La magie des huit mille : Les Quatorze Sommets les plus hauts de la terre

Le nom Pumori signifie "montagne de la fille" et aurait été attribué à ce massif par George Mallory lors de la première exploration de l'Everest.

J'ai toujours été attiré par la très haute montagne et, dans les Alpes, c'est le mont Blanc qui focalisait mes désirs et mes aspirations d'alpiniste. Par la suite, j'ai vécu l'Himalaya comme une passerelle reliant le monde connu à une autre dimension extraterrestre. Son altitude et l'immensité de ses espaces sont capables de me projeter au-delà de la réalité et de satisfaire la profonde curiosité que je ressens, par plus de 8000 m d'altitude, sur les montagnes les plus hautes du monde. Durant ces moments-là, je suis serein et ne ressens plus l'inquiétude et l'insatisfaction qui m'assaillent lorsque je suis en plaine.

Pour moi, l'alpinisme est le moyen de pénétrer dans un univers magique pour y explorer une nature qui, même lorsqu'elle a été étudiée, conserve une aura de mystère.

Lorsque j'atteins un sommet, je n'éprouve aucune sensation de victoire ni aucune envie de planter un drapeau dans le tapis neigeux.

Je n'ai jamais considéré l'alpinisme comme une forme de conquête mais, tout au plus, comme un défi.

Les sommets de l'Himalaya sont censés abriter les dieux et, autrefois, les alpinistes qui voulaient gravir une montagne sacrée ne pouvaient le faire qu'avec la promesse de ne pas violer les derniers mètres menant à la cime.

Surplombant cet univers de froid, de roches, de sable et de lumière éblouissante, la pyramide régulière de l'Everest est constamment assaillie par les tempêtes. Le rêve de tous les alpinistes se dresse comme un immense monolithe de roche sombre.

Pour affronter l'Himalaya, il est nécessaire de se préparer longtemps, car il est difficile d'improviser. Il faut de longues années d'alpinisme et un entraînement physique et psychique régulier pour acquérir les bases indispensables à l'ascension de ce massif.

Avec le temps, j'ai compris que, parce qu'elle nous suggère un moyen différent et plus profond de vivre la réalité, la contemplation de la montagne nous aide à percevoir le sens du sacré jusque dans notre vie quotidienne, un sens qu'il faut savoir développer pour vivre en harmonie avec les gens et la nature.

Le Kanchenjuunga (8598 m) - dont le nom signifie "les cinq réservoirs de la grande neige" - est toujours considéré comme une montagne sacrée, au point que les premiers alpinistes qui réalisèrent son ascension ne franchirent pas les derniers mètres du sommet afin de ne pas offenser les dieux.