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EAN : 9782253164807
528 pages
Le Livre de Poche (02/05/2013)
3.98/5   252 notes
Résumé :
Hiver 1944. Hans Kalterer, un ancien des services de renseignements de la SS, sait que la guerre est perdue et qu’il lui faut se racheter une conscience. Il décide alors de rejoindre la police criminelle de Berlin, qui le charge d’enquêter sur le meurtre d’un haut dignitaire nazi. Dans le même temps, le détenu Rupert Haas s’évade de Buchenwald à la faveur d’un raid aérien et retourne à Berlin pour y retrouver femme et enfant. Lorsque, à la place, c’est leur tombe qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
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sur 252 notes
La trajectoire de deux citoyens allemands Hans-Wilheim Kalterer, officier des services de renseignements SS et Ruprecht Haas un modeste commerçant de Berlin suit l'essor et la chute du nazisme dans leur pays.
Le premier quitte la police pour la SS en y voyant le moyen d'une ascension sociale et celui d'une amélioration de sa situation économique. Envoyé en Pologne, il cherche à minimiser aux yeux de sa femme Merit, une fervente catholique, son rôle dans la gestion des camps.
Sa crise de conscience mettra du temps à lui ouvrir les yeux et impuissant, il vivre la déliquescence de son couple sans la comprendre, incapable d'admettre la monstruosité du régime auquel il a contribué et participé.
"Mais aussi longtemps qu'il avait la possibilité de monter dans la hiérarchie, il se moquait éperdument de ce qui se passait autour de lui."
Ruprecht Haas lui, après avoir adhéré à l'idéologie nazie pour des raisons économiques et politiques "Crétin d'électeur sans cervelle de 1933, il avait détourné le regard, ne s'était intéressé à rien. Jusqu'à ce qu'il se trouve broyé lui-même sous les meules brunes. Et c'est à partir de là qu'il avait commencé à comprendre ce que cette lie entendait réellement par discipline, éducation et ordre."
Une écriture nerveuse, alternant les allers et retours entre passé et présent, nous montre à la fois l'évolution des deux personnages et la décadence du Reich empêtré dans ses mensonges pour cacher les défaites de ses troupes face à la progression inexorable des Alliés à l'Ouest et des Soviétiques à l'Est.
La vie à Berlin en 1944-1945 sous la menace permanente des bombardements alliés est décrite avec un réalisme qui résonne avec des romans comme Seul dans Berlin de Hans Fallada, les aventures de Bernie Gunther ou encore Berlin Alexanderplatz de Döblin.
Les deux personnages poursuivent leurs objectifs en dépit du chaos qui règne à Berlin. Evadé de Buchenwald, Haas revient pour se venger de ceux qui l'ont dénoncé et mené sa famille à la ruine. Kalterer veut se racheter une conduite aux yeux de sa femme et retourne dans les rangs de la police criminelle de Berlin, mais parviendra-t-il à oublier et à gommer son passé récent en Pologne dans la SS ?
Inévitablement, leurs routes finiront pr se croiser.
Traité comme un thriller, le récit des historiens Birkefeld et Hachmeister n'en est pas moins une somme dénonçant le régime nazi, ses illusions, ses mensonges et son cynisme.
Il y a notamment ce passage où l'un des personnages se récrie contre l'immigration en Allemagne et où l'on apprend que sous le Reich, le pays faisait appel à près de dix millions de travailleurs étrangers.
Les auteurs soulignent la tromperie des régimes extrémistes dont le succès et les victoires électorales sont toujours le fait des populations qui en seront les premières victimes.
Polar utile qui donne à réfléchir. Un polar comme on les aime !

