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Critique de blanchenoir


Un texte sur l'humanisme ne pouvait que susciter mon intérêt car il y a plusieurs années, j'ai travaillé sur ce thème inépuisable. Je remercie donc Babelio et les éditions Armand Colin de m'avoir offert cet essai.
Dans celui-ci, Abdennour Bidar nous expose une histoire de l'humanisme occidental, de l'Antiquité à nos jours. Car l'humanisme, que l'on rattache souvent à la Renaissance, n'est qu'un moment essentiel de celui-ci. La fameuse formule de Protagoras "L'homme est la mesure de toutes choses" est bien, fondamentalement, humaniste. Or, Bidar nous parle également d'un Platon, humaniste, alors que pour le philosophe, c'est bien le divin, et surtout pas l'humain, qui est la référence absolue. L'humanisme de Bidar ainsi présenté et compris paraît donc d'emblée orienté vers une transcendance. Et en effet, c'est bien la perfection de l'homme que vise Bidar, tourné vers le sacré.
Son éloge du Christ crucifié (p 184) continue à nous mettre sur la voie : contrairement à certaines de ses annonces, c'est bien le domaine du religieux qui enflamme l'esprit et la plume de l'auteur...
Lorsqu'il aborde Montaigne, c'est pour pointer du doigt le déclin de l'humanisme (p. 185). Pourtant, Montaigne est à ma yeux une grande figure de l'humanisme De La Renaissance en tant qu'il redonne sa place à l'homme. Un homme mué par ses contradictions, l'homme comme tel. A Montaigne, Bidar préfère Pic de la Mirandole pour qui l'homme est un mystère et surtout, un miracle :

"Un dernier mot sur Pic de la Mirandole (que l'auteur de ces lignes a bien du mal à ne pas mettre sur un piédestal, le lecteur l'aura compris et saura lui pardonner)". (p. 177).

Mais comment défendre, aujourd'hui, un humanisme de la grandeur, flamboyant ? Comment penser avec Bidar, l'homme détaché de sa condition tragique ? Comment ne pas voir que l'humanisme aujourd'hui ne peut que considérer l'homme dans et par sa fragilité ? Bidar écarte Foucault, ne parle pas d'E. Morin et pense l'homme comme sujet, indéterminé. L'homme devrait prendre la place de Dieu car il est un héros...
Contre un humanisme héroïque, optimiste et flamboyant, je préfère un humanisme fragile, immanent, qui tire des leçons de ce que l'homme fait à l'homme. Au sujet de cet humanisme fragile mais fécond, les témoignages des camps de Levi, Antelme, Halévy et bien d'autres sont un éclairage précieux de comment l'homme peut tenir debout. L'humanisme ne peut évacuer le tragique au risque de devenir un optimisme béat, dénué de toute réalité...
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