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Critique de Meygisan


Woah je viens de prendre une claque monumentale. Il y a bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé...!
Alors voilà le truc, quand vous ouvrez ce bouquin, vous ne pouvez plus le refermer avant la dernière page. Rien que ça!
L'accroche contextuelle constitue la première des forces de ce roman. Paul Béorn pose un univers horrible dans lequel la femme est considérée comme un objet, sans âme, et donc sans aucun droit, un univers dans lequel toutes les femmes sont la propriété du roi, un univers dans lequel des foires aux femmes et aux épouses sont monnaies courantes pour l'homme qui se cherche une fidèle, serviable et aimante épouse.
Un univers dans lequel la religion est source de pouvoir, d'autorité et de massacres sanglants, un univers dans lequel seuls les sangs bleus sont investis de pouvoirs là où les roturiers ne sont bons qu'à gratter la terre, et si par malheur la nature dote l'un d'entre eux d'une quelconque capacité surnaturelle, celui ci est alors assimilé au diable, ou est considérée comme une sorcière si c'est une femme.
Il faut bien évidemment voir en cela une énorme critique de notre propre société, et l'auteur pose là la réflexion sur le patriarcat, la dominance de l'homme sur la femme, des inégalités entre les sexes mais également la dominance des riches sur les pauvres...
C'est dans ce contexte fort déplorable que s'insurge les deux personnages principaux que sont le guerrier né Darran Dalh et la jeune Maura, sous les dires de celle ci qui raconte mot à mot la légende du guerrier indestructible au légendier D'Arterac, un conteur un peu particulier qui ne peut que retranscrire la vérité.
La narration choisie par l'auteur fait de Maura la narratrice. C'est donc à travers ses souvenirs et le récit qu'elle en fait que nous sommes au fait de l'histoire du royaume, de ses peuples et de ce fameux guerrier légendaire aux pouvoirs fabuleux. Elle raconte son récit alors qu'elle est en prison, attendant son exécution et ce seul point est essentiel à l'histoire qui se déroule sous nos yeux. Car il y a plusieurs histoires en une, plusieurs intrigues sous-jacentes qui s'entremêlent pour donner un récit d'une extrême complexité et d'une véritable richesse.
Plusieurs sources alimentent les histoires.
D'abord les personnages que l'on découvre au fur et à mesure. L'auteur ne tombant pas dans le piège de la multiplication inutile et alourdissante, mais se concentrant réellement sur les protagonistes qui font le récit. D'une part en développant et affinant leur personnalité et leur psychologie, d'autre part en nous montrant progressivement leur importance dans les intrigues.
Ensuite par le biais des différents événements qui égrainent l'histoire de Maura, intimement liée à celle de Daran Dahl (le mot intimement prendra toute sa saveur et sa densité tout au long du récit), et qui nous dévoileront à la fois l'intrigue mais également tout le contexte. Ceux ci nous permettront également de découvrir progressivement le système de magie, qui est de par sa simplicité d'une ingéniosité absolue. Imaginez que, par touché par la grâce du dieu unique (ici le dieu aux deux visages), vous acquerrez la capacité de développer des pouvoirs surnaturels, dont la puissance est proportionnelle à la foi que les gens ont en vous. Vous comprendrez alors l'importance des conteurs et autres colporteurs et ménestrels dans cette histoire ainsi que celle de la religion et de ses représentants... Personnellement je n'ai pu m'empêcher de faire le lien avec notre propre société qui donne du pouvoir à celle ou celui qui parle le plus fort, qui se montre sans arrêt, qui est sur tous les écrans, ou d'une autre manière tous ses influenceurs qui acquièrent de la notoriété et donc du pouvoir sur tous les "followers" qui les suivent aveuglément et les encensent sans plus de réflexion qu'un moineau....
Je viens de vous donner, en gros, la définition du Calame, la magie qui régule cet univers.
Une fois dit tout cela, on se rend compte que tout est lié, rien n'est dit au hasard, tout a son importance et sa place, et tout est essentiel à la compréhension de la trame.
Paul Béorn fait preuve d'une maîtrise exemplaire à la fois dans son récit, dans le scénario ( le chapitrage rythme le livre avec des révélations tantôt importantes tantôt moindres mais qui ont toute leur place et qui font avancer l'intrigue), dans le développement des personnages, mais également dans la construction et l'implantation du contexte.
Tout cela donne un récit d'une richesse, d'une densité et d'une profondeur à couper le souffle, comme rarement j'en ai rencontré dans le genre.
Allez j'en garde un peu pour le tome deux parce qu'il y a encore tellement à dire....
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