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Dans un Berlin où chacun essaie de survivre sous les raids aériens destructeurs des alliés,une chasse à l'homme sans merci s'engage.Des scènes d'une grande violence sont décrites lors des bombardements.Le régime s'effondre.Hitler a perdu son aura auprès de son peuple,mais quelques irréductibles font régner la terreur pour sauver ce qui est déjà perdu.Un roman très fort.
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Richard Birkefeld et Göran Hachmeister sont des historiens allemands, spécialisés dans l'Histoire culturelle et sociale du XXe siècle. Basés sur des faits rigoureux, le cadre de ce roman policier est particulièrement riche en enseignements sur les derniers jours de Berlin avant la chute. Salué par la critique allemande en 2003, lors de sa sortie, ce roman vient seulement d'être traduit en français par Georges Sturm.

Tout comme dans les récits de Kerr, Birkefeld et Hachmeister dépeignent un univers nazi corrompu, impitoyable et particulièrement minutieux dans son organisation et sa hiérarchisation, à la limite de la paranoïa. Tout le monde soupçonne tout le monde et tout le monde espionne et dénonce sans aucun état d'âme. Une manière sans doute d'appliquer la devise nazie « L'honneur dans la fidélité ».
Cette terrible période où Berlin fut pilonnée jour et nuit par les Anglais et encerclée peu à peu par les Russes voit les habitants pris au piège dans une souricière infernale. Hommes et femmes sont en proie à des doutes moraux concernant leur implication ou leur passivité pendant ces années. Certains voulaient juste croire en des jours meilleurs, d'autres se sont sentis investis d'une mission, reconnus enfin par un homme leur ayant rendu leur fierté. Ces derniers sont les pires, refusant de croire à l'inéluctable. L'absurde se mêle au pathétique, les représailles à la terreur. L'endoctrinement est terrifiant. « le führer a déclaré la guerre au peuple allemand » dira un vieil homme épuisé.

Dans ce climat hostile, cette apocalypse annoncée, une chasse à l'homme implacable s'engage. L'un cherche des réponses à ses questions et crie vengeance ; l'autre a pour mission de l'arrêter pour meurtre. Au jeu du chat et de la souris, y aura-t-il seulement un gagnant ?
La fin, finement amenée, est une bonne claque historique, instructive pour les lecteurs désireux d'en apprendre plus sur l'Histoire allemande.

Un bon polar construit autour d'une intrigue simple mais porté par un cadre historique minutieux et édifiant au sein d'une ville exsangue, aux immeubles ravagés où règne une insupportable odeur de mort et de poussière dans laquelle tentent de survivre les civils impuissants et épuisés.



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Alors que l'Allemagne vit ses derniers jours de guerre, que Berlin est bombardée nuit et jour, deux hommes dans Berlin cherchent le même homme, un officier nazi du nom de Bideaux corrompu. Si Kalterer le cherche c'est pour sa participation à un trafic de marchandises ainsi que pour le meurtre d'un de ses complices. Si Haas le cherche c'est pour se venger : il a appris que ce dernier avait été l'amant de sa femme et il est persuadé que c'est lui qui l'a dénoncé aux nazis pour des propos diffamatoires contre Hitler. Dans ce décor de ruines, les deux hommes recherchent une vérité dont personne ne veut. Tout n'est que cynisme, retournement de vestes, corruption et opportunisme. Ce roman est noir, il évoque avec précision les dernières semaines du IIIème Reich, l'enquête n'est qu'un leurre, le véritable enjeu de l'intrigue est la noirceur des hommes. Je vous le recommande.

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« le vent avait tourné. C'en était fini de la douceur aryenne pour les camarades du peuple. On leur présentait l'addition pour toutes les erreurs commises en leur nom. Ils ressentaient à présent dans leur propre chair ce qu'était un pays en proie à la guerre totale. »

Les Berlinois sont sous les bombes des tommies. Les alertes se succèdent. Les immeubles s'effondrent les uns après les autres. Les habitants vivent terrés dans les caves. Avec parfois la perspective d'être ensevelis sous les décombres. Des quartiers entiers de Berlin ne sont plus que squelette. Les Russes sont aux portes de la ville. Avec l'appétit de vengeance de ce que leur a fait subir le Reich allemand depuis qu'il a trahi le pacte de non-agression en lançant l'opération Barbarossa.

