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EAN : 9782200600471
290 pages
Armand Colin (20/08/2014)
3.8/5   5 notes
Résumé :
L'humanisme c'est la passion de l'être humain pour son propre mystère, pour son génie, son tragique, et la sagesse qu'il peut acquérir. C'est l'exhortation à une fraternité universelle dont l'homme serait capable, mais aussi la dénonciation du mal effroyable dont il se rend parfois coupable.

C'est l'émerveillement mêlé d'effarement pour ses ambitions démesurées qui sont peut-être, paradoxalement, les seules à sa mesure?Abdennour Bidar montre ici comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un texte sur l'humanisme ne pouvait que susciter mon intérêt car il y a plusieurs années, j'ai travaillé sur ce thème inépuisable. Je remercie donc Babelio et les éditions Armand Colin de m'avoir offert cet essai.
Dans celui-ci, Abdennour Bidar nous expose une histoire de l'humanisme occidental, de l'Antiquité à nos jours. Car l'humanisme, que l'on rattache souvent à la Renaissance, n'est qu'un moment essentiel de celui-ci. La fameuse formule de Protagoras "L'homme est la mesure de toutes choses" est bien, fondamentalement, humaniste. Or, Bidar nous parle également d'un Platon, humaniste, alors que pour le philosophe, c'est bien le divin, et surtout pas l'humain, qui est la référence absolue. L'humanisme de Bidar ainsi présenté et compris paraît donc d'emblée orienté vers une transcendance. Et en effet, c'est bien la perfection de l'homme que vise Bidar, tourné vers le sacré.
Son éloge du Christ crucifié (p 184) continue à nous mettre sur la voie : contrairement à certaines de ses annonces, c'est bien le domaine du religieux qui enflamme l'esprit et la plume de l'auteur...
Lorsqu'il aborde Montaigne, c'est pour pointer du doigt le déclin de l'humanisme (p. 185). Pourtant, Montaigne est à ma yeux une grande figure de l'humanisme De La Renaissance en tant qu'il redonne sa place à l'homme. Un homme mué par ses contradictions, l'homme comme tel. A Montaigne, Bidar préfère Pic de la Mirandole pour qui l'homme est un mystère et surtout, un miracle :

"Un dernier mot sur Pic de la Mirandole (que l'auteur de ces lignes a bien du mal à ne pas mettre sur un piédestal, le lecteur l'aura compris et saura lui pardonner)". (p. 177).

Mais comment défendre, aujourd'hui, un humanisme de la grandeur, flamboyant ? Comment penser avec Bidar, l'homme détaché de sa condition tragique ? Comment ne pas voir que l'humanisme aujourd'hui ne peut que considérer l'homme dans et par sa fragilité ? Bidar écarte Foucault, ne parle pas d'E. Morin et pense l'homme comme sujet, indéterminé. L'homme devrait prendre la place de Dieu car il est un héros...
Contre un humanisme héroïque, optimiste et flamboyant, je préfère un humanisme fragile, immanent, qui tire des leçons de ce que l'homme fait à l'homme. Au sujet de cet humanisme fragile mais fécond, les témoignages des camps de Levi, Antelme, Halévy et bien d'autres sont un éclairage précieux de comment l'homme peut tenir debout. L'humanisme ne peut évacuer le tragique au risque de devenir un optimisme béat, dénué de toute réalité...
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Merci à Babelio et à l'éditeur de m'avoir donné l'occasion de lire ce livre.

Un de mes oncles, savant, me serinait toujours de voir qui était l'auteur d'un ouvrage avant de me précipiter. C'est à cela que j'ai pensé en lisant le livre.

Car, en tant que mécréante, je comprends l'humanisme comme un mouvement de pensée centré sur l'homme, aux termes duquel l'homme réfléchit par lui-même, est responsable de ses actes et n'a besoin d'aucun dogme extérieur lui dictant ce qu'il doit penser et faire puisque la vérité est en lui.

