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Critique de gromit33


Il est écrit « roman » sur la couverture de ce livre mais est-ce vraiment un roman ou plutôt un récit, un texte autobiographique, une quête, une recherche d'origine.
Le point de départ est une énigmatique carte postale, reçue par la mère de la narratrice-auteure, sur laquelle est inscrit simplement des prénoms : ces prénoms sont ceux des grands parents de l'auteure, mais elle n'a connu que Myriam, la mère de sa mère, Lélia (à qui a été adressé anonymement la carte). Elle va, plusieurs années après la réception de la carte, mener une enquête, en interrogeant sa mère (qui a déjà des archives dans son bureau, des boîtes avec des photos, des papiers administratifs, des articles...), en questionnant un détective privé (un cabinet célèbre parisien (clin d'oeil à Truffaut)), un graphologue.
Puis elle va remonter aux années 40 et découvrir l'histoire de ces aïeuls.
J'ai déjà lu des textes, récits, romans sur cette terribles période, d'ailleurs Anne Berest en cite quelques uns : les textes de Nemirosky, « les disparus » de Mendelsohn..)
D'ailleurs, certains passages font écho à d'autres lectures ( ceux de Walter Benjamin, de Marguerite Duras et en particulier son texte, « la douleur » et l'attente du retour de son mari et des scènes au Lutetia), mais Anne Berest nous raconte sa quête d'une façon personnelle, intime, et avec une écriture fluide, nous ne lâchons pas cette lecture. Elle mêle des pages intimes, sur sa vie quotidienne (relation avec sa mère, sa fille, son nouveau amoureux) et des pages historiques, romanesques (des pages terribles sur le camp de Pithiviers, ou dans les couloirs du Lutétia..), des pages d'enquêtes (visite au détective privé, porte à porte dans le village où avaient vécu ses grands parents), Nous croisons aussi des personnages connus (Picabia, René Char...)
Un livre émouvant, qui ose poser des questions terribles sur l'histoire et sur notre perception de ces événements du passé, mais aussi sur aujourd'hui (des pages émouvantes sur le choix des prénoms de nos enfants (qui est une cruelle actualité pour notre prochaine campagne électorale). Sur ce dont on fait de nos origines, d'où l'on vient, ce qu'il ne faut pas oublier, ce qui peut ou pas être occulté, tu, pardonné.
Je me suis souvent demandée s'il est possible de raconter l'inimaginable mais certains textes y parviennent et je pense que le texte d'Anne Berest y parvient.
Un texte intime, délicat, historique. Anne Berest réussit à se raconter, à nous interroger sur l'histoire, sur nos origines, sur le passé, qui surgit parfois de façon inattendue (une carte postale, une « plaisanterie » dans une cour d'école, un tag anonyme sur un mur.) Elle nous fait aussi comprendre, appréhender nos comportements face à l'histoire : doit on en parler, ressasser, oublier ?? Chacun a sa réponse : pas toujours facile de parler de moments tragiques, inaudibles (de belles pages sur ce questionnement avec le retour des déportés et leur accueil dans les gares parisiennes et l'hôtel Lutetia) mais il faut aussi avancer (de belles pages sur les vacances paisibles chez la grand mère).
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