C'est le décor de ce roman. Et il en est un personnage tant il est omniprésent dans l'intrigue. Car autant que les luttes intestines qui se font jour en cette fin de règne du régime nazi, ce décor d'apocalypse participe au climat de terreur entretenu par les derniers soubresauts du régime et l'arrivée des troupes russes.

Pour le reste, l'intrigue en elle-même met aux prises Rupert Haas, communiste allemand évadé du camp de Buchenwald avec ceux qui l'ont dénoncé et spolié. Plus que pour son propre sort il les pourchasse pour avoir été à l'origine de la perte de sa propre famille qu'il n'a pas pu protéger. La police criminelle est à ses trousses. Mais ses membres dont la plupart ont servi dans la Gestapo et la SS, tout en continuant à servir le régime à l'agonie, pensent déjà à s'exiler afin de se prémunir des règlements de compte qui ne manqueront de les concerner.

Ce roman bénéficie d'une traduction très efficace et réussie. le titre pourtant a perdu de son évocation. La traduction littérale de son titre allemand aurait pu être : celui qui reste a raison.

On a l'habitude de dire qu'à l'issue d'un conflit, la raison appartient au vainqueur. Une des forces de ce roman est de nous faire augurer à aucun moment du vainqueur de la lutte qui oppose ses protagonistes et son épilogue est surprenant. L'autre force de cet ouvrage est de nous imprégner du climat de terreur et de désarroi qui a pu écraser le petit peuple de Berlin pris en tenaille entre le funeste régime qui le terrorisera jusqu'au dernier jour avec la hargne de la bête blessée et le rouleau compresseur des alliés qui écrase Berlin sous les bombes et les obus.

