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Critique de Myiuki


Si j'ai craqué sur cet album et que j'ai décidé de le lire, c'est avant tout à cause de sa couverture que j'ai trouvé tout simplement magnifique. La deuxième raison en était le titre. Moi qui suis une mordue du Japon, je ne pouvais pas passer à côté d'une histoire de samouraï, fusse-t-elle des plus courtes. C'est donc avec un réel plaisir que j'ai entamé ma lecture et je dois dire qu'au final, l'adage dit vrai, il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Je m'explique.

Tout d'abord, même si l'illustration de la couverture est superbe, j'ai trouvé que celles présentes dans l'album en lui-même, quoique très expressives et représentatives, étaient d'une moins bonne qualité, enfin, ce n'est peut-être pas le bon mot, disons qu'elles étaient de qualité inégale. Je n'ai pas toujours apprécié la technique choisie pour les dessins, en fait, ce qui m'a gênée, c'est que certains sont très beaux, précis, on sent bien le trait un peu plus appuyé, alors que d'autres sont plus "évasifs", se présentent plus sous une forme d'aquarelle qui ne définit pas réellement les traits mais les suggèrent. J'ai plus de mal dans ces cas-là. Malgré tout, les dessins arrivent à porter la poésie de l'histoire qui nous est contée, ils ont réussi à m'emporter dans un autre monde. Certains ne m'ont pas touchée, d'autres m'ont émue ou terrifiée. Passer de l'indifférence à une émotion soutenue m'a surprise, j'aurais sans doute préféré que l'intensité soit la même à chaque dessin ... Ce qui m'a surtout marqué, ce sont les dessins où l'on voit la fille du samouraï, qui ne parle pas. Son silence est démontré par le dessin avec une intensité incroyable, on ressent le poids de son regard derrière la papier glacé. Sa beauté et sa grâce sont très bien rendues, de même que son côte digne, solennel. Là, j'ai été subjuguée.

Mais, l'apparence ne faisant pas tout, il y a aussi un contenu dans cet album. Donc, parlons maintenant de l'histoire en elle-même. J'ai trouvé l'écriture très simple, facile à comprendre pour des enfants, intéressante. Mais j'ai ressenti comme une légère mollesse dans l'ensemble, c'est un peu "facile". Il s'agit d'un concours de contes orientaux auquel se présente, entre autres mais ce sont les personnages principaux, un homme et une femme, qui se présentent sur la scène vêtus de façon traditionnelle japonaise. Déjà, je n'ai pas aimé ce concept des "étrangers" qui viennent sur scène uniquement pour divertir les occidentaux, où est la majesté de l'histoire là-dedans, sa dignité ? J'ai trouvé que l'idée du concours amoindrissait sa portée, le côté spectacle lui fait perdre en profondeur, même si cela lui permet parfois de gagner en intensité avec les différents tableaux qui se succèdent. Notamment quand on imagine la musique jouée par la femme et qui suit le rythme des paroles du conteur. le côté "mise en scène" m'a dérangée, maintenant, il est bien expliqué que c'est un concours "d'histoires vraies ou presque", bien sûr, ça laisse sous entendre que tout "ou presque" est inventé, mais je ne sais pas, j'aurais sans doute voulu pouvoir y croire un peu plus à cette histoire justement, parce qu'elle est belle.