Je me suis dès lors retrouvée aux antipodes de la pensée de l'auteur qui, sans le dire explicitement et c'est dommage d'ailleurs, s'analyse, à mon estime, en un humaniste transcendantal. Si ce n'est pas exprimé dans le livre, sa présentation dans la video placée sur le site et les renseignements glanés sur la toile montrent que l'auteur se rattache à un islam que j'appellerai libéral en ce sens que le croyant est en relation directe avec celui qu'il appelle Dieu sans nécessairement recourir aux rites d'un des courants de l'islam, Dieu ou transcendance pour lequel l'auteur indique être dans un état d'attention constante.

Alors ceci n'enlève pas tout intérêt au propos de l'auteur qui souhaite trouver dans l'humanisme une possibilité de dépasser les différences de cultures et de religions pour retrouver des valeurs qui pourraient être communes à tous.

Ceci implique une idée de tolérance, non pas de souffrir l'autre mais d'ouverture à la pensée de l'autre et de supporter le doute qui peut animer l'autre.

Et là, je me suis sentie exclue par l'auteur qui a des mots que j'ai trouvé heurtants pour les non-croyants. Je prendrai cet exemple (p.80) et la longueur du paragraphe permet d'établir, je pense, que je n'ai pas sorti l'extrait de son contexte. le voici donc :

« Une vie sans confrontation avec un Dieu quelconque vaut-elle la peine d'être vécue ? Plus encore, une vie sans confrontation avec l'idée de Dieu, c'est-à-dire une Individualité suprême, ne se prive-t-elle pas de sa mesure ultime ? Ce serait un peu – pardon pour la trivialité de l'image- comme quelqu'un qui habiterait une maison avec un jardin immense mais qui ne serait jamais allé au bout de ce jardin... Ce que l'idée de Dieu exprime (qu'il existe ou non) est tellement absolu, tellement infini, «tellement tout», que la question est d'ailleurs de savoir s'il n'est pas irremplaçable dans ce rôle ? Qu'est-ce qui mieux que les Dieux peut défier l'homme et l'aider à sublimer sa vie ? Même l'athée qui ne croit pas ou plus en l'existence de Dieu doit y réfléchir à deux fois avant d'abandonner l'hypothèse de Dieu : il peut en avoir besoin, sans y croire, pour donner à sa vie le fond d'écran le plus exceptionnel qui soit, la profondeur de champ la plus abyssale possible ... (...) »

Autrement dit, athées, vous n'avez rien compris et l'auteur l'exprime du reste un peu plus loin :

« Certes, l'être humain peut tout à fait se contenter d'ambitions plus modestes que de se confronter au divin ». Petit athée avec une petite vie et des vertus qui restent petites.

Bon vous avez compris que je ne souscrivais pas à ce discours, qui se couvre en plus du déguisement d'une pensée qui se veut bien construite mais qui pêche, comme beaucoup d'auteurs d'origine musulmane, à mon estime, par un excès, d'entrelacs d'écriture, qui rendent la lecture fastidieuse en dehors d'un contexte littéraire ou poétique.

Il faudrait sans doute attendre l'avis d'un croyant, voire d'un musulman, pour que les Babelionautes puissent se faire une idée plus complète. Je ne communique que mon ressenti personnel.
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Histoire de l'humanisme en Occident nous présente une myriade de penseurs, écrivains, philosophes, ayant laissé leur empreinte dans l'histoire de l'humanisme.
S'il est sans aucun doute un bon outil pour parcourir rapidement du regard un panorama de la culture occidentale, les références sont souvent relues par l'auteur sous un jour différent de celui qui fait autorité.
Abdennour Bidar, auteur de "Self-Islam" — beaucoup de self, très peu d'islam — n'a jamais vraiment su sur quel pied danser. Ou dit vulgairement, il se trouve le cul entre deux chaises, tiraillé entre Orient effacé et Occident dominant. Il parle la langue de intelligentsia occidentale qui boit ses paroles avec ferveur puisqu'il propose une relecture de l'islam selon les principes occidentaux.
Dans "Histoire de l'humanisme en Occident" il insiste sur le côté universel du génie occidental, sur sa constance et sa capacité à renouveler un questionnement philosophique. C'est ici la thèse éculée de l'Occident porteur de l'héritage grec et judéo-chrétien, un occident créé ex-nihilo, faisait fi du bagage afro-asiatique (mis en lumière par des travaux comme "Black Athena" de Martin Bernal).
Quelle étrange lecture du khalifat de Dieu. Quand dans le Qur'ân Dieu proclame l'Homme comme son khalîf sur terre, il faut le comprendre comme un appel à être Son régent, à refléter Ses attributs divins, à s'accorder harmonieusement à Sa Loi, à exercer une responsabilité sur Sa création. Ici l'auteur donne à l'Homme les rennes de la souveraineté divine, comme si Dieu était mort comme le disait Nietzsche.
La démonstration tourne au grotesque quand il prend la peine de préciser qu'il parle de "l'être humain" et non de "l'homme", car l'humanisme ne saurait s'encombrer de machisme ou de sexisme. Il semble ignorer qu'il est conventionnel d'écrire l'Homme avec une majuscule pour distinguer l'espèce humaine de l'homme, genre sexué.
Autre point négatif, la confusion entre narcissisme et gnosticisme. le Narcisse occidental n'a pourtant pas vécu d'introspection salutaire ; il est bien au contraire touché par la maladie de l'Occident : un individualisme tellement exacerbé qu'il en oublie l'intérêt général.
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L'humanisme c'est la passion de l'être humain pour son propre mystère, pour son génie, son tragique, et la sagesse qu'il peut acquérir. C'est l'exhortation à une fraternité universelle dont l'homme serait capable, mais aussi la dénonciation du mal effroyable dont il se rend parfois coupable.

