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Critique de Balafoutas


Quand Pierre Nora, éditeur de la collection d'histoire "les 30 journées qui ont fait la France" demande à Emmanuel Berl un ouvrage sur "la fin de la IIIème République", en tant que témoin aux premières loges du désastre de 1940, Berl hésite. II n'est pas un historien ; mais il souhaite finalement, non pas alimenter les débats, furies, invectives et petits arrangements avec l'histoire qui accompagnent depuis des décennies la narration de l'effondrement français, mais donner sa version des faits, tels qu'il les a connus.

Livre subjectif donc mais de ce fait livre passionnant. Berl nous donne un récit de première main, nourri de ses échanges d'alors avec de nombreux responsables politiques de premier rang qu'il connaissait presque tout personnellement.

Livre nourri également d'un sens de l'observation et d'une capacité d'analyse hors pair, ce qui donne un livre d'une grande subtilité. Pas de manichéisme, pas d'anathème mais une tentative d'aller au plus profond des prises de décisions et des caractères. Berl laisse aux historiens l'explication plus ou moins exhaustive des faits ; il préfère retracer (souvent avec ironie) les questions (parfois douloureuses), les effarements, les indignations... qui l'ont traversées pendant ces semaines tragiques.

Il trace des portraits saisissants (Paul Reynaud, Laval, Mandel, Pétain...), il a un merveilleux sens du raccourci, la lecture offre des régals de style. La fin est émouvante, en particulier quand il revient sur ce qui a pu entraîner des hommes sur la voie de la "Révolution nationale" pétainiste et de la collaboration : des personnalités animées par la haine de soi, des "juges pénitents" qui professaient des leçons de vertu, "pro-allemands par ce que antifrançais et anti-français par haine de tous les abandons, de toutes les compromissions, de tous les manquements qu'ils se reprochaient, ne se pardonnaient pas eux-mêmes, ils devenaient autant de petits Saint Just".

On dirait que les choses n'ont pas beaucoup changé...
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