Cet ouvrage écrit par deux historiens allemands est une réussite totale à mes yeux. L'intrigue s'intègre avec le plus grand succès dans un fonds historique qu'ils dominent et relatent avec une objectivité de bon aloi. C'est avec un réalisme émouvant que ces deux auteurs nous font vivre la fin de ce régime maudit en leur pays. Ce réalisme comporte avec pertinence la grande part de perversité qui était l'apanage de tous les servants zélés de ce régime. C'est en cela que le titre allemand a toute sa force d'évocation et que les auteurs nous laissent espérer un dénouement après le dénouement. Pour qu'il y ait enfin une justice sur cette terre.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Il allait traverser une rue calme quand son regard fut attiré par un kiosque sur lequel on avait placardé un nouvel avis à la population.[...]
Il sursauta et tourna la tête en entendant approcher brusquement un individu relativement âgé portant des vêtements de travail en coutil et qui se mit à lire le communiqué par-dessus son épaule. [...]
Il se plaça à côté de lui, battit un briquet qu'il approcha de l'affiche et de sa main gantée suivit les lignes imprimées.
- Quiconque, épela-t-il à haute voix, tentera d'échapper à ses devoirs envers la communauté, et plus particulièrement par lâcheté ou intérêt personnel, devra immédiatement rendre compte de ses actes et sera jugé avec la plus extrême sévérité afin que la défaillance d'un individu ne porte pas préjudice à l'ensemble du Reich.
L'inconnu étouffa la flamme de son briquet dans sa paume, se retourna et le regarda.
- Vous savez ce que ça veut dire ?
Croyant que l'homme n'avait pas compris ce qu'il venait de lire, il s'apprêtait à lui répondre, mais celui-ci le devança :
- Pour moi, c'est parfaitement clair : le Führer vient de déclarer la guerre au peuple allemand.
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Était-ce bien lui ? Venait-il de crier ? Dans un cimetière, devant la tombe de sa famille ? Ils allaient apprendre à le connaître, éprouver ce qu'il était devenu, ce qu'ils avaient fait de lui. Il essaya de mettre de l'ordre dans les noms, les visages qu'il avait en tête, mais il n'y parvenait pas. Il n'en savait pas encore assez, ignorait où ils se terraient, derrière quelles façades en ruine de cette ville à l'agonie ils se cachaient. Mais il les retrouverait, même si c'était la dernière chose qu'il ferait dans sa putain de vie. Il n'avait plus rien à perdre. Ruprecht Haas, l'épicier du coin, était mort depuis longtemps, ce n'était plus un être humain, et ce depuis bien plus longtemps qu'il ne se l'était avoué. Il en avait déjà eu le pressentiment quand la Frick lui avait parlé de la mort de sa famille. Mais ça ne lui était devenu vraiment évident qu'au moment où, avec le tranchant de cette pelle fichée dans le seau de sable, il lui avait ouvert le crâne jusqu'à ce qu'il explose avec un bruit d'air s'échappant d'une bouteille de limonade dont on a, du pouce, fait sauter le fermoir à ressort.
Il ne faisait plus partie de la communauté des humains. Il était devenu une bombe à retardement.
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Tu crois vraiment qu'après tout ce qui s'est passé, il suffit de travailler dans une fabrique de savon pour avoir les mains propres ? Tu crois ça, vraiment ? Qu'il suffit de dire : tout ce que j'ai fait, c'était de la merde, mais c'est terminé, je vais refaire un travail correct, et tout sera pardonné, et oublié.
Tu crois vraiment que ça marche comme ça ?
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Quiconque, épela-t-il à haute voix, tentera d'echapper à ses devoirs envers la communauté, et plus pariculierement par lâcheté ou intérêt personnel, devra immédiatement rendre compte de ses actes et sera jugé avec la plus extrême sévérité afin que tel défaillance d'un individu ne porte pas préjudice à l'ensemble du Reich.
L'inconnu étouffa la flamme de son briquet dans sa paume, se retourna et le regarda.
Vous savez ce que ça veut dire ?
Croyant que l'homme n'avait pas compris ce qu'il venait de lire, il s'apprêtait à lui répondre, mais celui-ci le devança :
Pour moi, c'est parfaitement clair : le Führer vient de déclarer la guerre au peuple allemand.
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- Je ne m'occupe pas de ça, Merit, je n'ai rien à voir avec ça...
Il secouait doucement la tête.
- Vous les tuez tous. L'an passé déjà, des milliers de Juifs ont été assassinés près de Kiev. Et maintenant, c'est au tour des Juifs de Berlin.
A présent encore, il revoyait la mine effrayée de Merit, ses lèvres pincées, les larmes qui coulaient lentement sur ses joues maigres, les gestes de colère avec lesquels elle éloignait les mèches rebelles de son front. Il n'avait su que répondre.
- Et toi? Toi, tu dis que ça ne te regarde pas, que tu n'es pas concerné, que tu ne t'en es pas occupé. Tu portes des oeillères ou tu es aveugle?
- Merit, je...
Il essaya de nouveau de la toucher, mais elle le repoussa violemment.
- Si tu ne fais pas partie personnellement des tueurs, tu leur ouvres la voie et tu les couvres. Il n'y a pas d'excuses. Tu l'as dit toi-même. Tu es un rouage d'une seule et même machine. Vous favorisez ces crimes.
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Vidéo de Richard Birkefeld
Richard Birkefeld et Göran Hachmeister - "Deux dans Berlin" et "Des hommes de tête" .Richard Birkefeld et Göran Hachmeister vous présentent "Deux dans Berlin" et "Des hommes de tête" aux éditions le Livre de poche. Traduit de l'allemand par Georges Sturm. http://www.mollat.com/livres/birkefeld-richard-deux-dans-berlin-9782253164807.html http://www.mollat.com/livres/birkefeld-richard-des-hommes-tete-9782253178989.html Notes de Musique : Jahzzar/Servants/06 Liar. Free Music Archive.
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