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Critique de willymjg


« C'est qu'il en faut du temps pour ravauder, détail après détail, le tissu d'une enfance foutue. »
Et puis, bien des années après… Un soir…
Quelque chose est en train de se passer.
En présence de tous les autres amis de Jeanne, une comédienne à la retraite, rencontrée en été dans en hôtel en Provence, je me sens gauche. À côté de cet homme-là, j'éprouve un étrange bien-être. Une sorte de total relâchement. D'abandon heureux. Ou idiot.
Une rencontre invraisemblable. Nous appartenions à deux mondes étanches l'un par rapport à l'autre.
Aujourd'hui, j'admets que mon destin m'a joué un drôle de tour.
Quelque chose de profondément chaleureux se nouait entre nous. Son sourire bienveillant, sa patience à écouter. Mais il y avait aussi la langue russe que je m'étais remise à baragouiner. Alors que je ne la pratiquais plus depuis un quart de siècle.

*
Je m'affolais vite pour un homme. Je le savais. Quelque chose d'aveugle me poussait vers eux. Qui pouvait durer d'une semaine à plusieurs années. Meubler mon vide affectif.
Confinée depuis l'enfance jusqu'au seuil de cette liberté confinée que je venais d'arracher à mon mari, j'ignorais tout de cette catégorie d'hommes dont faisait partie l'objet de mes désirs. Les hommes de pouvoir.
Ceux des paris gagnants.

*
Que n'ai-je été secouée comme un prunier…
J'étais devenue une proie.

*

En suivant le cheminement identitaire du personnage d'Élisabeth, qui travaillera au service d'une firme japonaise et sauvera son âme en devenant écrivain, l'auteure nous entraîne dans un miroitement littéraire qui tient sa force de ce qu'il renvoie à l'intensité d'un vécu pacifié.
L'héroïne se sent écrasée par « le poids de toujours être stigmatisée par son père et honnie par sa mère, eux-mêmes devenus bourreaux pour avoir été des victimes broyées par les violences de la guerre et les cruautés du destin.
« La pitié, le remords. Et un ruban de tendresse pour tout faire tenir ».
(Extrait de la préface de MyriamWatthee-Demotte)

Après Les mots de Russie et Les tulipes du Japon, La Maison du Belge clôture la reconquête de sa mémoire par Élisabeth, fille d'un couple d'émigrés russo-polonais installés en Belgique et personnage central de cette trilogie qui s'échelonne sur plus d'un demi-siècle. Ce troisième volet revient sur l'élaboration du premier. L'auteure livre les coulisses de ce livre qu'elle arrache aux contraintes, tant intérieures – briser l'amnésie, se réapproprier son passé, tenir la promesse faite à son père d'écrire sur lui, sur sa mère, sur leur huis clos de cauchemar – qu'extérieures – exprimer sa nature d'artiste et d'écrivain en dépit des manipulations d'un riche amant narcissique dont elle s'est follement éprise.
Comme l'écrit l'académicienne Myriam Watthee-Delmotte, cet amant, « initialement vampirique, perd son combat contre son imparable concurrent qu'est l'écriture littéraire […] ».
Un roman implacable signé Isabelle Bielecki !

Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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