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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


Poet, poet, burning bright
In the stanzas of the night
What romantic coquetry
Could frame your fearful poetry ?

Quel homme étrange, que William Blake ! Prophète visionnaire, poète, artiste graveur...il n'est jamais allé à l'école (mis à part son apprentissage chez un graveur), il n'a pratiquement pas quitté Londres de sa vie, mais quel universalisme dans ses descriptions de la nature et l'âme humaine !

Son mariage avec Kate Boucher, femme sans éducation à qui il apprend à lire, écrire, dessiner et colorier ses gravures - et à qui il voue un amour simple et tendre - est tout à son image.

Tout comme ses procédés de gravure inhabituels - révélés par "l'esprit de son frère mort". Ses hallucinations commencent à l'âge de quatre ans, quand il aperçoit le visage de Dieu qui le regarde par la fenêtre, et elles ne le quittent plus. Il leur parle et les dessine. Influencé par la Bible (mais nullement par l'église comme institution), par l'art gothique et la philosophie de Swedenborg, il reste vraiment une figure "à part" parmi ses contemporains. Une grosse partie de son oeuvre est perdue, voire brûlée après sa mort, car finie entre les mains d'un "homme d'église".
Au diable, Mr. Tatham !

Tandis que ses livres "prophétiques" (The book of Urizen, The book of Los...) sont quasi incompréhensibles, "Le Mariage du Ciel et de l'Enfer" reste, pour moi, une des plus belles oeuvres de la période pré-romantique.
La "volonté libre" à l'état primitif est confrontée au monde avec ses lois "artificielles". Les démons de l'enfer représentent une force créatrice; les anges l'obéissance et l'esclavage. Mais les deux doivent se réconcilier, pour que la vie équilibrée et le progrès puissent exister. Je trouve aussi beaucoup d'humour et d'ironie dans ces lignes.

Dans les "Chants d'Innocence" et les "Chants d'Expérience" il y a une dualité - on ne peut pas les séparer - et les premiers prennent une dimension nouvelle après avoir lu les seconds. Il faut voir au moins la double page de "l'agneau" et du "tigre" dans sa gravure originale !
Blake ne parle pas "d'enfants", il parle "comme un enfant", dans tout son bonheur et sa béatitude. le petit agneau innocent trouve son antipode dans le tigre des "Chants d'Expérience", qui représente le force et le coeur corrompu.
Il y a une déception dans l'expérience, notre vie d'adultes nous arrache à nos bonheurs simples.
On se demande, avec Blake qui s'adresse au tigre
"Did he who made the lamb made thee ?"
Dieu serait-il un grand blagueur ?

Style presque primitive qui rappelle les "nursery rhymes" anglais. J'adore le style désuet de "thy", "thou"; les "&" de Blake ! Dans la traduction le charme se perd un peu...

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