AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les Reines de France au temps de... tome 1 sur 2
EAN : 9782253138730
351 pages
Le Livre de Poche (03/01/1996)
4.35/5   184 notes
Résumé :
Nous ne connaissons bien souvent que le nom des reines de France, princesses étrangères mariées par politique, silhouettes figées dans le cérémonial de la cour, vouées à un éternel second rôle quand elles ne sont pas publiquement bafouées par les maîtresses de leur royal époux…
Simone Bertière fait revivre ici, avec en toile de fond la Renaissance et ses admirables châteaux, quelques-unes de ces figures trop souvent dédaignées par les historiens.
De l... >Voir plus
Que lire après Les Reines de France au temps des Valois, tome 1 : Le beau XVIe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
4,35

sur 184 notes
5
20 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quelle excellent moment de lecture j'ai passé avec ce livre formidable et passionnant !

Depuis quelques temps je suis totalement obsédée par le XVIe siècle, plus particulièrement sur sa deuxième moitié à partir du règne de François II et je me suis rendue compte que j'en savais finalement assez peu sur la première moitié de ce grand siècle. Surtout que j'aime particulièrement la vie des reines de France, donc lorsque je suis tombée sur ce livre de Simone Bertière dédiée aux reines de France du début du XVIe, je me suis évidemment empressée de l'acquérir.
Et qu'il fut passionnant à lire ! Je l'ai dévoré en quelques jours à peine. Simone Bertière a un indéniable talent pour raconter l'histoire. Sa plume est fluide, claire, et dynamique !

Ce livre est donc le premier tome d'une duologie consacrée au Valois, intitulé «Le beau XVIe siècle» car les guerres de religion n'avaient pas encore débuté et le pays se portait plutôt bien économiquement et socialement. Simone Bertière va nous raconter l'histoire de six reines de France : quatre quasiment oubliées de la mémoire collective et deux illustres que sont Anne de Bretagne et Catherine de Médicis (bien que pour cette dernière ce ne sont que ses débuts qui sont relatés car la majeure partie sera dans le tome suivant).
Ses six reines ont été les épouses de seulement trois rois de France ! Et oui, il faut un peu s'accrocher car à peu près tous les personnages dont il est question dans le livre ont chacun été mariés minimum deux fois, voir trois !

Tout d'abord l'ouvrage commence par un petit chapitre qui explique et détaille ce qu'est, de façon générale, le «métier» reine de France; mariage, représentation et pouvoir. J'ai trouvé ça absolument génial car ça permet de remettre en perspective le rôle qui leur échoit, le pourquoi et le comment, et les attentes qui sont celles de ce siècle.
On va donc commencer avec la duchesse Anne de Bretagne, cette femme au destin pour le moins unique, épouse consécutivement de deux rois : Charles VIII et Louis XII, donc deux fois reine de France ! Une reine qui batailla longtemps pour préserver sa chère Bretagne malgré la guerre qui y sévit, qui surmonta la perte de son père, accepta l'alliance avec la France, tenta de concilier les interêts du royaume et ceux du duché, d'assurer son rôle d'épouse et celui de mère marqué par les malheurs et les deuils répétitifs, qui essaya d'influer sur la politique extérieur du pays et assurer un avenir à ses enfants, bref une femme que l'adversité a forgé et qui toute sa vie a fait montre d'un courage incroyable pour rester maîtresse de son destin. Elle sera également la première à créer une "cour" c'est à dire; raffinement, élégance esthétique, courtoisie, etc., au coeur de la vie royale. C'est de toutes celle qui m'a le plus marquée !
Ensuite on découvrira l'histoire à peine croyable de la première épouse de Louis XII (avant qu'il n'épouse Anne), Jeanne de France, fille du roi Louis XI, dite «l'estropiée» car elle souffrait d'une infirmité qui fit d'elle, sa vie durant, une sorte de paria, et que Louis XII répudiera après 20 ans de mariage au prix d'un procès retentissant et pour le moins humiliant. J'ai été fascinée de découvrir femme, qui n'a été reine que 8 mois, mais qui a fait preuve d'un honneur et d'une dignité extraordinaire dans la tourmente qu'elle a subit. Après tout ce tumulte elle se retirera dans un couvent jusqu'à la fin de sa vie et sera canonisée en 1742. Puis ce sera au tour de Marie d'Angleterre, soeur de Henri VIII, que Louis XII épousera en troisième noces, d'être à son tour reine "éclaire" car le roi meurt seulement trois mois après leur mariage. Néanmoins elle fut intéressante à découvrir car c'était une femme frivole et pleine de vie, amoureuse de son Duc de Suffolk qu'elle épousera en secret à Paris avant de retourner dans leur Angleterre natal et y vivre une vie tranquille.

