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Critique de Presence


Ce tome contient les 10 épisodes de la minisérie "Age of Ultron", ainsi que l'épisode 12.1 de la série "Avengers" qui lui sert de prologue. Ces épisodes sont initialement parus en 2013. Ils sont tous écrits par Brian Michael Bendis (en abrégé BMB). Bryan Hitch a dessiné l'épisode 12.1 des Avengers, ainsi que les épisodes 1 à 5 d'Age of Ultron, et quelques pages de l'épisode 10, avec un encrage de Paul Neary. Les épisodes 6 à 9 ont été dessinés et encrés par Brandon Peterson. Les séquences de ces épisodes se déroulant dans le passé ont été dessinées par Carlos Pacheco, et encrées par Roger Bonet. L'épisode 10 a été dessiné par Hitch, Peterson, Pacheco, Alex Maleev et Butch Guice, secondés par plusieurs encreurs (Paul Neary, Roger Bonet, Tom Palmer et David Marquez). Joe Quesada dessine et encre 3 pages.

Prologue - Abigail Brand (responsable de l'organisation SWORD) explique aux Avengers (dont Captain America, surpris de découvrir son existence) que Spider-Woman a accepté une mission de repérage (car elle a été une Agent of S.W.O.R.D.) dont elle n'est pas revenue. L'équipe se rend sur place et découvre Ultron.

Age of Ultron - Les États-Unis sont devenus un vaste champ de ruines, où ne survivent que quelques poches d'humanité. Les superhéros ont été décimés. Les quelques survivants désespèrent d'échapper à la surveillance des drones Ultron, ils ne sont pas loin d'avoir abandonné tout espoir de pouvoir contrattaquer un jour. Hawkeye s'est lancé dans une mission de sauvetage de Spider-Man détenu par des Ultrons. Moon Knight et Black Widow essaient de trouver des informations secrètes sur Ultron. Captain America est prostré dans une cachette, incapable de surmonter le traumatisme occasionné par la destruction massive.

Le prologue a comme seule et unique fonction de réintroduire Ultron dans le temps présent. Bendis s'amuse lorsqu'Abigail Brand révèle sa mission à Captain America qui a du mal à croire que l'organisation SWORD ait pu exister sans qu'il le sache. C'est donc surtout l'occasion de retrouver les dessins de Bryan Hitch, dessinateur inoubliable des 2 premières saisons des Ultimates avec un scénario de Mark Millar. Il n'a rien perdu de sa capacité à dessiner de manière réaliste, avec un encrage légèrement arrondi de Paul Neary. Il sait toujours aussi bien caser un grand nombre de personnages par case, sans qu'ils semblent juste empilés au petit bonheur la chance. La ville de New York sert d'arrière plan, dans 2 cases magnifiques, avec des bâtiments très soignés.

Pour le scénario comme les dessins il faut attendre les épisodes d'Age of Ultron pour ressentir un souffle épique. New York est ravagé par la destruction, et Bryan Hitch s'en donne à coeur joie pour représenter les buildings éventrés et les décombres. Il a l'art et la manière pour faire croire à cette mégapole en ruine, pour dessiner des débris crédibles, jonchant les rues de manière plausible. Les héros ont tous une allure fatiguée et usée, en cohérence avec les épreuves qu'ils ont subies. de la même manière, le lecteur remarque de case en case, les objets que les superhéros ont récupérés (bidons métalliques, matériau ramassés dans la rue, etc.), accentuant encore l'ambiance de catastrophe destructrice

Les drones Ultron font quelques apparitions implacables et déshumanisées, survolant les décombres, massacrant sans pitié les êtres vivants. L'ambiance est oppressante et totalitaire. Paul Mounts renforce les dessins à l'aide de teintes sombres. Hitch crée des variantes des costumes de superhéros, déchirées, abîmées, ou simplifiées du fait de la pénurie générale (même en tissus). La majeure partie des superhéros (le peu qu'il reste) ont abandonné le port de leur cagoule n'ayant plus à se cacher de civils (presque tous exterminés). Seul Steve Rogers porte encore la sienne, comme un dernier rempart contre la terrible réalité.