C'est l'émerveillement mêlé d'effarement pour ses ambitions démesurées qui sont peut-être, paradoxalement, les seules à sa mesure?Abdennour Bidar montre ici comment l'Occident s'est voué sans relâche à l'élucidation du mystère humain.

Sans avoir bien sûr le monopole de l'humanisme, les penseurs, les artistes et les grands acteurs de cette civilisation se sont transmis le flambeau de l'interrogation sur l'identité humaine, ainsi que la responsabilité de faire émerger une humanité plus humaine.

Contrairement à une idée reçue, la Renaissance ne fut pas le seul moment humaniste de l'histoire occidentale mais seulement l'un de ses foyers majeurs parmi d'autres : les religions monothéistes, l'Antiquité grecque et romaine, et bien plus tard la modernité issue des Lumières?

Où en sommes-nous aujourd'hui de cette longue quête de l'homme par l'homme, et de ce processus d'humanisation dont tout humanisme travaille à faire le sens de l'histoire ?

L'Occident est-il toujours à la hauteur de ses grands humanismes, et demain quel humanisme sera partageable entre toutes les civilisations de la planète ?
Résumé fait par l'éditeur
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Discours biaisé et récit historique partial
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Très enthousiaste sur le livre, tout comme mes confrères, j'ai malheureusement vite déchanté.
Je confirme et souligne les défauts relevés par les autres commentateurs : tout ici ou presque est rattaché à la religion.
Vu le passif de l'auteur, il fallait s'y attendre. Mais dans ce cas, il aurait fallu renommer le livre "Histoire du religieux dans l'humanisme en Occident".
Les considérations rattachant systématiquement l'humanisme avec la Divinité m'ont passablement ennuyé.
De plus, il est vrai que l'auteur fait un certain nombre d'approximation et omet les détails de l'Histoire de la philosophie par ex.
En conclusion, ce n'est pas une histoire de l'humanisme neutre.
Lien : https://www.amazon.fr/gp/cus..
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
(…) un idéal et une vocation parmi les plus nécessaires de l'humanisme : éduquer en chaque être humain la capacité de se sentir relié à toute l'humanité par un lien de coeur et de chair, à le regarder avec considération, bienveillance et confiance, sans prévention, préjugé ni défiance d'où qu'il vienne et quelle que soit son apparence. Il n'y a (…) que le développement de ce lien à la fois spirituel et physiquement ressenti de la proximité d'autrui -malgré la différence de son origine, de sa religion, de sa culture- qui peut rendre réellement impossibles aussi bien le racisme que l'indifférence à la misère, le repli sur soi que le rejet de l'étranger ou de l'inconnu.
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"Les arbres, c'est bien possible, naissent arbres, même ceux qui ne portent aucun fruit ou des fruits sauvages; les chevaux naissent chevaux, quand bien même ils seraient inutilisables; mais les hommes, crois-moi, ne naissent point hommes, ils le deviennent par un effort d'invention. Les hommes primitifs, qui menaient dans les forêts, sans lois et sans règles, une vie de promiscuité et de nomadisme, ressemblaient davantage à des bêtes qu'à des êtres humains. c'est la raison qui fait l'homme; et elle n'a point de place là où tout s'accomplit au gré des passions." (De peuris, De l'éducation des enfants)