Louis XII mort, on passe au règne du grand François Ier, qui a épousé la fille d'Anne de Bretagne, Claude. Celle-ci n'aura malheureusement pas de quoi s'imposer dans les esprits...En dix ans de mariage elle enfante sept fois puis meurt tout simplement. Mais François Ier lui portait un grand respect et un grand égard, délicatesse qu'il n'aura pas pour sa seconde épouse Éléonore d'Autriche, soeur du grand Charles Quint (dont on découvrira la relation fraternelle intense), qui déjà d'être d'un naturel effacé sera en plus humiliée par le dédain du roi et par la présente constante de l'illustre favorite royale Anne de Pisseleu. Mais dans le règne de François Ier ce ne sont pas ses épouses qui ont été les femmes les plus marquantes; ce sont sa mère Louise de Savoie et sa soeur Marguerite de Valois. Ces deux femmes ont durant tout le règne, aimé, choyé, protégé le roi, elles ont veillé à ses interêts, assuré la régence durant sa captivité, intervenu dans les conflits politiques, bref elles ont été d'un pouvoir et d'une influence déterminante ; à côté d'elles aucune épouse ne pouvait faire le poids.

Enfin, la petite Catherine de Médicis va faire son entrée à la cour de François Ier, qui l'avait marié à son second fils Henri II (sans imaginer une seconde que l'ainé mourrait et que Catherine deviendrait un jour reine de France...), il prend sous son aile cette petite florentine qu'il va finir par apprécier. C'était fascinant de découvrir une toute jeune de Catherine de Médicis, encore perdue et isolée à la cour de France, de voir comment elle est partie de n'être quasiment rien, pour plus tard devenir tout...

Il est aussi important de dire qu'en découvrant toutes ces reines on découvre aussi bien évidemment les rois de France, le contexte historiques et politique de chaque règne et également tout l'entourage familiale de chaque personnage traité. C'est donc un livre qui, bien qu'il soit centré sur les reines, balaye globalement l'histoire de France (et d'Europe), et j'ai adoré cet aspect qui a rendu le livre encore plus passionnant. Grâce au talent de Simone Bertière on ne se perd pas dans la multitude de liens, chaque chapitre a des sous chapitres, c'est aéré, c'est clair. de plus, en fin d'ouvrage, on a plusieurs arbres généalogiques extrêmement utiles permettant se repérer.

Ce livre m'a absolument passionnée et captivée. Mais aussi émue, ces femmes m'ont touché et je me suis même prise d'affection pour certaines. J'ai trouvé merveilleux de redonner à toutes ses femmes la place qu'elles méritaient dans nos mémoires. Simone Bertière a su rendre "hommage" à chacune d'elles dans leur champ d'action et de vie : qu'elles furent flamboyantes ou effacées, discrètes ou imposantes, influentes ou pas, mère ou pas, chacune a été dépeinte telle qu'elle était et toujours avec empathie, mais sans complaisance. Leurs défauts et leurs qualités sont présentés à nous, telles de femmes tout simplement humaines, des femmes de leurs temps et de leurs rangs, qui ont fait avec leurs temps et leurs rangs.
Commenter  J’apprécie          164
Je ressors légèrement déçue de cette lecture. Pour avoir entendu Simone Bertière dans des émissions télévisées, j'imaginais qu'elle nous conterait le destin de ces femmes de manière plus vivante, en donnant davantage la parole à ses "héroïnes", les reines de France de la première moitié du XVIème siècle et quelques autres grandes figures féminines proches de la royauté.

