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Critique de motspourmots


C'est un livre court, le premier roman de l'auteur, paru en 1953 et mettant en scène une version singulière et très littéraire du triangle amoureux. Ou du triangle tout court car bizarrement, l'amour est le grand absent. On en parle, on le suggère, on devine qu'il est la cause des questionnements qu'il suscite et pourtant, plus on écoute les voix des trois protagonistes plus on le cherche. Dans ce livre, l'amour est occulté par l'idée que chacun s'en fait et même l'idée qu'il se fait sur ce que l'autre en pense. Ou comment le cerveau fabrique des illusions et enferme les individus dans des schémas de réflexion qui les isolent de leurs sentiments et les amènent à se regarder vivre au lieu de vivre.

L'histoire apparait sous les plumes de Miguel, Alicia et Lucas. D'abord celle de Miguel qui livre ses réflexions à son journal intime tout en souhaitant au fond de lui ne pas en être le seul lecteur. Par sa plume nous remontons le fil de sa rencontre avec Alicia, sa femme depuis 11 ans, mère de leurs deux enfants. Tous deux lycéens, ils ont intégré Lucas à leur bande avant d'être séparés pendant quelques années. Miguel est persuadé qu'Alicia aurait préféré vivre avec Lucas. Ce dernier est devenu écrivain à succès. Et sa voix à lui nous est proposée par l'intermédiaire d'un de ses textes, une fiction inspirée de sa vie. Quant à Alicia, sa parole se glisse entre les deux par le biais d'une simple lettre à son mari dans lequel se glisse ce constat : "Mon chéri, notre mariage n'a pas été un échec, mais quelque chose de bien plus terrifiant : un succès gaspillé".

Où se niche la vérité entre tous ces points de vue qui semblent se jouer des réalités pour mieux réécrire l'histoire ? La narration tendue, brillamment tenue offre au lecteur une matière à réflexion à chaque ligne, d'abord suspendu au récit de Miguel, tout en crescendo, en fausseté et en déni avant de se perdre dans les méandres de la fiction proposée par Lucas. Un journal intime, une lettre, un livre. La fiction n'est pas seulement où on l'attend.

Moralité de cette histoire : il faut traîner dans les petites librairies, se laisser séduire par une couverture ou le coup de coeur d'un libraire, se laisser embarquer dans l'inconnu et retourner comme une crêpe par un auteur dont on n'avait jamais entendu parler.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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