L'homme sur la scène nous raconte son histoire, et celle de sa compagne. Ils s'appellent Tomé et Tomo. Tomé, c'est le jeune homme qui se tient face au public et déclame son histoire, Tomo, c'est la jeune femme qui reste en retrait derrière lui et qui accompagne son récit de son silence et de sa musique. Tomé va conter au public son histoire, celle du naufrage qui l'a conduit à se retrouver sur l'île de Tomo, où elle vivait seule avec son père. On apprend que ce dernier, aveugle, était un grand maître samouraï. Il va recueillir Tomé dans sa maison et lui enseigner la Voie, un code de combat, un code d'honneur, une façon de vivre, précieuse, un savoir, inestimable, qu'il va lui transmettre comme à une fils. Bien sûr, on se doute dès le départ que Tomé ne pouvait pas résister aux charmes de la fée Tomo. Très vite, ils tombent amoureux, mais une malédiction sévit dans la région qu'ils habitent. de puissants et féroces guerriers-démons, dresseurs de dragons, habitent une île pas très loin de la leur et enlèvent Tomo par vengeance contre son père qui autrefois s'est levé contre eux. S'ensuit un combat féroce pour libérer Tomo. On connaît la fin de l'histoire puisqu'elle est sur scène devant nous. C'est une histoire belle, triste, palpitante, fascinante, emplie de danger et de rebondissements, malgré ça, j'ai eu du mal à me laisser emporter par elle, à ressentir réellement quelque chose. C'est dommage parce que vraiment on sent l'histoire incroyable et captivante derrière mais, une fois encore, j'ai trouvé les mots un peu faibles ...

La scène finale quant à elle est celle qui a sans doute eu le plus de portée pour moi, c'est celle où Tomé et Tomo se dénudent pour monter aux spectateurs leurs corps recouverts de tatouages, de signes. Ces tatouages représentent la Voie véritable, celle du maître samouraï Masumi Musashi, qu'il leur a légué en héritage mais qui ne doit pas tomber entre les mauvaises mains. C'est un lourd secret qu'ils portent sur leurs corps, un héritage fort. Voilà ce que j'aurais voulu découvrir un peu plus, cette vie de samouraï, finalement, on en voit que quelques bribes, c'est suggéré mais pas approfondi. Quand le titre m'a interpellée, je me suis dit que j'allais forcément en apprendre beaucoup plus sur les samouraïs, eh bien non. On en apprend un peu, bien sûr, car à un moment donné, Tomé explique toutes les techniques et tactiques que le père de Tomo lu a enseigné, mais j'aurais voulu les voir en action. L'histoire des samouraïs est tellement fascinante, que ça m'a cruellement manqué. Maintenant, je comprends que, dans un album, on ne peut pas trop en dire, mais ça m'a vraiment laissée sur ma faim ...

En effet, c'est un album intéressant que j'ai lu, mais qui n'a pas su me passionner comme je m'y attendais. C'est une belle histoire qui nous est racontée, il y a du danger, de l'amour, des traditions, ça a beaucoup de poids sur le récit mais j'ai trouvé que ce dernier manquait de "puissance" pour réellement mettre tout ça en valeur. L'idée de départ est originale, c'est la mise en forme qui amoindrit son impact je trouve. Seules quelques illustrations ont sauvé cet album à mes yeux, mais je ne sais pas si j'en garderai un souvenir impérissable ... C'est un album qui se lit comme on regarde une pièce de théâtre, il faut se laisser entraîner sur le chemin de l'illusion, du conte lu à haute voix, s'imaginer la musique, les silences aménagés qui apportent à l'intensité de l'histoire, si on le lit juste pour le lire, la magie n'opère pas, il faut se l'imaginer vivant. J'ai déjà vu une pièce japonaise où se mêlait le conte lu et la musique, c'est envoûtant, magique. Si on s'imagine cet album comme au théâtre, ça prend tout son sens. Il faut la ressentir, entendre les cordes et les voix vibrer pour pouvoir s'imprégner de l'atmosphère du conte, sans ça, on passe à côté. Malgré tout, même en visualisant le tout de cette manière, je n'ai pas réussi à accrocher.

Pour conclure je dirai que c'est une jolie histoire pour une agréable lecture. Si vous voulez découvrir quelques miettes de la culture japonaise, c'est une petite initiation sympathique à sa grande histoire et vous serez sans doute touché par la belle histoire d'amour de Tomé et Tomo, par l'intensité de ces deux personnages qui se racontent à leur manière. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture.
Lien : http://coeurdelibraire.over-..
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