Ce n'est pas un roman historique, mais un essai historique : l'auteur s'en tient aux faits, à l'aspect politique de leur mariage et on n'entre pas vraiment dans l'intimité des reines.
Il m'a manqué un point de vue plus personnel où l'auteur donnerait la parole, ou presque, à ces femmes qui ont toutes eu un destin à part du fait de leur position.
Commenter  J’apprécie          320
Le XVIe siècle, un siècle de femmes ? C'est du moins ce qu'essaie de nous démontrer Simone Bertière à travers ces deux tomes consacrés aux reines de France au temps des Valois. Non qu'elle souhaite présenter la France des Valois comme un régime matriarcal - ce qu'elle n'a jamais été - mais si il fut un siècle où le rôle des femmes fut prépondérant en France, ce fut bien celui-là marqué à la fois par les fastes de la Renaissance et par les débordements sanguinaires des guerres de religion. Ces femmes de pouvoir furent parfois reines, comme la redoutable Catherine de Médicis ou l'altière Anne de Bretagne, mais elles furent aussi très souvent tante, mère, soeur, voire même maîtresse de roi, car le trône royal n'est pas toujours le lieu le plus confortable d'où exercer le pouvoir pour un main féminine. Témoins les malheureuses Claude de France ou Eléonore d'Autriche qui exercèrent bravement leur rôle de juments poulinières auprès d'un époux indifférent ou obsédé uniquement par sa descendance.

Avec son sens aigu de l'analyse et son style enlevé, plus proche de celui du roman que de celui de l'essai professoral, Simone Bertière s'applique à faire sortir de l'ombre ces différentes figures féminines. Si elle accorde davantage de place aux plus renommées - ce qui est parfaitement logique puisque leur rôle dans l'Histoire de France fut particulièrement important - elle ne néglige pas pour autant les oubliées, celles que la Mémoire collective a méprisées et jetées au rebut, les jugeant trop plates pour leur accorder plus de quelques lignes dans les manuels d'histoire. Mais ces femmes-là aussi définissent la figure de la reine ! Souvent plus appréciées par leurs sujets que leurs homologues plus actives, elles incarnent ce qu'une reine de France devrait être aux yeux de la religion, de la noblesse et du peuple : bonne, vertueuse, docile, sans ambition et - surtout, surtout, surtout - féconde.

Pourtant la première moitié du XVIe siècle regorge de figures de femmes puissantes et ambitieuses... Elles ne sont guère aimées, ni de leur contemporains et ni, très souvent, des historiens modernes. On se méfie toujours d'une femme au pouvoir, d'autant plus que sa prééminence trahit souvent un royaume en crise. C'est une loi mathématique mainte fois prouvée : quand le pouvoir du roi flanche, celui de la reine s'élève. Simone Bertière les aime, elle, ces reines si réprouvées. Elle admire leur audace, leur fermeté, leur pragmatisme et même leur relative duplicité. On reproche souvent sa fierté à Anne de Bretagne et sa rouerie à Catherine de Médicis, mais sont-ce là vraiment des vices quand il s'agit d'exercer un pouvoir incertain dans un monde d'hommes brutal et misogyne ? C'est sur ces deux figures de femmes fortes que s'ouvre et se ferme ce premier tome prénommé “Le beau XVIe siècle” en contraste avec les guerres de religion qui suivront. En tournant la dernière page, nous abandonnerons Catherine au lendemain du veuvage et au moment où s'apprête à commencer son véritable règne. Il sera long, violent et plein de rebondissements, mais ceci fera l'objet d'une autre critique consacrée au second opus, “Les années sanglantes”. Un excellent premier tome, à lire sans faim comme la totalité de la saga consacrée aux reines de France de Mme Bertière.
Commenter  J’apprécie          200
[Chronique de novembre 2011 pour l'ensemble de la saga des Reines de France]

Il y a maintenant des années, j'ai lu la saga des Reines de France de Simone Bertière, que j'avais adorée et dont j'ai gardé un excellent souvenir. Ma mère et moi avons dévoré ces livres, qui comptent parmi les seuls qu'on ait toutes les deux aimés ! La chronique date pas mal donc (novembre 2001, et à ce moment-là j'avais déjà fini de les lire depuis plusieurs mois), mais j'espère que vous l'apprécierez.

