certaines des décisions de la jeune fille prouvent effectivement une certaine maturité, mais pour le reste, elle est encore bien loin de cette (pré)adolescence que j'ai observée chez mes deux aînés à partir de 11 ans environ, et qui est déjà à l'oeuvre chez mon 9-ans - âge dont notre jeune héroïne me semble bien plus proche en réalité, mais soit…
Stella vit dans la maison de son père adoptif Félix, entourée de petites fées, de dinosaures miniatures qui vivent là comme le feraient des chats chez nous, amie d'un ours polaire apprivoisé appelé Mal-Léché, ou d'une licorne. Ses petits-déjeuners sont faits de crème glacée et autres sucreries que j'oserais à peine donner en dessert à mes enfants ! Bon, ok, c'est son anniversaire… Son père l'a trouvée un jour dans les glaces, elle le bébé à la peau et aux cheveux blancs, d'origine inconnue, et a aussitôt décidé de prendre soin d'elle, lui l'explorateur de métier auprès du très sélect, et très machiste (car strictement réservé aux hommes) « Club de l'ours polaire ». Or, depuis toutes ces années, Stella ne rêve plus que de rejoindre ce père idéalisé dans une de ses expéditions, ce qu'il lui a toujours refusé, préférant l'entourer de jolis cadeaux enchantés et autres objets qu'il ramène de ses différents voyages.
Mais voilà que, tout à coup, face à la « menace » de la soeur de Félix d'envoyer la petite fille dans un pensionnat où elle deviendrait une jeune fille bien-comme-il-faut-à-marier, Félix prend son courage à deux mains (quand même !) et décide d'emmener Stella avec lui pour sa nouvelle expédition vers le point le plus froid du monde, et de réussir à l'imposer, elle une fille qui en plus ne ressemble à aucun autre être humain « normal » de son entourage, dans ce Club tellement fermé. C'est ainsi qu'elle embarque sur un bateau qui la conduit vers les pôles, et rencontre ainsi trois autres jeunes gens qui font partie du voyage…

C'est à travers ces quatre personnages principaux, très enfantins donc, qui vont se retrouver très vite seuls à vivre 1.001 péripéties plus ou moins sympathiques, plus ou moins effrayantes, que l'autrice traite ce qui est pour moi son sujet principal : le pouvoir de l'amitié, quand on se donne la peine de la construire peu à peu malgré nos différences.
J'ai déjà parlé de Stella, qui est indéniablement « différente » du moins en apparence, et qui le sait depuis toute petite, sans oublier donc qu'elle est une jeune fille dans un monde très, très masculin, mais qui ne semble pas s'en inquiéter outre mesure. On notera aussi Shay, le « chuchoteur de loups », qui s'avère avoir le pouvoir (transmis de génération en génération, semble-t-il) de parler avec les loups ; il est ainsi toujours accompagné d'un animal-total, ombre plus que réalité, mais toujours protectrice envers les enfants, dans les limites de sa non-existence réelle. C'est lui en quelque sorte le modérateur du groupe, grâce à son humeur généralement égale, et une maturité plus avancée que celle de ses compagnons de voyage. Dragigus quant à lui est mi-humain mi-elfe, présentant quelques particularités propres à ses origines maternelles, ce qui lui donne à lui aussi un cachet physique particulier d'emblée. Jeune apprenti guérisseur, il est surtout « différent » - l'adulte identifiera très vite des symptômes assez typiques, voire un peu clichés, d'un évident trouble de la sphère autistique. Enfin, le jeune Ethan se présente un peu comme « le méchant » initial de l'histoire : issu quant à lui du Club du Calmar géant, club rival à celui de l'Ours polaire (les deux clubs ont cependant entamé le voyage ensemble pour diverses raisons pratiques, mais avaient prévu de se séparer ensuite, à la conquête des pôles chacun pour soi), il se prétend magicien mais n'est jamais convaincant, et semble cacher une quelconque blessure secrète qui le rend surtout très arrogant et désagréable…
Pourtant, livrés à eux-mêmes de façon imprévue, les quatre enfants vont devoir se serrer les coudes, s'entraider en faisant jouer leurs talents respectifs, pour déjouer les différentes embûches auxquelles ils vont être confrontés, et retrouver le reste de l'expédition à temps – et ils auront effectivement assez d'intelligence pour se soutenir quand c'est nécessaire, tout en s'ouvrant peu à peu les uns aux autres, dans ce qu'ils ont de beau ou de vulnérable.

C'est donc un message assez fort que j'ai fini par trouver dans ce livre, même s'il paraît un peu enfoui sous une narration pleine d'aventures dans un monde que je qualifierais indéniablement de merveilleux, de préférence à tout autre adjectif. le lecteur adulte sera peut-être un peu (ou grandement) frustré d'une certaine simplicité, d'un manque de développements de certains aspects, de situations sans aucun doute trop « faciles » à la limité du cliché ; néanmoins, il faut se laisser emporter par ce monde imaginaire riche propre à l'enfance… et goûter ainsi durant quelques heures un plaisir qu'on peut sans aucune hésitation partager avec nos plus jeunes !
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}