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Critique de michfred


Apollon tuant le serpent Python, pour pouvoir s'installer à Delphes, ça vous dit quelque chose?

 La mythologie grecque, plus honnête en cela que bien d'autres religions, use de cette légende pour faire comprendre comment un nouveau dieu, solaire et masculin, a remplacé l'ancienne divinité chtonienne et féminine, Gâ  ou Gaïa, la Terre-mère, symbolisée par le serpent qui la touche de toutes ses écailles. 

Le nouveau remplaçant l'ancienne mais aussi le masculin évinçant le féminin.

Cette légende, tellement vraie qu'on retrouva les blocs cyclopéens du temple mycénien de Gâ sous les fondations du temple d'Apollon en redressant les colonnes du célèbre sanctuaire,  tombées lors du tremblement de terre qui ébranla Delphes au début du XXe siècle, cette légende donc,  et beaucoup d'autres,   glanées dans les religions polythéistes et monothéistes,  l'habile Nicolas Beuglet en fait une des pièces de son argumentaire destiné,  en plein contexte #balance ton porc , à prouver l'immense Complot ourdi contre la féminitude bafouée politiquement, civilement, culturellement , scientifiquement et même religieusement par un masculinisme actif, violent et revanchard...

Oui, vous avez bien lu , un Complot masculin versus feminin, un Complot vieux de plusieurs centaines de milliers d'années et dont la première victime expiatoire fut une voyageuse éclairée de...la préhistoire!

Oui, je sais , vous allez me dire que je yoyote, que mon chromosome x m'est monté à la tête comme aux  tenants du chromosome y leur bouffée de testostérone,   que le complotisme c'est bon pour les partisans de Donald Trump et les sectateurs de la scientologie. ...pourtant ce polar , ce thriller au féminisme encyclopédique et conquérant m'a presque convaincue...

Tout est dans le presque...

On suit les rocambolesques péripéties d'une enquête trépidante et mondialisée,  derrière les pas décidés d'une inspectrice rousse et norvégienne  appelée Sarah Geringën, tête froide, raisonnée et calme, rompue au close combat,  et de son amoureux et  accolyte français, journaliste sensible et intuitif,  et père adoptif attentionné d'un petit garçon traumatisé    - oui,  je vois que vous avez noté le processus radical d'inversion des stéréotypes..

On accroche, bien sûr ,  au meurtre liminaire, on a un peu plus de mal à avaler les attaques et meurtres en cascade qui le suivent, mais c'est alors que, divine surprise, le discours d'une certaine Etta, jamais prononcé, et pour cause, nous redonne la pêche et renouvelle au récit son crédit. 

On repique pour un deuxième trip à  Byblos, un peu trop de rififi dans les vestiges,  mais qu'à cela ne tienne:  l'argumentaire archéologique est séduisant.

C'est reparti pour Leipzig, avec le même méchant-très-méchant aux trousses- il a tout du robot ce Stieg-  et, malgré le grand chambardement qu'il déclenche,   nouvel argumentaire séduisant d'une certaine Ada..bon, on raccroche et on remonte sur le ring, mais les gants sont bien lourds pour nos petits poings...

Et la fin, à  Rome, non là,  trop c'est trop! D'ailleurs c'est trop pour tout le monde, même Sarah l'impavide a de sérieux ratés. .

Voilà les raisons de mon bémol stellaire, trois étoiles seulement pour un livre lu en un jour, et dont l'idée était royale...comme Ségolène dont je m'étonne de ne pas l'avoir trouvée en victime collatérale de ce complot "masculiniste"!

Une bonne idée, séduisante, excessive, mais tellement plausible, un scénario haletant de politique fiction assumée- l'action se passe en decembre 2018, tout, tout près de nous...- on n'y croit pas vraiment,  d'ailleurs c'est une série d'échecs cuisants, mais qui trop embrasse mal étreint..

Le balcon de la place Saint Pierre m'a laissée sur ( la ) place...

Un page-turner efficace, souvent convaincant, et même séduisant , mais vraiment too much!
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