J'aime particulièrement ces couvertures, car ce sont des tableaux, des portraits, qui permettent d'imaginer les personnages physiquement, car c'est parfois difficile à faire seulement avec des descriptions écrites. Au milieu de chaque livre se trouvent plusieurs pages de portraits, même de personnages beaucoup plus « secondaires » que les rois et reines. A la fin on trouve une bibliographie très complète des ouvrages et sources utilisés par l'auteure, ainsi qu'une chronologie détaillée à laquelle il faut se référer fréquemment si ‘on veut bien suivre le déroulement des événements, car si Simone Bertière tente de suivre le temps, il est parfois plus pratique de consacrer un chapitre à un personnage particulier, quitte à faire pour cela des bonds en avant ou en arrière dans le temps.

La saga commence donc au XVIème siècle, avec le premier tome le beau XVIème siècle, avec une femme hors du commun : Anne de Bretagne (en portrait en train de prier sur la première couverture en haut à gauche). Duchesse de Bretagne, elle a été mariée à deux rois de France (Charles VIII et Louis XII) et lutta toute sa vie pour préserver l'indépendance de son duché, en tentant d'empêcher qu'il ne tombe dans le domaine royal. Avant son remariage avec Louis XII, celui-ci était marié à Jeanne de France. Il fit annuler son mariage avec celle-ci pour épouser Anne de Bretagne. Jeanne passa le reste de sa vie dans un ordre monastique qu'elle avait créé. Elle fut d'ailleurs béatifiée au XVIIIème siècle.
Après la mort d'Anne de Bretagne, Louis XII se maria en troisièmes noces avec Marie d'Angleterre, une Tudor qu'il laissa veuve après quelques mois de mariage. Elle refit sa vie sans marquer l'Histoire France. Claude de France, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, récupéra le duché de sa mère et fut mariée au successeur de son père, François Ier, dont le père était le cousin de Louis XII (faut suivre hein). Ni elle, ni Eléonore de Habsbourg qui épousa François Ier en secondes noces ne laissèrent une grande trace car elles étaient des femmes effacées, soumises à leur rôle de mère des enfants royaux et de représentation. Cette condition des reines de France va commencer à changer par le choix de François Ier pour l'épouse de son fils, le futur Henri II : Catherine de Médicis. La première partie de la vie de Catherine en France ressemble fort à quelque chose de désagréable : étrangère, elle est particulièrement mal acceptée à la cour en raison de ses origines (sa famille est issue des sphères financières et non pas vraiment de la noblesse) et toute l'attention est tournée vers l'extraordinaire favorite du roi, Diane de Poitiers. A sa mort, Catherine voit enfin l'occasion d'accéder au pouvoir, car Henri III va la laisser régente avec de nombreux enfants.

Le deuxième tome, Les Annés sanglantes, reprend donc avec Catherine de Médicis à la tête du Royaume. Elle est ce qu'on appelle une « reine-régente ». Ses trois fils vont se succéder tour à tour : François II, Charles IX et Henri III. François II épousa très jeune, avant même d'être roi, Marie Stuart d'Ecosse. Elle ne fut pas reine longtemps car François II ne vécut pas longtemps. Sa vie à elle fut longue et mouvementée : devenu veuve, elle retourne en Ecosse pour y régner, son père étant lui aussi décédé. Elle va se faire de nombreux ennemis, en particulier sa cousine Elisabeth Ière, reine d'Angleterre, qui finit par lui faire couper la tête. Sur sa vie, je vous conseille le très bon Secret d'Histoire qui a été fait à son sujet. Charles IX vit son règne marqué par les massacres de la Saint-Barthélémy, et il mourut fou. Son épouse fut Elisabeth de France, qui devint veuve à 19 ans. Comme Jeanne de France, elle termina sa vie dans un couvent. Elle meurt à trente-sept ans, en pleine dévotion. Henri III épousa Louise de Lorraine, qui se prit d'une réelle affection pour lui. Après son assassinat, elle resta inconsolable et mourut dans le chagrin.
A Henri III succéda Henri IV, marié lors de son accession au trône à la soeur de son prédécesseur, Marguerite de France. Elle ne fit rien « d'historique » mais était une femme de lettres, très intelligente et une grande mécène. Alexandre Dumas en fit « la reine Margot ». Son mariage avec Henri IV fut annulé car elle ne lui avait pas donné d'héritier légitime.