De son côté, Bendis adopte une narration assez sèche, sans explication. La population de superhéros se compte sur les doigts de la main, ils évoquent la mort des plus grands (celle de Thor en particulier). Il se focalise sur 2 groupes (les Avengers d'un côté, Black Widow et Moon Knight de l'autre). le lecteur découvre la situation par bribe. Il s'agit d'un comics grand spectacle, post apocalyptique, focalisé sur la situation désespérée et l'absence d'espoir. Contre toute attente, Bendis réussit à faire croire à cette destruction massive, et à cette oppression qui n'a comme seul but que de tout éradiquer. le lecteur se laisse porter avec plaisir dans cette atmosphère glauque, dans ces environnements en ruine, guettant un signe d'espoir, en vain. Bendis et Hitch parviennent à attirer le lecteur dans ce New York ravagé, à capter son attention et à créer une situation qui semble réellement désespérée (pas si facile que ça à faire dans un univers partagé pullulant de superhéros).

Toutes les bonnes choses ont une fin : Bryan Hitch laisse sa place à Bandon Peterson à partir de l'épisode 6, et Bendis est bien obligé de passer à la phase où les superhéros reprennent l'offensive. Pour débloquer la situation, il a recours aux voyages dans le temps, domaine dans lequel il excelle pour noyer le poisson, ne rien expliquer et faire fi de toute logique. Son usage des voyages temporels est ici moins grossier que lors de tentatives passés, mais assez alambiqué pour que le lecteur finisse par baisser le bras pour essayer d'y trouver une logique. Comme dans un film à grand spectacle voué au divertissement, il laisse son regard critique au vestiaire (acceptant des situations, des comportements et une intrigue défiant le sens commun) pour se laisser porter par le spectacle.

Malheureusement, Brandon Peterson (et Carlos Pacheco pour les scènes dans le passé) n'ont pas les qualités d'Hitch & Neary. Peterson reproduit l'apparence des dessins d'Hitch, sans en avoir la consistance, la minutie et la nuance. Il produit des dessins de bonne facture, d'une qualité supérieure à la moyenne de la production mensuelle, mais inférieure à celle d'Hitch. Carlos Pacheco reproduit un peu mieux l'esprit d'Hitch, mais dans des dessins plus simples, moins consistants. du coup, Wolverine et Invisible Woman perdent en finesse. Leur langage corporel et leurs expressions des visages sont trop stéréotypés pour le dilemme moral auquel ils doivent faire face. La solution du conflit contre Ultron est basique mais acceptable du point de vue de l'intrigue. le dernier épisode se termine avec une demi-douzaine de pages consacrées à montrer les conséquences à venir de l'existence de cette époque d'Ultron.

Cette histoire commence avec un prologue la rattachant à la continuité de manière gratuite et permettant de retrouver Bryan Hitch en pleine forme. Les épisodes 1 à 5 forment une première moitié parfaitement réussie, grâce à des dessins permettant de s'immerger dans ce monde détruit et dominé par des êtres robotiques sans âme, et grâce à une narration factuelle, rapide et établissant sans doute possible la gravité désespérée de la situation. 5 étoiles pour cette première partie.

La deuxième partie souffre de la comparaison avec la première. Les dessinateurs venant terminer le récit (Hitch était en désaccord avec les responsables éditoriaux ce qui l'a conduit à aller voir ailleurs) sont de bon niveau, mais souffrent de la comparaison avec Hitch. Bendis joue maladroitement avec les paradoxes temporels. L'exécution du récit est assez fluide pour que le lecteur puisse continuer à profiter du divertissement, mais les ficelles sont un peu grosses et les paradoxes ne résistent pas à un regard un peu critique. 3 étoiles. Par opposition à Fear Itself, les changements annoncés ou constatés à la fin de l'histoire ont bien eu des conséquences rapidement ou à moyen terme, sans être effacés dans le trimestre suivant leur publication.
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