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Critique de Kirzy


« Je pourrais dire que la maison a pris la parole en premier, qu'elle m'a raconté, ce matin-là, sa solitude insupportable, ses petits maux et ses grandes douleurs. Je l'ai écoutée gémir, subjuguée, interdite. Je ne m'attendais à rien de semblable ».

A la mort de sa mère, Paloma reçoit un héritage surprise : une énorme bâtisse de schiste cévenole dont elle ne soupçonnait pas l'existence, une ancienne magnanerie délabrée, toit de lauze à refaire, chaos de végétation, châtaigniers à perte de vue ; et un carnet dans lequel sa mère s'adresse directement pour se raconter et lui demander pardon de l'avoir si mal et peu aimé. Interdite puis subjuguée, Paloma prend les Cévennes en plein coeur et décide d'y refaire sa vie.

On comprend très vite les enjeux existentiels qui vont agiter Paloma. On devine aussi trop vite le cheminement qui sera le sien avec une issue très prévisible et convenue. Tout est très joli dans cette rencontre improbable entre une infirmière parisienne très seule, réfugiée derrière une approche très sarcastique de la vie, et un couvreur local droit et digne ( le Jacques du titre ), deux personnes en jachère qui avaient fait une croix sur l'amour et se retrouvent tout surpris que cela leur tombe dessus à nouveau. Rajoutez à cela des personnages très sympathiquement pittoresques, et on n'est pas loin du feel-good empli de bienveillance, ce qui n'est pas un défaut en soi mais ne correspond pas vraiment à mes attentes livresques.

Heureusement, l'évident talent de conteuse de Bénédicte Belpois évite que le récit ne s'enlise dans un trop plein de glucose. Derrière la jolie histoire d'amour et de solidarité villageoise se dessine une réflexion sensible sur la transmission générationnelle. En lisant le carnet de sa mère, Paloma découvrent le poids de l'atavisme familial ou comment des liens tacites tissés entre générations font reproduire les mêmes traumatismes. Elle doit lutter pour conjurer la malédiction familiale qui lui feraient porter les gènes des femmes malheureuses, abimées ou abandonnées. Une fois les secrets révélés, son chemin de reconstruction doit l'amener à se débarrasser des choses laides pour vivre heureuse.

Et c'est cette libération que raconte fort bien ce roman empathique, avec douceur et humanité, dans une simplicité touchante à défaut d'être marquante. Si les personnages de Paloma et Jacques m'ont laissé assez insensible, celui de la vieille Rose, passeuse d'une vie à l'autre, est fort réussi.

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #15
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