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Citations sur L'enfant du cinquième Nord (7)

La plupart des gens pensent que les choses qui leur arrivent sont fortuites. Ils ne voient pas les complicités entre les événements auxquels ils sont mêlés, les rencontres qu'ils font, leurs rêves...
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Max ne nous avait pas entendus approcher et poursuivait son activité avec une grande application. Son regard avait une fixité étrange, comme si les signes qu’il traçait complétaient un autre dessin, enfoui à quelques mètres de profondeur, par-delà la surface du papier. Il leva finalement la tête et nous regarda, sans manifester de réaction.

— Max, c’est moi ! dit Maureen, qui contrôlait mal sa voix.

Il écarquilla les yeux, et son visage jusqu’alors inexpressif se métamorphosa sous la poussée d’une joie sauvage, dont l’intensité avait quelque chose de peu rassurant. Il était assis en tailleur, le dos droit, vêtu d’une tunique de lin et, dans l’éclairage mouvant des flammes, son profil et son immobilité évoquaient une figure extatique, aux ombres impénétrables.
Sans bouger de sa pose, il poussa soudain le cri le plus impressionnant que j’eusse jamais entendu sortant d’un gosier humain.
C’était un grondement de triomphe, primitif et déchirant, qui saluait l’apparition de Maureen dans le blockhaus, non comme un événement décidé par elle, mais comme un fait d’obéissance à un ordre donné par lui, dans le silence de sa méditation.
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— Comme je vous l’ai expliqué hier au téléphone, dit-il, je ne suis pas autorisé à discuter de… du cas Sieber avec vous. Rien de personnel, je vous assure.

Elle lui jeta un regard noir mais se retint de répliquer, et désigna le document du menton, l’air interrogateur.

— Vous étiez son médecin traitant, dit-il. Vous pourriez peut-être nous aider à le convaincre ! Nous aimerions connaître la réponse à ces questions.

— Il refuse de répondre ? dit-elle, soudain inquiète, comme si ce comportement ne correspondait pas à ce qu’elle connaissait de l’enfant.

— Il refuse de parler, dit-il après une hésitation. Quand il est seul, il lui arrive de chanter, mais nous n’avons pas été capables d’établir un véritable contact.

— Rien de personnel, je suppose ? dit-elle d’un ton sarcastique, et elle se plongea dans la lecture de la liste de questions.

Patterson soupira et souleva la petite cage, qu’elle avait posée sur une pile de draps. Il examina les trois souris blanches avec une moue sceptique, et je me demandai s’il saurait mieux que moi découvrir les particularités qui les différenciaient de leurs congénères.

— Nacht und Nebel, dit Maureen en pliant le papier en quatre et en cherchant en vain dans son accoutrement une poche où le glisser. Vous en êtes au même point que nous à la fin du premier mois. Ça valait bien la peine de transférer ce pauvre gosse au bout du monde !

— Attendez de voir ! dit-il. La zone de contagion s’étend chaque jour davantage.

Il avait parlé à voix basse et elle leva brusquement la tête, car quelque chose dans l’intonation l’avait frappée. Ils se dévisagèrent en silence, toujours sur leurs gardes l’un à l’égard de l’autre, mais se découvrant en commun le même sentiment d’impuissance et de terreur sourde devant ce phénomène qui se jouait de leur science.
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Florence perdit ses cheveux en deux jours. Le peigne et la brosse firent les premières moissons, mais bientôt des mèches entières lui restèrent dans les doigts, elle les tirait de sa tête d’un geste délicat, avec la même curiosité amusée et vaguement inquiète qu’elle eût manifestée pour arracher une peau morte, après un coup de soleil.
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Vivre est une maladie, le sommeil nous en soulage... de temps en temps, mais c'est un palliatif. C'est la mort qui est le véritable remède!
-Vous ne devriez pas dire ça.
-Ce n'est pas moi... qui le dis! chuchota-t-il. Je n'aurais pas assez d'imagination. Heureusement que j'ai de la mémoire! Ça me permet d'avoir l'esprit des autres.
La citation est de Chamfort (Maximes et pensées) : " Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les seize heures. C'est un palliatif. La mort est le remède. " [GGJ]
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— A-t-il dit quelque chose à propos de Lotte ? demandai-je.
— Indirectement, oui. Il m’a dit qu’elle habitait maintenant dans ses rêves. C’est une figure de style plutôt littéraire pour un garçon de dix ans, vous ne pensez pas ?
Je lui répondis que Max n’avait pas fini de nous surprendre, et qu’il ne parlait peut-être pas au sens figuré. Elle murmura sans conviction que c’était une hypothèse intéressante, mais qu’elle ne se sentait pas équipée pour donner dans le mysticisme.
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Elle eut un ricanement triste, en se rendant compte après moi que ses explications avaient été pour elle un moyen de retarder l’épreuve qui l’attendait dans le blockhaus. Me prenant par le bras, elle m’entraîna de l’avant avec détermination. En marchant, je vis que des centaines de chevilles de bois, semblables à celle que nous venions d’examiner, étaient plantées dans le sol, par rangées concentriques autour de l’ouvrage de béton, dissimulées pour la plupart sous la charmille, dans le lichen et le terreau des feuilles mortes.

Je pensais trouver Max dans une sorte de prison froide et sinistre. Or, même si j’avais pris le temps de réfléchir à l’aménagement probable de l’endroit, je n’aurais certes jamais pu imaginer un intérieur aussi déconcertant que celui qui nous attendait derrière la porte du blockhaus.
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