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Critique de Kenehan


Challenge Variétés 2015
Catégorie : Un livre qui est tout en bas de votre PAL

Dix ans que cet ouvrage prend la poussière dans ma PAL. Dix ans que je me dis qu'il faut que je le lise. Il m'a fallu une décennie pour enfin sauter le pas et regarder ce qui pouvait se cacher derrière les contes de fées.

Bruno Bettelheim pose son regard de psychanalyste sur un nombre restreint de contes, les plus populaires comme il l'avoue, mais comment aurait-il pu être exhaustif alors que l'univers des contes est presque sans limites ? Il a au moins le mérite de s'intéresser aussi bien aux frères Grimm qu'à Andersen et Perrault (bien qu'il rejette ces deux derniers de la catégorie "conte") ou encore aux "Milles et une Nuits", à "La Belle et la Bête" de Madame de Beaumont et de temps en temps à quelques contes roumains, suédois, etc.

Il argumente son propos, l'illustre de quelques cas intéressants et n'hésite pas à citer d'autres auteurs comme Tolkien (celui qui revient le plus souvent). Son analyse s'axe sur la maturation de l'enfant et comment le conte aide l'enfant à faire face à ses conflits intrapsychiques de manière inconsciente. Il en profite pour guider l'adulte qui lit des contes aux enfants à le faire de la meilleure manière possible selon lui. De sorte qu'il dénigre toutes les adaptations cinématographiques (Disney et Cie) ; les livres illustrés et synthétisés ; les livres d'éveil, etc. pour ne privilégier que le conte dans sa forme traditionnelle et délivré de manière oral à l'enfant sans explication de fond.

Certes les reproches peuvent être nombreux, ne serait-ce que concernant sa fixation à n'évoquer, quasi-exclusivement, que la psyché infantile. En même temps, c'est un pédagogue de métier, son boulot c'est les enfants et plus précisément leur éducation et instruction. On va pas demander à un neurologue de publier un article sur les ongles incarnés. Il est quand même logique que l'on théorise et publie sur ce à quoi on s'intéresse dans la pratique.

Ceci étant dit, il faut savoir également conserver son esprit critique et ne pas tout intégrer sans un minimum de réflexion. Bruno Bettelheim propose une grille interprétative des contes, la sienne. D'autres auteurs auront, plus ou moins, un autre avis. Cela dépendra, par exemple, du champ théorique dans lequel ils s'inscrivent, de leur approche des contes, etc. Remarquons d'ailleurs que fréquemment, Bruno Bettelheim nuance son propos, et préfère proposer son analyse plutôt que de l'affirmer. Une prudence qui est tout à son honneur d'intellectuel.

Cette lecture n'a en rien entaché mon rapport avec les contes. Elle m'a même profité. J'ai pu apprendre quelques petites chose sur moi. Je ne parle pas ici des concepts œdipiens et cie ou de ce que les contes ont pu m'apporter dans ma vie. Non, je parle vraiment de cet ouvrage dans lequel j'ai pu mesurer mon intérêt pour le propos en fonction des thèmes et des contes abordés. Par exemple, l'analyse de "Cendrillon", qui est de loin la plus longue est aussi une de celle qui m'a le plus ennuyé alors que c'est un conte que j'aime bien. De plus, j'ai pu y aller de ma petite réflexion personnelle, chose qui n'est jamais désagréable.

L'idéal en abordant ce livre est tout de même de connaître les contes abordés. Cela éclaire d'autant plus le propos. En tout cas, une chose m'a frappée, c'est l'amour de Bruno Bettelheim pour les contes qu'il défend bec et ongles et promeut auprès de son lecteur. Il donne encore plus envie de lire et relire les contes, de les transmettre à nos enfants et à nos proches.

Pour conclure cette lecture, j'ai retenu quelques petites choses, mon poil s'est hérissé devant d'autres mais l'argumentation a le mérite d'être là et j'accepte le point de vue développé par Bruno Bettelheim. Je ne le rejoins pas toujours mais c'est aussi ça qui permet d'avancer : la confrontation des idées et la capacité à maintenir un certain recul et discernement face au discours de l'autre. Il m'a le plus souvent passionné mais aussi ennuyé et perdu par moment. A aucun moment je n'ai eu l'envie d'abandonner, au contraire. Reste qu'il ne s'agit que d'une lecture analytique parmi tant d'autres des contes. Le principal est que chacun aille puiser dans les contes ce dont il a besoin, que ce soit conscient ou inconscient, qu'il soit adulte ou enfant.
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