AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PatriceG


L'île verte. 1932. Albin Michel. 40e mille. Collection jaune ..Dédié à Jean Martet, illustre inconnu aujourd'hui, plus que Pierre Benoit, poète, romancier qui fut le secrétaire particulier de Clémenceau, et son ami et confident jusqu'à la mort du Tigre en 1929. Par rapport à Pierre Benoit qui écrit ce livre en 1933, Jean Martet vivra 7 ans de plus pour mourir en 1940 à l'âge de 53 ans. le butin de ses voyages, lit-on, était le thème de ses romans, on peut dire la même chose de Pierre Benoit.. . Mais Pierre Benoit fut nettement culte de l'entre-deux-guerres à l'après-guerre.


"L'île verte. J'en avais entendu parler au hasard de la conversation par un ami, qui avait habité Blaye, dans son enfance, Blaye d'où l'on aperçoit le long ruban de l'île avec ses arbres ondulant au milieu des flots jaunes de la Gironde. "Quel endroit de rêve, avait-il ajouté, pour travailler paisiblement, à l'abri des raseurs ! " Sur le moment, je n'avais guère prêté attention au propos. Puis il m'était revenu en mémoire ; l'idée avait fait son chemin dans ma tête, si bien qu'un jour, ayant appris qu'un autre de mes amis était en excellents termes avec le propriétaire de l'île, je m'étais arrangé pour risquer devant lui une allusion à mon désir de passer là quelques semaines. Fort aimablement, il m'avait proposé de s'entremettre. Plus aimablement encore, l'île avait été offerte à ma libre disposition. Voilà à la suite de quelles circonstances je venais d'y débarquer aujourd'hui. Déposé le matin même à sept heures quatorze gare Saint-Jean par l'express de Paris, j'avais erré sans me presser dans les rues de Bordeaux. Puis, m'étant procuré une automobile, j'avais traversé le Bas-Médoc tout rougeoyant des teintes de l'automne, et gagné le port d'Arcins, par un itinéraire qui ressemblait à un catalogue de sommelier, et quel catalogue ! le canot de l'île était à son poste. J'y étais monté aussitôt avec mes bagages. La traversée du bras gauche du fleuve avait duré une vingtaine de minutes.

Le régisseur habitait une maison d'agréable apparence, située sur une petite esplanade boisée, à quelques mètres de l'embarcadère. C'était au premier étage de cette maison qu'une chambre pourvue d'un confort inespéré m'avait été réservée.

Je ne pris que le temps d'y faire déposer mes valises. J'avais hâte de me familiariser avec les choses de l'île.

Mon hôte m'attendait en bas, sur le seuil de la porte. C'était un homme d'une soixantaine d'années, plein d'affabilité et de modestie.
(...)
La vérité m'oblige à dire qu'il avait lu un de mes livres. Il risqua timidement, à leur sujet, un ou deux éloges, qui me firent bien augurer de son goût et achevèrent de me le rendre tout à fait sympathique.."

Un fragment presque pris au hasard de l'île verte qui est un peu une exception dans l'oeuvre romanesque de Pierre Benoit, classée romans d'aventure. Son thème ici, alors qu'on a l'impression en lisant le passage cité plus haut d'entrer dans une nouvelle aventure, est plus confiné, moins spectaculaire, plus poétique, plus nature, moins épique à travers les âges et l'anecdote historique qu'il nous raconte tellement bien. Mais on voit par cet extrait que même s'il met le curseur sur un itinéraire plus intime, le sens de la narration est toujours fabuleux, classique, écrit avec intelligence et clarté, coulant comme de l'eau de source.. Il nous donne vraiment envie de le suivre et quoi de mieux que le citer pour étayer ce que je veux dire ..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}