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Critique de zouips


Ce roman graphique, dans son organisation, absence de cases délimitées, sans véritables bandes, avec dessins et plans légendés, est en tout premier lieu le journal de bord, le carnet de voyage , le journal intime de la navigatrice Clarisse Crémer.
Clarisse va s'associer à la bédéaste Maud Bénézit pour nous raconter son parcours, celui d'une jeune femme devenue marin au long cours. Elle nous propose ici un récit au ton très personnel, loin des stéréotypes.
Nous la rencontrons pour la première fois en 1999, elle a neuf ans et contrairement à ses camarades de classe, n'a aucune vocation particulière. Après une excellente scolarité, elle entre à HEC et diplôme en poche devient « Start Up Nation Communicante ». Mais cette vie ne lui convient pas et elle s'échappe autant que possible pour retrouver ses amis en Bretagne, dont Tanguy, avec qui elle découvre la voile. En 2015 elle quitte Paris et ce qui n'était qu'un hobby va devenir un travail à temps plein. Après de quelques « petites courses » qu'elle remporte telle la Mini-Fastnet en 2017 avec Erwan le Draoulec, puis la Transgascogne qu'elle remporte en solitaire, elle termine 2ème de la Mini Transat. C'est en 2019 qu' elle prend la barre de l'Imoca Banque populaire, avec lequel elle termine 12e au Vendée Globe 2020-2021 en 87 jours 2 heures et 24 minutes, signant ainsi la meilleure performance féminine de l'histoire de cette course, battant par là même Ellen Mac Arthur. En 2023, après sa maternité, son sponsor Banque populaire choisit de l'écarter. Après la polémique que cela soulève, Banque Populaire annonce le 17 février 2023 qu'il se retire du Vendée Globe . C'est grâce à ses sponsors actuels et en particulier l'Occitane en Provence que Clarisse peut aujourd'hui encore rêver du Vendée Globe 2024 et avoir un regard apaisé sur cette aventure.
Cet album retrace essentiellement les circonstances qui l'amènent à participer au Vendée Globe 2020-2021, prestigieuse course en solitaire. C'est véritablement son journal de bord qui est mis en dessins par Maud Bénézit qui a su retranscrire avec sensibilité le quotidien à bord de Clarisse durant ces 87 jours de lutte contre les éléments, les avaries à réparer seule, les choix cruciaux à faire, le manque de sommeil, les moments de doute ou de tristesse mais aussi les moments d'euphorie, de communion avec son bateau et l' immensité bleue. Cette course au long cours est un défi physique qui est également propice à l'introspection, à un voyage intérieur que Clarisse nous livre ici. Elle se livre avec humour, honnêteté et une humilité permanente qui confine au syndrome de l'imposteur, comme si elle s'excusait d'être là alors qu'elle n'a pris la place de personne.
Clarisse détaille sa préparation physique, mentale et l'apprentissage de la navigation sur ce géant des mers, commencés plus d'un an avant la course. Elle évoque également la pollution des mers et des océans par ces OFNI ( Objets Flottants Non Identifiés) qui sont de véritables dangers pour les bateaux et pour la faune marine.
Une belle place est faite en fin d'album concernant le regard sur les femmes dans ce milieu encore majoritairement masculin. Chaque interview évoquait son sexe et non pas ses qualités de navigatrice. Elle aurait aimé un traitement identique à celui des hommes et ne pas être la première femme à passer la ligne d'arrivée mais un marin comme les autres à franchir la ligne à la douzième place. En 2023 sa grossesse lui a montré qu'un évènement n'a pas du tout les mêmes conséquences pour les hommes que pour les femmes !
Avec une narration fluide, un dessin épuré et l'utilisation de l'aquarelle qui sublime la beauté des océans et des couchers de soleil, on a vraiment l'impression d'être embarqué avec Clarisse sur cette coque de quelques centimètres au milieu des océans comme le résume très bien la couverture de l'album.
Nous avons ici un récit authentique et prenant. L'arrivée de Clarisse aux Sables d'Olonne après toutes les épreuves qu'elle a vécu et son étonnement de voir qu'elle est attendue par une foule immense est vraiment un moment de lecture émouvant qui nous fait monter les larmes aux yeux tellement on a l'impression d'avoir vécu tout cela avec elle.
« J'y vais mais j'ai peur » plaira aux passionnés de la mer comme aux curieux qui voudront découvrir la mythique course du Vendée Globe vécu de l'intérieur.

« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Delcourt/ Encrages pour cet envoi. »
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