Le troisième tome, Les deux régentes, commence avec la seconde épousée d'Henri IV : Marie de Médicis. Je me souviens de ne pas l'avoir aimée du tout, cette reine-là ! Son caractère, ses manières, tout me fit horreur. A mon humble avis, beaucoup des soucis de Louis XIII, son fils, furent de son fait. Comment un enfant peut-il se construire en adulte et en roi avec un mère qui complote dans son dos, lui fait la guerre et lui préfère son frère (Gaston d'Orléans) ? Elle fut régente un long moment, puisque Henri IV est mort lorsque Louis XIII était tout petit. C'est Marie de Médicis qui choisit l'épouse du petit roi, en l'infante Anne d'Autriche. Elisabeth de France, soeur de Louis XIII, fut dans le même temps mariée au frère d'Anne, l'infant Philippe. le règne de Louis XIII fut marqué par les actions de Richelieu. Quand tous deux furent morts, Anne d'Autriche devint régente pour Louis XIV. Elle se fit aider du cardinal de Mazarin, qui continua à exercer le pouvoir bien au-delà de la majorité de Louis XIV (la majorité était fixée à 13 ans!). Mazarin mourut en 1661 et Louis XIV décida alors d'exercer le pouvoir seul. Sa relation privilégiée avec sa mère en pâtit un peu mais ils restèrent très proches, car il était son préféré, au détriment cette fois de Philippe de France, le cadet. Anne d'Autriche mourut en 1666.

Le tome quatre est consacré aux Femmes du Roi-Soleil, et elles furent nombreuses, car on y compte non seulement ses épouses, ses maîtresses, mais aussi toutes les femmes qui l'entourèrent au quotidien, filles, brus, nièces… En 1660, Louis XIV épousa Marie-Thérèse d'Autriche (sa cousine germaine puisque c'était la fille d'Elisabeth de France et du roi d'Espagne Philippe IV). Elle fut une reine plate, sans aucune envergure, qui ne réussit jamais à s'attacher à la France. Elle parlait d'ailleurs très mal le français, même après des années passées à la Cour. Ses maîtresses furent si nombreuses qu'on ne peut toutes les dénommer et les retrouver. Il en aima certaines, d'autres ne furent que des occasions de plaisirs et de fêtes. Simone Bertière consacre des pages, voire des chapitres, à chacune des plus importantes : Marie Mancini (une nièce de Mazarin), Louise de la Vallière (qui se repentit beaucoup de cette liaison mais continua très longtemps d'aimer le roi), Madame de Montespan (Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemoart) et Madame de Maintenon (Françoise d'Aubigné, veuve Scarron), que le roi épousa secrètement en secondes noces. C'était une femme vraiment très spéciale, son caractère, ses pensées sont très difficiles à saisir. Dans les autres femmes qui marquèrent plus ou moins le règne du Roi-Soleil, je me rappelle aussi Henriette d'Angleterre, « Madame », l'épouse de « Monsieur », le frère du Roi, et de sa seconde épouse, la princesse Palatine qui avait beaucoup de mordant ! Il y en a d'autres bien sûr, mais je les ai oubliées.

