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Critique de oblo


Aujourd'hui encore, le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) est le principal parti politique du Mexique, malgré l'ouverture du pluripartisme dans le pays depuis les années 1960. Ce parti fut fondé en 1929, soit presque vingt ans après le début de la révolution mexicaine, qui dura de 1910 à 1920.

Le roman de James Carlos Blake se focalise sur cet événement, dans lequel émergea une figure à l'aura légendaire : Pancho Villa. Ancien bandit devenu chef de guerre, il mena la lutte armée à travers des coups de main, des batailles et des prises de villes avant d'être obligé, privé d'hommes et de soutiens politiques, de renoncer à la guerre puis d'être assassiné dans une rue de Parral. Pour suivre le périple de cet homme, Blake choisit comme personnage principal une autre figure historique, Rodolfo Fierro, surnommé le Boucher pour sa capacité à tuer. Ce personnage, pour lequel il est difficile de ne pas éprouver de sympathie, fut l'un des plus proches compagnons de Pancho Villa, son homme de main impitoyable ainsi qu'un seigneur de guerre de confiance. Blake s'arrange avec la vérité historique : mort en 1915, Fierro continue de vivre dans le roman afin de suivre, jusqu'au bout, le parcours de Villa.

Épopée brutale et héroïque, le roman invite à interroger le sens du combat révolutionnaire. Quelle est donc cette révolution dont parlent les Villa, les Carranza, les Huerta, les Zapata ? S'agit-il de prendre la place des anciens maîtres et de jouir des mêmes privilèges ? S'agit-il de passer par les armes hommes, femmes et enfants et collectionner les massacres ? S'agit-il de légitimer la cruauté et l'horreur par la nécessaire redistribution des terres aux paysans ?

Les révolutionnaires seraient épris d'égalité et de liberté. Mais, comme l'indique Fierro, on ne combat pas pour devenir libre : on combat parce que l'on est libre. L'exercice de la violence devient alors l'indicateur du degré de liberté. A ce titre, Pancho Villa et sa troupe sont on ne peut plus libres. D'ailleurs, comment les qualifier ? Armée révolutionnaire ou cartel de bandits et de criminels ? Ils méconnaissent les absurdes lois de la guerre et exécutent les prisonniers, se vengent des traîtres en assassinant leurs familles, se terrent comme des bêtes aux heures les plus sombres.

Et pourtant, on comprend ces hommes, leur exaltation à être ainsi libres, à être ainsi redoutés, à mettre en jeu leur vie jour après jour. Qu'elle soit réalisée au nom d'idéaux ou non, cette aventure est celle d'une époque révolue où l'on galopait à travers les déserts, où l'on festoyait avec force enchiladas et mezcal, où l'on dégaine à vive allure pour faire respecter le nom et le chef.

Les amis de Pancho Villa tâche de retrouver l'esprit de ces années où la folie et l'idéal étaient intimement liés. Blake, avec une écriture posée et bien structurée, rend compréhensible cette période et tisse les liens et les ruptures politiques et personnels qui unissent ou déchirent tous ces hommes aux carrures dignes de l'Etat. le roman est fort, dense, grisant à certains égards et donne un (trop court) aperçu de la riche histoire du Mexique.
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