Citations sur 1, 2, 3... comptines ! (5)
Si les comptines, berceuses et chansons enfantines constituent le premier cercle culturel, de ceux qui fondent l'identité d'un groupe, voire d'un peuple, elles proposent aussi le premier apprentissage de la différence et la tolérance.
On ne saurait assez dire le bonheur que ressentent les enfants, et en particulier les handicapés, jusqu'à 6 ou 7 ans, à mémoriser ce genre de jeux chantés, à en maitriser les arrêts et les départs. Parfois, tout en s’exécutant, les enfants observent la façon de faire des petits amis, car faire le même geste ensemble, c'est signer son appartenance au groupe.
Il y a tant d'images cachées derrière une belle comptine. Il en est, je crois bien pour la plupart de celles qui ont traversé les générations. La langue s'y polit en même temps qu'elle s'y condense à l’extrême. Parce qu'il est question de l'initiation aux mots et à leur musique. c'est d'abord à la musique des mots qu'est sensible un tout-petit. Peu à peu le sens vient jouer avec les sons, avec les espaces, et les silences aussi.
Les comptines disent le monde... Elles l'épellent, à la manière d'un imagier, et disent l'énigme qui l'anime. D'une certaine façon, elles donnent le monde à l'enfant, elles le lui servent sur un plateau, ludique et créatif, pour qu'il le prenne, le monde, à bras le corps, le nomme et s'y retrouve.
La comptine, ça touche et ça trouble, ça éveille tous les sens, ça n'endort rien ni personne, ça surprend, ça saisit, ça ravit, c'est ça la comptine, avant tout : sensualité, et signifiants énigmatiques.