L'avant-dernier tome, La Reine et la favorite, est consacré à Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, et à sa principale favorite, Madame de Pompadour. J'ai beaucoup aimé ce tome-là, je crois que c'est mon préféré. Louis XV est très intéressant (et je trouve qu'il était très beau étant jeune !), toute la vie à Versailles fut transformée par son règne, car si de nombreux codes louisquatorzien y subsistent, Louis XV n'est pas comme son arrière-grand-père, il aime être en comité restreint, les pièces de petite taille et tenter d'échapper au rôle de roi qui lui colle mal à la peau. Il devint roi dans un climat de mort, orphelin et seul. Il fut très malheureux lorsque sa « nourrice » fut renvoyée. Aux premiers temps de son mariage, il était fou de sa femme, plus mûre que lui (elle était plus âgée que lui de plusieurs années). Il adorait également sa famille, et notamment sa flopée de filles, qui si mon souvenir est bon, ne se sont pas mariées à l'exception des deux aînées. Il eut aussi de très nombreuses maîtresses. Parmi les premières se trouvaient les soeurs de Nesle (oui, toutes). Sa favorite la plus marquante est bien entendu Jeanne-Antoinette Poisson, mariée le Normant d'Etiolles, marquise de Pompadour. Une femme fascinante, j'étais très triste lorsqu'elle est morte (jeune en plus). Femme intelligente, cultivée, courtisée par tous car elle était la favorite, mais très seule au final car peu de personnes l'appréciaient réellement. Peu portée sur les plaisirs de la chair, elle ruina sa santé en essayant d'augmenter sa libido. Elle et le Roi étaient réellement attachés l'un à l'autre, alors pour satisfaire les appétits sexuels du Roi tout en gardant son affection, elle organisa « les plaisirs » du Roi en lui fournissant des maîtresses d'un soir. Après sa mort, Louis XV se consola avec Madame du Barry (qui n'était pas du tout comme la présente Sofia Coppola dans son film Marie-Antoinette, que j'ai trouvé très bon par d'autres aspects). Ses fils moururent avant lui, il s'occupa alors de marier son petit fils Louis-Auguste de France appelé à lui succéder. La future reine, c'est Marie-Antoinette.

Marie-Antoinette l'insoumise est un très bon titre. Ce qualificatif décrit très bien la dernière reine de France de l'Ancien Régime. Elle avait de très bons côtés mais aussi des côtés parfaitement détestables. Louis XVI était un homme très touchant je trouve, je l'ai beaucoup plaint ce pauvre chéri. Cependant, il ne fit pas face aux difficultés comme Louis XV. Il n'aimait pas la chair, ni Marie-Antoinette. Leurs premières années de mariage furent d'ailleurs grandement compliquées par cette répulsion partagée. Ils eurent tout de même quatre enfants, dont deux moururent en bas-âge, leur causant de très grandes peines. Je ne vais pas développer plus, ce dernier tome fait plus de neuf cents pages !

Ces livres sont extrêmement bien écrits, très prenants, documentés à merveille. On plonge sans retenue dans la vie des personnes qui défilent sous nos yeux à travers les pages de Simone Bertière. Ce sont des livres d'Histoire (et non des romans historiques), pourtant je les ai lus comme des romans, un véritable délice. de longues pauses entre les différents tomes ne sont pas un problème. Pour tous les intéressés de l'Histoire de France ou même de l'Europe, n'hésitez pas ! Simone Bertière a écrit d'autres ouvrages d'Histoire, notamment sur le Prince de Condé, sur le cardinal de Retz et sur Mazarin, que je n'ai pas encore eu le plaisir de lire. J'adore également ses interventions télévisées, je reste pendue à ses lèvres à chaque fois !