Mesurons bien l'écart ahurissant, et ses conséquences, entre ce texte d'Erasme et l'Article Ier de la Déclaration universelle des droits de l'homme, pour réaliser qu'entre 1529 et 1948 l'humanisme occidental paraît avoir évolué jusqu'à se contredire : "les hommes, crois-moi, ne naissent point hommes" contre "tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits". Il serait temps, en ce début du XXIe siècle, que nous tentions l'effort de synthèse d'une pensée humaniste complexe, qui intègre les acquis de l'humaniste antique et classique à ceux de l'humanisme moderne. cet humanisme complexe serait capable d'affirmer sans contradiction que l'homme est un être paradoxal qui naît humain et qui a à le devenir, qui a le droit d'être considéré comme ayant naturellement une dignité égale à celle de tous les autres mais qui a en même temps le devoir de développer cette dignité en travaillant à devenir un meilleur être humain.
Portons plus loin le formulation même de ma Déclaration universelle des droits de et des devoirs de l'homme : "tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, avec la responsabilité pour chacun de parfaire et de valoir cette dignité en remplissant d'abord ce premier devoir envers soi-même qui est de travailler à devenir un meilleur être humain."
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Il est capital de ne pas laisser le gouvernement de la culture populaire et plus savante aux plus cyniques et aux misanthropes. Nous avons besoin d'oeuvres dans lesquelles s'expriment des idéaux humanistes, c'est-à-dire qui montrent la grandeur, la beauté, l'énergie, la noblesse, la générosité, la solidarité, la fraternité, dont les êtres humains sont capables. (...)
La supériorité immense d'un Dostoievski ou d'un John Steinbeck, (...), est de montrer toujours l'ambivalence de la nature et de la vie humaine, c'est-à-dire leur côté obscur mais aussi leur enchantement possible. Les frères Karamazov du premier, A l'est d'Eden du second : deux grands livres aussi idéalistes que réalistes, et justement humanistes en cela qu'ils nous révèlent l'auteur comme quelqu'un chez qui l'extraordinaire lucidité sur la noirceur de l'homme et sur la "saloperie" de la vie n'empêche pourtant d'éprouver et de nous communiquer une formidable espérance, un profond élan d'amour pour l'être humain et un prodigieux appétit de vie. On est impressionné par leur foi en l'homme et elle est puissamment contagieuse. Leur force est l'attachement qu'ils réussissent à créer chez le lecteur envers leurs personnages : on devient ami avec eux, et à travers eux on devient ou on redevient un peu plus ami avec l'humanité en général et les hommes qui nous entourent. L'humanisme de ces oeuvres tient à cette faculté qu'elles ont de nous rapprocher d'autrui, quel qu'il soit, et si besoin est de nous réconcilier avec notre condition et notre société.
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Nous sommes une civilisation où chaque génération a grandi pendant des siècles en voyant tous les jours au bord des chemins le martyre du Dieu-Homme gravé dans la pierre de ses croix.
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HUMANISME (une clé du sens de l'univers) in Bidar Histoire de l'humanisme en occident page 17, Cette hypothèse d'un statut unique de l'être humain dans l'ensemble de l'univers a concentré et enflammé la curiosité des meilleurs de nos philosophes et de nos artistes, dérouté et inspiré à la fois leur intelligence et leur imagination, et tous ont semblé s'accorder sur une conviction: celle que l'homme a raison de s'interroger sur l'homme.
L'Occident a continuellement cultivé cette croyance à partir d'une idée force, toujours réaffirmée sous une multitude de formes: dans cet immense univers qui nous paraît incommensurable, l'être humain constitue bel et bien la plus grande énigme.
Mieux encore, l'intuition la mieux partagée de siècle en siècle a été que s'il y a bien quelque part une clé du sens de l'univers c'est du côté de l'homme qu'il faut la chercher.
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Vidéo de Abdennour Bidar
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