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Critique de Levant


« le vent avait tourné. C'en était fini de la douceur aryenne pour les camarades du peuple. On leur présentait l'addition pour toutes les erreurs commises en leur nom. Ils ressentaient à présent dans leur propre chair ce qu'était un pays en proie à la guerre totale. »

Les Berlinois sont sous les bombes des tommies. Les alertes se succèdent. Les immeubles s'effondrent les uns après les autres. Les habitants vivent terrés dans les caves. Avec parfois la perspective d'être ensevelis sous les décombres. Des quartiers entiers de Berlin ne sont plus que squelette. Les Russes sont aux portes de la ville. Avec l'appétit de vengeance de ce que leur a fait subir le Reich allemand depuis qu'il a trahi le pacte de non-agression en lançant l'opération Barbarossa.

C'est le décor de ce roman. Et il en est un personnage tant il est omniprésent dans l'intrigue. Car autant que les luttes intestines qui se font jour en cette fin de règne du régime nazi, ce décor d'apocalypse participe au climat de terreur entretenu par les derniers soubresauts du régime et l'arrivée des troupes russes.

Pour le reste, l'intrigue en elle-même met aux prises Rupert Haas, communiste allemand évadé du camp de Buchenwald avec ceux qui l'ont dénoncé et spolié. Plus que pour son propre sort il les pourchasse pour avoir été à l'origine de la perte de sa propre famille qu'il n'a pas pu protéger. La police criminelle est à ses trousses. Mais ses membres dont la plupart ont servi dans la Gestapo et la SS, tout en continuant à servir le régime à l'agonie, pensent déjà à s'exiler afin de se prémunir des règlements de compte qui ne manqueront de les concerner.

Ce roman bénéficie d'une traduction très efficace et réussie. le titre pourtant a perdu de son évocation. La traduction littérale de son titre allemand aurait pu être : celui qui reste a raison.

On a l'habitude de dire qu'à l'issue d'un conflit, la raison appartient au vainqueur. Une des forces de ce roman est de nous faire augurer à aucun moment du vainqueur de la lutte qui oppose ses protagonistes et son épilogue est surprenant. L'autre force de cet ouvrage est de nous imprégner du climat de terreur et de désarroi qui a pu écraser le petit peuple de Berlin pris en tenaille entre le funeste régime qui le terrorisera jusqu'au dernier jour avec la hargne de la bête blessée et le rouleau compresseur des alliés qui écrase Berlin sous les bombes et les obus.

Cet ouvrage écrit par deux historiens allemands est une réussite totale à mes yeux. L'intrigue s'intègre avec le plus grand succès dans un fonds historique qu'ils dominent et relatent avec une objectivité de bon aloi. C'est avec un réalisme émouvant que ces deux auteurs nous font vivre la fin de ce régime maudit en leur pays. Ce réalisme comporte avec pertinence la grande part de perversité qui était l'apanage de tous les servants zélés de ce régime. C'est en cela que le titre allemand a toute sa force d'évocation et que les auteurs nous laissent espérer un dénouement après le dénouement. Pour qu'il y ait enfin une justice sur cette terre.
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