AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arakasi


Le XVIe siècle, un siècle de femmes ? C'est du moins ce qu'essaie de nous démontrer Simone Bertière à travers ces deux tomes consacrés aux reines de France au temps des Valois. Non qu'elle souhaite présenter la France des Valois comme un régime matriarcal - ce qu'elle n'a jamais été - mais si il fut un siècle où le rôle des femmes fut prépondérant en France, ce fut bien celui-là marqué à la fois par les fastes de la Renaissance et par les débordements sanguinaires des guerres de religion. Ces femmes de pouvoir furent parfois reines, comme la redoutable Catherine de Médicis ou l'altière Anne de Bretagne, mais elles furent aussi très souvent tante, mère, soeur, voire même maîtresse de roi, car le trône royal n'est pas toujours le lieu le plus confortable d'où exercer le pouvoir pour un main féminine. Témoins les malheureuses Claude de France ou Eléonore d'Autriche qui exercèrent bravement leur rôle de juments poulinières auprès d'un époux indifférent ou obsédé uniquement par sa descendance.

Avec son sens aigu de l'analyse et son style enlevé, plus proche de celui du roman que de celui de l'essai professoral, Simone Bertière s'applique à faire sortir de l'ombre ces différentes figures féminines. Si elle accorde davantage de place aux plus renommées - ce qui est parfaitement logique puisque leur rôle dans l'Histoire de France fut particulièrement important - elle ne néglige pas pour autant les oubliées, celles que la Mémoire collective a méprisées et jetées au rebut, les jugeant trop plates pour leur accorder plus de quelques lignes dans les manuels d'histoire. Mais ces femmes-là aussi définissent la figure de la reine ! Souvent plus appréciées par leurs sujets que leurs homologues plus actives, elles incarnent ce qu'une reine de France devrait être aux yeux de la religion, de la noblesse et du peuple : bonne, vertueuse, docile, sans ambition et - surtout, surtout, surtout - féconde.

Pourtant la première moitié du XVIe siècle regorge de figures de femmes puissantes et ambitieuses... Elles ne sont guère aimées, ni de leur contemporains et ni, très souvent, des historiens modernes. On se méfie toujours d'une femme au pouvoir, d'autant plus que sa prééminence trahit souvent un royaume en crise. C'est une loi mathématique mainte fois prouvée : quand le pouvoir du roi flanche, celui de la reine s'élève. Simone Bertière les aime, elle, ces reines si réprouvées. Elle admire leur audace, leur fermeté, leur pragmatisme et même leur relative duplicité. On reproche souvent sa fierté à Anne de Bretagne et sa rouerie à Catherine de Médicis, mais sont-ce là vraiment des vices quand il s'agit d'exercer un pouvoir incertain dans un monde d'hommes brutal et misogyne ? C'est sur ces deux figures de femmes fortes que s'ouvre et se ferme ce premier tome prénommé “Le beau XVIe siècle” en contraste avec les guerres de religion qui suivront. En tournant la dernière page, nous abandonnerons Catherine au lendemain du veuvage et au moment où s'apprête à commencer son véritable règne. Il sera long, violent et plein de rebondissements, mais ceci fera l'objet d'une autre critique consacrée au second opus, “Les années sanglantes”. Un excellent premier tome, à lire sans faim comme la totalité de la saga consacrée aux reines de France de Mme Bertière.
Commenter  J’apprécie          200



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}