Lien : https://withoutmuchinterest...
Commenter  J’apprécie          10
Glissant doucement mais sûrement vers les vacances, c'est avec une grande satisfaction que je me suis plongée dans la lecture de la série que Simone Bertière a consacrée aux reines de France, d'Anne de Bretagne à Marie-Antoinette.
Je ne vous parlerai pour l'instant que du tome 1 : "Le Beau XVIème siècle" en rappelant que cette série, qui n'est absolument pas romanesque, a pour vocation de se pencher sur le rôle social et politique tenu par les femmes sur le trône ou autour du trône de France.
Peut-être convient-il de rappeler que, dans notre pays, la loi dite "salique" - en références aux Francs saliens - avait permis au second fils de Philippe IV le Bel d'évincer de la succession la fille et seule héritière de son frère décédé, Louis X. Mais ce tour de passe-passe politique ne bénéficiera pas à Philippe V (celui-là avait été surnommé "le Long") puisque, à défaut d'héritier mâle, c'est à son frère, Charles, que reviendra la couronne après sa mort.
Charles IV - dit "le Bel", comme son père - mourra lui aussi sans descendance valable. Nous débouchons alors sur la fameuse Guerre de Cent Ans, qui opposa la France à l'Angleterre. La loi salique avait encore frappé : la couronne de France ne pouvait revenir au seul héritier légitime de Philippe le Bel, le fils que sa fille, Isabelle, avait eu de son mariage avec le roi d'Angleterre.
C'est ainsi que les Valois entrèrent dans L Histoire.
Le premier tome de cette série débute bien après la fin de la Guerre de Cent Ans et à l'aube de ce que les historiens ont pour habitude d'appeler "les Temps Modernes." le continent américain ne saurait tarder à être découvert officiellement et colonisé. Mais cela, c'est affaire espagnole et portugaise. En France, le grand projet, c'est l'annexion (paisible) du puissant duché de Bretagne où la loi salique ne s'applique pas et qui est désormais l'apanage d'une adolescente de 14 ans, Anne.
Par son mariage avec Charles VIII, Anne est contrainte de céder plus ou moins la Bretagne à la France. Une clause de son contrat de mariage prévoit même que, si son mari décède avant elle, elle sera tenue de convoler avec son successeur.
C'est ce qui arrivera car le couple, malheureusement, n'aura pas d'enfant mâle viable. Anne de Bretagne deviendra donc pour la deuxième fois reine de France par son remariage avec Louis, duc d'Orléans, ancien trublion notoire que Louis XI avait marié avec sa propre fille, Jeanne.
Simone Bertière nous évoque d'ailleurs le destin peu commun et fort triste de Jeanne de France, que l'Eglise devait un jour canoniser.
Mais Louis et Anne n'auront pas plus de chance avec leurs enfants de sexe mâle. Quand ils meurent, le trône passe à la branche cadette, en la personne de François d'Angoulême, mieux connu sous le nom de François Ier.
Cette passassion de pouvoir est "officialisée" par un nouveau mariage, celui de François avec Claude de France.
En fait, François Ier aura deux épouses : Claude qui mourra d'épuisement après une douzaine d'années de mariage et un nombre épouvantable de grossesses, et Eléonore d'Autriche, soeur de Charles-Quint.

