AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


Dan Simmons s'est servi de la poésie du romantique anglais John Keats pour écrire sa "Chute d'Hypérion". De même, Olivier Bérenval construit son grand roman "Nemrod" sur "La Légende des Siècles" de Hugo, dont il reprend, en termes de science-fiction, l'ampleur de vues, la dimension cosmique, le caractère épique. Les ressemblances de Nemrod avec Hypérion ne s'arrêtent pas là : on retrouve le même jeu habile entre des destins individuels, obscurs à ceux mêmes qui les subissent, et les événements de la grande Histoire qui finissent par les rejoindre. Comme dans Hypérion, l'humanité disséminée dans les étoiles partage son sort avec une communauté d'Intelligences Artificielles, non pas le TechnoCentre de Simmons mais presque ! De même encore, une invasion étrangère menace l'univers civilisé connu, mais sur ce point, Olivier Bérenval se distingue nettement de son modèle américain pour tenter, comme il peut, de peindre dans son roman une entité extraterrestre absolument étrangère, ce que les Extros de Dan Simmons ne sont pas. Les analogies se retrouvent même dans d'infimes détails, mais ce n'est en rien un reproche. La science-fiction n'est pas soumise, comme la littérature "mainstream", à l'impératif d'originalité et aux mythes de l'inspiration individuelle qui, depuis le Romantisme, encadrent la création littéraire. On peut parfaitement concevoir, en SF comme en fantastique, des continuations, des adaptations, des réécritures -- et le "plagiat" a des limites beaucoup plus souples. C'est tout l'intérêt de ces genres et ce qui les rapproche des littératures orales ou des cycles romanesques médiévaux.

Le lecteur prendra-t-il autant plaisir à lire "Nemrod" que "La chute d'Hypérion" ? En ce qui me concerne, ce n'a pas été le cas. Il y a une qualité d'émotion, une imagerie venues de Keats et de Simmons dont je n'ai pas trouvé l'équivalent dans le Nemrod hugolien de Bérenval. Est-ce la dimension sociale et politique, si gênante dans la SF française, qui a tendance à prêcher ? L'auteur est plutôt discret là-dessus et ne nous assène pas trop ses grandes leçons morales, ses analogies lourdingues, comme le premier Andrevon ou Pierre Bordage venus. Mais je me suis ennuyé à la lecture de ce pavé stellaire de 550 pages, alors que les 560 p. de Dan Simmons, dépourvues du moindre prêchi-prêcha, m'ont continuellement enchanté. L'un fait du remplissage, l'autre pas. Comme ce jugement n'est que le mien, je renvoie le lecteur curieux à la remarquable critique fouillée que nous devons ici-même à Alfaric. Ce spécialiste du genre a écrit un compte-rendu plus utile que celui-ci.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}