Ma cellule
Une pièce aux murs nus et dont l'aspect vous glace
Un lit, une paillasse ou l'on dort par besoin
Comme distraction, des punaises en masse
Un lavabo au mur, les W.C. dans un coin
Quatre mètres sur deux et des murs de Bastille
Les meubles y sont fixes et le linge grossier.
La croisée haut placée est close d'une grille
Une nuée de gardiens rôde dans l'escalier.
Ou donc est le printemps, l'air, la verdure
Liberté que l'on aime que quand on ne l'a plus
Il me faut aujourd'hui reposer sur la dure
Je regrette fort tous mes beaux jours perdus.
Je suis jeune en entrant, sortirai-je de même
M'en irai-je gracié, condamné ou mort
Après avoir gâché le bel âge ou l'on aime
Sortirai-je d'ici comme un vieillard en sort.
[poème écrit par un détenu de la Petite Roquette, 1910 - p38]
Chercher à voir ce qu'il y a de bon dans les enfants qui vous sont confiés. [...] Si vous n'avez d'yeux que pour les défauts, les travers, les imperfections et les fautes, vous risquez de décourager très vite les enfants. Vous leur donnez en second lieu l'impression qu'elles seront aussi bien méprisées dans cette maison que dehors. [...] En ne faisant que détruire et abattre, on ne fait rien pousser.
[Euphrasie Pelletier - p 58]
Écrire l'histoire de la justice des enfants, c'est donc renoncer à raconter une histoire linéaire, évolutive et progressiste. L'histoire de la justice des mineurs est faite de volontés contraires, contrariées, de prises de conscience successives parfois contradictoires. Elle oscille souvent entre coercition et protection, prévention, répression et éducation, au gré de politiques et de considérations variées.
[p10]