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Critique de frandj


J'avoue tout de go que ce thriller très original m'a complètement "bluffé". Laurent Binet a situé son action dans une époque récente (1980-1981) et surtout il a osé mettre en scène des politiciens et des intellectuels français très célèbres, dont certains sont encore vivants en 2017. Attention, ils ne sont pas simplement à l'arrière-plan du livre ! Non, ils sont des acteurs dans l'intrigue: Foucault, Derrida, Sollers, Kristeva, Althusser et bien d'autres - décrits sans aucune complaisance - sont directement impliqués dans la sombre affaire qui est le sujet du roman.

Roland Barthes (1915-1980), philosophe, critique littéraire et sémiologue, est décédé des suites d'un accident de circulation à Paris. A partir de ce fait avéré, Laurent Binet nous entraîne dans une histoire complètement déjantée dans le milieu des universitaires et des intellectuels. Mine de rien, les lecteurs ignares (dont je fais partie) apprennent des éléments de la linguistique et des sciences de la communication. J'ai su ainsi qu'un linguiste célèbre, nommé Jakobson (1896-1982), avait dénombré six fonctions du langage. En fait, il existerait une septième fonction, qui n'a jamais été publiée et dont l'importance serait capitale ! Ce secret aurait été indiqué dans un document dont Barthes disposait et qui a été volé le jour de son fatal accident.

Le président Giscard d'Estaing s'inquiète (et il a raison de se faire du souci, comme on le verra au dénouement !) et ordonne des investigations policières, qui seront discrètement menées par le commissaire Bayard. Celui-ci rencontre un très jeune enseignant de la fac de Vincennes, qui est alors un inénarrable repaire de gauchistes: Simon Herzog. De gré ou de force, celui-ci va participer à l'enquête, qui sera longue et mouvementée. Cette "paire dépareillée" va ainsi rencontrer une foule de personnages, non seulement des intellectuels français, mais aussi des universitaires étrangers, des agents secrets, des gigolos, des excités politiques, des égéries féministes, etc. Il y aura des mystères, du suspense, de grands dangers, des assassinats, un attentat meurtrier, du sexe "hard", etc. Mais aussi de l'humour, parfois très noir ! Bayard et Herzog découvriront aussi une société secrète qui organise des duels oratoires, dont les perdants subissent l'ablation d'un doigt de la main (ou éventuellement d'un autre organe): à ce sujet, on pense aux livres d'Umberto Eco... qui est lui-même un personnage du présent roman, comme on aurait dû s'y attendre. Après des rebondissements magistralement orchestrés par l'auteur, le mystère est enfin éclairci. Il aura, dans le domaine politique, une conséquence invraisemblable (mais peu importe...).

Apparemment, l'auteur n'a pas eu d'ennuis avec les personnalités (réelles) qu'il a utilisées dans son roman - ce qui peut indiquer qu'elles ont le sens de l'autodérision. A part quelques très rares longueurs, j'ai été tenu en haleine constamment et je me suis bien amusé. Ce thriller est jouissif. Bravo à Laurent Binet !
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