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Critique de natlc


Cécilia Dutter, déjà connu pour sa remarquable biographie d'Etty Hillesum revient ici avec un ouvrage collectif consacré à cette même figure – ou plus exactement à cette même femme. La force de ce nouveau titre tient en effet en grande partie en ce qu'il considère Etty Hillesum pour ce qu'elle est et non seulement pour les épreuves dramatiques qu'elle a vécues et qui l'ont fait connaître. Elle n'est plus seulement une figure de la Shoah, elle vaut pour sa trajectoire personnelle – et exemplaire. Aimante, amante, elle retrouve sa dimension charnelle et plus largement sa dimension humaine tant son être apparaît comme doué d'émotions multiples, de la solitude à l'amour. Etty Hillesum désire, désire fortement, et c'est certainement cela qui a mené Cécilia Dutter vers elle. Ce point me semble cependant, malheureusement, abordé trop brièvement ici, pour ainsi dire d'une façon incidente, bien que Jacques Arène, en particulier, s'y arrête à son tour avec cette fois un point de vue psychanalytique. En effet, tout concourt ici surtout à démontrer qu'Etty Hillesum, qui a également touché le coeur de croyante de Cécilia Dutter, représente, avant toute chose peut-être, la trajectoire idéale d'une vie de chrétienne. le désir charnel ne représente dans cette perspective plus qu'une étape vers un amour plus essentiel, celui des hommes dans leur ensemble, et c'est bien là l'une des conclusions amenées par cet ouvrage. Celle-ci, pour ce qu'elle est assez convenue depuis Saint-Augustin déjà, affaiblit l'ensemble et il est donc dommage qu'elle prédomine ainsi, même si cela n'est guère surprenant pour un livre provenant des éditions Salvator. Etty Hillesum devient un « guide spirituel », l'expression est utilisée par Jacques Arène, et sa puissance romanesque se perd dans le même temps à mesure que les regards portés sur elle, provenant pourtant d'horizons très différents (des représentants de différentes religions, un psychanalyste, un philosophe), finissent tous par converger en cette direction. C'est là ce qui fait son « universalité », tous pouvant s'approprier à leur façon ce qui constitue l'essence de la spiritualité de cette femme telle qu'elle se lit dans ses écrits comme dans son devenir, mais aussi ce qui détruit, à la lecture et à mon sens de lectrice du moins, son extrême singularité.
Je remercie toutefois les éditions Salvator de m'avoir permis la lecture de cet ouvrage grâce à l'opération Masse Critique et les prie de m'excuser pour le retard avec lequel je publie cette critique, qui plus est très nuancée.
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