Quand le Roi-Chevalier rejoint ses ancêtres, Eléonore retourne d'ailleurs en dans son pays natal. En France, le Destin, qui a ses caprices, a depuis belle lurette enlevé le Dauphin François et fait don du pouvoir au cadet, Henri.
Hélas ! comme personne ne pouvait se douter du tour que prendraient les événements, on avait marié le futur Henri II à la descendante des Médicis, Catherine. Certes, elle était nièce de Pape et sa famille paternelle était l'une des plus puissantes de Florence. Mais, auprès des princes du sang et même des nobliaux français, elle n'était qu'une bourgeoise enrichie. Tout le monde voulait oublier que, par sa mère, Madeleine de la Tour d'Auvergne, elle comptait également des ancêtres à particule.
Cette vision qu'on a d'elle pèsera lourdement sur le destin de Catherine. Mais elle ne l'empêchera pas de devenir l'une des plus grandes reines que la France ait connues.
Mais son histoire et celle de ses fils - et de leurs reines respectives - ce sera pour le tome deux.
Un livre agréable, au style simple, pas pédant pour deux sous et qui passionne. Pour tous les amoureux d'Histoire. ;o)
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Être reine en France au XVIe siècle n'est pas une sinécure. Une reine ne s'appartient pas. Elle mène une vie fastueuse, certes, mais réglé par de très strictes obligations, sous le regard continu de son entourage. Elle exerce un dur métier, qui exige une santé de fer et un caractère bien trempé, et pour lequel un peu d'intelligence ne nuit pas. Un métier à temps plein, ou la moindre femme d'aujourd'hui verrait une intolérable servitude. Autres temps, autres mœurs : les intéressées n'en jugent pas ainsi à l'époque. Nous aurions tort de mesurer leurs sentiments à notre aune. La plupart d'entre elles remplissent sans rechigner un rôle auquel les a préparé leur éducation, à moins qu'elles ne s'émerveillent du hasard heureux qui leur a valu une grandeur inespérée.
Commenter  J’apprécie          50
L'entrée de Catherine de Médicis dans le cercle très fermé des familles régnantes fut une surprise et, pour beaucoup un scandale. Une telle union était pour un fils de France, même un cadet non destiné à régner, une mésalliance. Et si l'on avait pu prévoir que la mort du dauphin appellerait Henri au trône, à coup sûr celui-ci n'aurait pas épousé la petite Florentine.
Commenter  J’apprécie          100
Bien que les juristes aient tenté de la faire remonter aux anciennes coutumes des Francs Saliens pour en accréditer le caractère fondamental, cette loi fameuse, dite salique, n'est appliquée en fait que depuis 1316, lorsque les deux fils puînés de Philippe le Bel furent tour à tour préférés à la fille de son fils aîné prématurément décédé.
Commenter  J’apprécie          100
Tout comme Charles VIII, Louis XII, après Milan, avait tourné les yeux vers Naples. La conquête, en 1501, par lieutenants interposés, se révéla d'une déconcertante facilité, mais engendra de multiples conflits, locaux puis généralisés, d'une extrême confusion, jusqu'au jour où surgit, élu en 1503, le pape Jules II, qui n'était pas un contemplatif. Aussi doué pour les affaires temporelles que pour les spirituelles, il entreprit, botté, casqué, à la tête des armées pontificales, de chasser d'Italie tous les trublions étrangers - il disait "les Barbares" - qui s'y égaillaient depuis des années et, au premier chef, le plus encombrant d'entre eux, son ancien protecteur le roi de France.
[...]
Nul ne sait ce qu'en pensa Anne, dont la piété formaliste n'impliquait pas la charité envers l'ennemi, chose si rare. Mais elle prit très mal l'initiative de son époux lorsqu'il tenta, en 1510, d'attaquer sur son propre terrain le pape, âme de la ligue anti-française.
Commenter  J’apprécie          20
telle fut la fin de Marie d'Angleterre,qui,après avoir été reine de France pendant trois mois,s'en retourna partager la vie d'un seigneur de son pays. Seule entre les princesses royales de son temps,à la gloire elle préféra son plaisir:une fois n'est pas coutume. Et ce choix lui réussit:c'est une chose encore plus rare.
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Simone Bertière (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Simone Bertière
Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • le tour du monde en 80 saveurs de Pierre Bignami et William Navarrete aux éditions Collas https://www.lagriffenoire.com/le-tour-du-monde-en-80-saveurs.html • Bretagne: Food trip iodé en 100 recettes de Catherine Roig et Emanuela Cino aux éditions Hachette Pratique https://www.lagriffenoire.com/bretagne-food-trip-iode-en-100-recettes.html • Les reines de France - le siècle des Valois de Simone Bertière aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/les-reines-de-france-tome-1-le-siecle-des-valois.html • Henri IV et la Providence de Simone Bertière aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/henri-iv-et-la-providence.html • La Terre entre nos mains de Thomas Pesquet aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/la-terre-entre-nos-mains.html • Femmes Océanes - Ces héroïnes qui nous embarquent en mer de Maud Fontenoy aux éditions du Cherche Midi https://www.lagriffenoire.com/femmes-oceanes-ces-heroines-qui-nous-embarquent-en-mer.html • La Terre, c'est… De Collectif, Jack Koch aux éditions Fleuve https://www.lagriffenoire.com/la-terre-c-est.html • Pas bon du tout de Philippe Conticini et Chiara Conticini aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/pas-bon-du-tout-mes-recettes-salees-et-sucrees.html • Il en reste ! - Les astuces d'un chef étoilé pour cuisiner ses restes de Anthony Denon et Annabelle Schachmes aux éditions Solar https://www.lagriffenoire.com/il-en-reste.html • Loulou & Yves de Christopher Petkanas aux éditions Seguier https://www.lagriffenoire.com/loulou-yves-l-histoire-inedite-de-loulou-de-la-falaise-et-de-la-maison-saint-laurent.html • Les cartes murales de Vidal-Lablache de Jacques Scheibling et Caroline Leclerc aux éditions Armand Colin https://www.lagriffenoire.com/les-cartes-murales-de-vidal-lablache.html • Sempé à New York de Sempé aux éditions Denoël https://www.lagriffenoire.com/sempe-a-new-york.html • Garder le cap de Sempé
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Politiciens, économistes, juristes, enseignants (844)
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (462) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..